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Auteur/autrice : Romain

Les petits arrangements tarifaires du RER

Non, ce n’est pas pour parler des intempéries que je rédige ce billet ni pour hurler après le conseil merveilleux de la SNCF pendant l’épisode neigeux (« Ne vous rendez pas à Paris »). En fait, j’écris ce post car depuis que je suis à Paris, je suis en colère après les tarifs de la STIF (ceux qui gèrent les métros et les RER)

L’injustice ne m’a finalement frappé qu’après mon départ de Paris, pour habiter de l’autre côté du périphérique, à proximité d’une ligne de RER plutôt que d’une ligne de métro. Oui, il faut savoir qu’un appartement à côté d’une ligne de RER coûte 20 à 30% de moins que le même, dans une zone parfois plus sinistre encore, MAIS à côté d’un métro.

La distinction entre RER et métro n’étant pas évidente pour tout le monde, voici en gros ce qu’on peut en dire :

– le RER (réseau express régional) s’aventure plus loin de Paris que le métro
– le RER est tarifé par zone (1 : Paris, 2 : petite couronne, 3 : grande couronne, 4 : Amazonie, etc.)
– le RER est moins fréquent que le métro
– le RER ne s’arrête pas à toutes les gares
– le RER est moins fiable que le métro
– le RER s’arrête au plus tard à 1 heure du matin quand le métro fonctionne jusqu’à 2 heures les vendredis et samedis soir

En gros, le RER, c’est moins bien, c’est plus cher, mais ça va plus loin que le métro. Mais, chose amusante (enfin, c’est à voir), le métro ne s’arrête pas aux portes de Paris et dessert des gares au-delà du périph. Et dans cette zone opaque, on peut considérer que le RER est plus coûteux que le métro, pour un service moindre.

Ainsi, amusons-nous à regarder cette magnifique carte (et en cliquant dessus, elle s’agrandira comme par magie) :

Rat rer 830

Voyez la drôlerie. Pour aller de Cité Universitaire à Gentilly (1,4 km), il vous en coûte 2,60 euros (c’est le RER B). Ah oui, mais mon bon ami, vous traversez le périphérique, c’est QUAND MÊME un truc de dément. En plus, bon, parce que c’est plus rigolo, seuls 2 RER sur 3 s’y arrêtent (alors que sur la ligne A du RER, tous les trains s’arrêtent dans les stations justes après Paris comme La Défense, Nanterre ou Vincennes). Le soir, on peut l’attendre jusqu’à 15 minutes quand tout va bien.

En revanche, pour aller de la porte de Vincennes à Créteil Pointe du Lac (11,1 km), comptez 1,70 euros et à ce prix là, tous les métros s’arrêtent à toutes les stations, et en plus vous avez du rab jusqu’à deux heures du matin les vendredis et samedis soirs.

Marrant, non ?

Il vous en coûte pareil de la porte de Vanves à Chatillon Montrouge (3 km) ou de porte Maillot à La Défense (4 km).

Cette dernière destination a une autre petite particularité, elle peut vous coûter 2,60 euros ou 1,70 euros. C’est selon. Si vous prenez le métro, c’est 1,70 euros, si vous prenez le RER, c’est 2,60 euros. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. Je m’étais fait avoir au début de mon arrivée à Paris (et je ne suis pas le seul, je pense) et j’avais envoyé un courrier (ou un mail) à l’époque à la STIF sur ce sujet. La réponse m’expliquait qu’il ne fallait pas voir ça comme une «injustice du RER», mais comme un «avantage du métro». Le ton de cette réponse, d’ailleurs, m’avait laissé pantois, à la limite de la bordée d’injures…

Car, outre une tarification aberrante, l’autre talent de la STIF, c’est de vous prendre pour de la merde. Là où toutes sociétés privées vous brossent dans le sens du poil, la STIF n’en a rien à foutre. Si elle vous répond, c’est pour vous engueuler.

La seule autre fois où j’ai envoyé un mail à la STIF, c’était pendant un été où les travaux du RER C bloquaient la ligne pour deux mois dans Paris. J’avais demandé puisque ça rallongeait mon trajet s’il y avait une ristourne sur l’abonnement mensuel du coup. Que n’avais-je OSÉ réclamer ! La réponse a été directe et cinglante : « Monsieur, ces travaux, on les fait POUR VOUS, alors nous n’avons certainement pas à vous déduire QUOI QUE CE SOIT, petit enfoiré de merde. C’est tout de même incroyable que les usagers n’arrêtent pas de RÉCLAMER tout le temps, nous sommes les Dieux du transport en commun, vous nous devez offrandes et prières ». Je paraphrase, mais c’était dans l’esprit.

Du coup, je n’ose plus rien dire. Quand on vient me voir et qu’on n’a pas de passe Navigo, il faut débourser 0,90 euros de plus pour faire un kilomètre au-delà du périph. Et c’est comme ça et tu fermes ta gueule gros connard.

César pas classe

Les Mayas s’étaient plantés. La fin du monde, c’était le 22 février, à la 38e cérémonie des César. En tout cas, la fin du monde du cinéma français. Dans un Théâtre du Châtelet artificiellement rempli avec des SDF de la station Hotel de Ville, on a assisté et constaté la disparition inexorable des stars du paysage cinématographique français. Cette cérémonie, c’était la prise de la Bastille des « talents » de Canal+. Des talents poussifs (« Je vais vous refaire le même sketch que l’année dernière »), sans imagination (« Et si je faisais semblant de parler dans un téléphone »), rejouant inexorablement leur rôle (« J’ai des ORIGINES, moi, monsieur »), insistant une énième fois sur leur intégration incroyable (« On vient de Trappes, quand on allait à Châtelet, ce n’était pas pour aller au théâtre ») qui semble plus relever du cas d’école que de la norme, et refusant aux autres leur quart d’heure de gloire (le césarisé pour le son qui a eu le droit à des tours de trottinette pendant son speech sur les coproductions européennes ; la meilleure actrice dans un second rôle, Valérie Benguigui, qui a eu le droit au coup de fil du « président de la cérémonie » [*] ; Omar qui se moque du speech d’Isabelle Carré). C’était tellement peu drôle que sur le site de Canal+, ils ont même identifié cette dernière séquence d’un énorme « HUMOUR AUX CÉSAR » :

Humour

Mais le pire, c’est qu’il n’y avait personne. Pas une vraie star d’envergure à l’horizon. Toutes retenues ailleurs, lassées d’entendre les blagues fallacieuses d’un Antoine de Caunes mal inspiré (dont l’auteur des blagues a même reçu un césar, c’est dire comme cela renforce le sentiment inexorable de copinage qu’une telle cérémonie engendre). Non, on a eu le droit à un festival de célébrités en devenir (Manu Payet, je l’aime bien, mais de là à être présenté comme « celui qui n’a pas pris la grosse tête avec la gloire », c’est peut-être un poil trop), poussant des coudes et rayant le parquet dans un décor franchement mal fagoté. Regardez les câbles à droite et à gauche des pupitres scotchés à la va-vite que tout le monde devait enjamber (avec plus ou moins de bonheur).

Cable

Parlant de technique, le moment où Vincent Trintignant appelle son père était probablement le climax de la soirée :

Allo Papa ?

Un message enregistré auparavant n’aurait pas pu avoir meilleur effet. Bref, c’était digne des directs de la Star Ac sur NRJ12. Sauf que bon, c’est Canal+, alors c’est Louboutin qui a refilé les godasses :

Je viens de Trappes, mais j'ai des Louboutins, BITCH

Et même pas des neuves, des vieilles tout usées. Quand je vous dis que c’est une sous-cérémonie embarrassante et soporifique… Pas vrai, Kevin ?

Kevin

(*) Quand on pense qu’on s’insurge en France du décompte qu’ont les stars américaines aux Oscars pour ne pas être trop longues, c’est pourtant un peu moins humiliant que ça :

HUMOUR

Old habits never die

Il y a 4000 ans, environ, j’écrivais pour le web. Du temps des blogs, du temps où les gens lisaient les blogs, du temps où internet signifiait autre chose que le LOL et les vidéos de chats. Bref, un monde merveilleux que le monde a oublié. Aujourd’hui, c’est une civilisation perdue et en exhumant de vieux mails à la manière des archéologues, j’ai retrouvé un article écrit pour Fluctuat.net, un magazine « en ligne » qui s’est fait racheté successivement par Doctissimo puis Lagardère et qui aujourd’hui est intégré à Première. Un article que je n’ai pas écrit, mais qui était constitué de petites images légendées. En effet, chaque semaine, on proposait aux lecteurs une photo tirée d’une série et ils nous proposaient des bulles à rajouter. Au bout de 100 épisodes de cette série, on avait fait une sélection des meilleures. C’est ce que j’ai retrouvé et c’est ce que je vais partager, parce que ouais, aucune honte. Et ça me fera un souvenir pour quand je serai vieux et que les octets de ma mémoire seront comme une carte SD trop souvent formatée.

Et mes favorites :

Hipster la tête

Réflexion faite, ce post, je l’ai cogité pas mal de temps, de semaines et tout ça, mais en fait, je me rappelle plus de comment je voulais commencer, comment j’allais développer mon idée et où j’allais m’arrêter. Et quel dommage, pourtant, car tout était écrit, finement ciselé dans mon esprit à l’instant où j’ai eu envie d’écrire.

Mais non.

Le cerveau a ses voies que la raison ignore.

Le mien adore me donner plein d’idées et me raconter de multiples anecdotes savoureuses, plus hilarantes et magistralement racontées les unes que les autres, avec des bons mots en veux-tu en voilà. C’est comme si il y avait une carcasse de dindon et que mes neurones étaient autant de fourmis rouges qui rongeaient les os de la dépouille en moins d’une minute. Comme dans les documentaires animaliers avec la voix de Pierre Arditi qui dit : « en quelques secondes, la carcasse disparaît sous les mandibules féroces de ces redoutables guerrières. Un festin royal dont il ne restera rien ! ».

Antz

Et puis la minute d’après, quand je vais me décider à raconter ces délicieux moments d’humour, ou tout simplement si on me demande d’avoir une idée, mais concrètement, alors là, et c’est systématique, mon cerveau est très clair :

Calme

Parfois pour m’agacer encore plus, j’ai le droit en fond sonore à « Call me maybe » de l’autre pouilleuse du Colorado qui j’espère s’étouffera rapidement dans son vomi.

Bref. Tout ça pour dire.

Ce blog a vu le jour le 20 mai 2005. Nous sommes le 8 septembre 2012. 648 articles publiés. Ce qui nous fait en moyenne sept ans et un article tous les quatre jours. Et même pas dix depuis 2012. À cela deux raisons : d’abord, le temps, ensuite les idées. Et puis mes plus nombreux lecteurs sont dorénavant mes collègues de bureau. Or, l’anonymat me manque singulièrement. Surtout depuis que des militaires veulent me massacrer à cause de ma chronique de Forces spéciales.

Et puis, en relisant l’autre jour mon contrat de travail, j’ai découvert ce paragraphe pour le moins ridicule (qui m’a rappelé celui de Fluctuat où j’étais informé que ma prose leur était réservée « dans l’univers entier ») :

Contrat

Toute mon activité et tous mes soins doivent être consacrés à la gloire du JOURNAL qui m’a engagé. Ce jour-là, j’ai un peu été en panique. Comme j’écris souvent de la merde, je me suis demandé si je pouvais aller faire caca où si ça relevait d’une activité professionnelle anonyme et par conséquent interdite sans l’accord de ma direction générale. Je suis allé la voir.

« Ma qué bien sour vous pouvez aller à lé toilettes ! », m’a-t-on répondu.

ALERTE ALERTE ALERTE
EXPLICATION DE BLAGUE
J’ai écrit ci-dessus : « Comme j’écris souvent de la merde ». C’était pour la blague. Je ne considère pas du tout que j’écrive de la merde. Je préfère tout de suite l’expliquer, parce que sinon, on va encore croire que je suis sérieux.
/EXPLICATION DE BLAGUE
/ALERTE /ALERTE /ALERTE

Voilà. La raison pour laquelle j’ai une sévère envie de déserter ce blog, c’est ce qui vient de se passer. J’écris une bêtise et paf, je suis obligé de m’interrompre moi-même pour expliquer que c’était une blague. C’est un peu gavant à force.

Alors, je me dis qu’après tout ce temps, peut-être qu’artypop a vécu. Sept ans, c’est peu pour un blog, c’est beaucoup pour un humain. Peut-être faut-il s’en aller. En rouvrir un autre ailleurs, recommencer à se marrer dans l’ombre, juste pour moi. Et continue de saccager l’ordre mondial (qui, malgré la crise, continue) à coups de petits octets cinglants et rageurs.

Le seul truc qui me fait chier, c’est que je n’ai toujours pas terminé de résumer Wagner.

Le goût de la victoire

J’ai gagné, les mecs. Et franchement j’y croyais pas.

J’vous raconte.

Tout commence au départ par mon prêt pour acheter mon appart.

Long story short, je change de banque.

TADAM

Après six mois, je me décide enfin à fermer mon compte à la HSBC qui me coûte tout de même 8 euros par mois. Reste sur le compte 75,87 euros. J’appelle la HSBC, bonjour Monsieur, bonjour HSBC, j’veux fermer mon compte, bien sûr monsieur, comment que je récupère mon fric, bah euh… L’idée, c’est qu’on va à la banque, on leur dit : « Fermez mon compte » et paf ! Ils te filent ton fric.

J’vais donc à la HSBC (ça fait un peu L’amour est dans le pré mes abréviations, j’arrête). Je vais donc à la HSBC qui me dit :
« bien sûr monsieur, mais on a un problème.
– De quel ordre est-il ?
– On n’a pas de caisse.
– C’est pas de pot.
– Oui, donc, on peut donner que des billets, pas de monnaie.
– Et ?
– Bah on peut donner 75 euros, mais pas 87 centimes.
– Ah, c’est pas de bol.
– Non, ce sont des centimes.
– Alors on fait quoi ?
– On peut vous virer le reliquat sur votre nouveau compte.
– Ah bah oui, on peut faire ça.
– C’est quoi votre compte ?
– C’est ça.
– Ok, très bien.
– Considérez que c’est fait.
– Merci, madame HSBC. »

Trois semaines plus tard, enfin, l’argent est versé. 72,12 euros. « WTF », m’écris-je intérieurement, « c’est quoi ce manque à gagner de 3,75 euros, je vais pas me laisser faire ». Je parcours la brochure commerciale : il s’agit de frais de virement sur un autre compte.

Mon sang ne fait qu’un tour, je saisis ma plus belle plume et rédige une lettre particulièrement remontée :

Objet : Erreur lors d’une fermeture de compte

Madame, Monsieur,

J’ai été pendant plusieurs années à la HSBC, j’ai quitté votre banque dans le cadre d’un projet immobilier plus intéressant ailleurs.

J’ai donc demandé la fermeture de mon compte courant n°0091XXXX. Celui-ci était créditeur le jour de la fermeture du compte de 75,87 euros. Le compte a été fermé début juillet, et trois semaines plus tard, mon nouveau compte a été crédité d’un montant de 72,12 euros. Soit 3,75 euros de moins que ce qu’il y avait sur mon compte le jour de sa fermeture.

Or, lorsque j’ai demandé la fermeture du compte, il m’a bien été précisé qu’il n’y avait aucuns frais de clôture. D’où ma surprise. Pourquoi 3,75 euros se sont-ils perdus dans la nature ?

Une seule conclusion me semble possible : une erreur de vos services qui se sont malencontreusement trompés.

Je vous saurais donc gré de virer les 3,75 euros manquant sur mon nouveau compte en banque :
Merci par avance.

Précision : merci de ne pas me répondre qu’il s’agit de « frais de virement », car j’ai voulu récupérer la somme directement chez vous, où on m’a répondu qu’en raison des « 0,87 cts d’euros », on ne pouvait pas me donner la somme en liquide : « la banque ne dispose pas de caisse » m’a-t-on dit. Le virement était l’unique solution. Je n’ai pas à payer pour les choix politiques de votre société.

Un fax, une lettre, deux fax, deux lettres où j’explique que j’apparente cette facturation à du vol et que je suis prêt à dépenser plusieurs centaines d’euros pour obtenir gain de cause. L’emmerdeur.

Pas de réponse. Et deux semaines plus tard, sur mon mail, je reçois la réponse de ma banque :

Cher Monsieur,

Par votre courrier du 09/08/2012, vous exprimez votre mécontentement face à la facturation des 3,75 euros pour le virement que nous avons effectué suite à la fermeture de votre compte.

HSBC met à la disposition de toutes ses agences et de ses clients, une plaquette des frais que nous appliquons.

Il ne s’agit donc pas « d’un vol » comme vous le stipulez dans votre courrier, car nous vous avons envoyé un relevé détaillé suite à ce virement.

Concernant votre demande de retrait: en effet, l’agence ne possédant pas de « caisses », ceci était la seule solution.

De plus, je tiens à préciser que cette facturation n’est pas liée à votre clôture de compte, mais à un virement effectué vers une banque autre que HSBC.

Par conséquent, nous regrettons de devoir vous informer que nous ne pouvons vous rembourser ces frais, s’agissant d’une facturation dont nous vous tenons informée dans nos plaquettes, sur notre site internet ou encore dans les relevés envoyés.

Nous vous prions de croire, Monsieur, en l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Cordialement

Mon sang fait deux tours.

Et je réponds, parce que je suis joueur :

Madame, messieurs.

Non, le virement n’était pas la seule solution.

Vous auriez pu me proposer de me faire un chèque à moi-même que j’aurais encaissé dans ma nouvelle banque. Bien sûr, on a oublié de m’en parler. Or, vous m’avez demandé l’intégralité de mes moyens de paiement le jour même de mon passage en agence, ce qui m’a empêché de procéder à cette opération.

Ce n’est pas honnête, c’est tout.

De plus, excusez-moi de ne pas connaître l’intégralité de vos tarifs en vigueur. Votre plaquette fait 19 pages, j’ai d’autres choses à faire de ma vie (par exemple, vous envoyez des courriers) que de les apprendre par cœur. La personne à l’accueil le jour de la fermeture de mon compte aurait pu, me semble-t-il, me le préciser à nouveau.

Tiens. Je vous propose un petit jeu. Fermez votre plaquette et dites-moi à combien s’élèvent les frais facturés par la HSBC dans le cadre d’un ordre supérieur à 1 500 euros, mais inférieur à 2 350 euros passés sur Internet quand on possède un forfait HSBC Invest ? Vous avez 30 secondes de réflexion (1).

Mais, ce n’est pas qu’il y ait 3,75 euros de frais de virement de votre banque vers une autre qui me dérange (même si, à mon sens, cette facturation est prohibitive), c’est qu’il m’ait été obligé d’avoir recours à cette méthode pour fermer mon compte.

Et, de fait, si le virement, comme vous l’écrivez ci-dessous, est « la seule solution » lorsqu’on ferme son compte, ces frais de virements sont donc des frais induits par toute fermeture de compte !

Comme je ne savais pas que vous me répondriez, j’ai renvoyé hier un courrier à mon conseiller, au directeur de l’agence et également un courrier de réclamation à la direction générale de la HSBC, sise avenue des Champs Élysées.

Et, je pense que le temps que je vous fais perdre à me répondre coûte bien plus à la HSBC que les 3,75 euros que je réclame.

Avec toute ma considération,

Romain

(1) 0,64% du montant de l’ordre.

J’étais chaud bouillant. Autant dire que ma considération, ils pouvaient se la mettre dans le cul.

Deux jours plus tard je reçois ce courrier de consécration. Que dis-je ! La victoire des petites gens sur les grands de la Finance Internationale. Quelque part, j’ai fait tomber Madoff ! Et j’imaginais intérieurement le directeur de l’agence fulminer dans son bureau rien qu’à l’idée de devoir payer à ce connard de Romain 3,75 euros.

5dtlz

Moralité : faites chier vos banques.

J’ai – je le reconnais – jubilé. Et ce n’est pas Elizabeth qui me dira le contraire.

Les Grandes erreurs du marketing (15) : le packaging

Amis du bon goût, bienvenue ! La semaine dernière (c’était pas du tout la semaine dernière, c’était il y a une éternité maintenant et en plus j’ai déjà posté la photo sur Twitter, mais je pense qu’il est nécessaire que j’en fasse un article pour ce blog moribond), j’ai acheté du thé. Oui, je vous vois venir : « on s’en fout », criez-vous derrière votre ordinateur alors que vous buvez un Benco avarié. Et bien, dans ce cas, coupez le son de ce blog ! Oui, allez-y ! Pas de quoi avoir peur ! Vous savez : le monde ne s’écroulera pas(*).

Bref, donc, pour ceux qui sont restés, j’ai acheté une boîte de thé au Carrefour Market en face du boulot (où — miracle sur la 42e rue — je n’ai toujours pas été viré). Je la trouvais bizarre cette boîte, son packaging ne me semblait pas correspondre à la promesse que j’attends d’une boîte de thé, mais c’était du Tetley avec les sachets à tirettes qui permettent de vider toute l’eau du filtre et c’est quand même bien pratique. Du coup, malgré ma réticence à l’acheter, j’ai quand même craqué.

Revenu au bureau, j’ai mis la boîte de Tetley sur le rebord de mon bureau, histoire de voir ce qui allait se passer. Est-ce que j’étais le seul à m’être fait des idées ou bien y avait-il de la part de TATA (la firme qui commercialise le thé Tetley) une véritable bourde de packaging ?

Tetley

Ça n’a pas raté : deux personnes sur trois sont venues me demander pourquoi j’avais acheté des tampons périodiques. Et il faut reconnaître qu’on peut facilement s’y tromper :

Tampax

J’imagine comment ils en sont arrivés à cette merveilleuse idée :

– Bon, les mecs, faut plancher sur le nouveau packaging de notre boîte de thé.
– Ouééééé !
– Alors, le thé c’est une boisson de… ?
– GONZESSES !
– Ouééééé !
– Pas con !
– Carrément !
– Les mecs y boivent du CAFÉ !
– Et de la bière !
– Ouééééé !
– Bon, et qu’est-ce qu’elles aiment les gonzesses ?
– …
– …
– Le thé ?
– Maurice, t’es con.
– Les tampons hygiéniques ?
– Elles… aiment ?
– En tout cas, elles en achètent !
– Pas con…
– Donc, si… on fait une boîte…
– Comme celle des tampons…
– Peut-être qu’elles auront l’impression…
– Que c’est pour elles ?
– Carrément !
– Et en plus, si ça se trouve, elles croiront acheter des tampons !
– Et on double nos parts de marché !
– LA CLASSE !
– TROP FORT !
– Ok et sur la boîte, à côté de notre pictogramme de la tirette, on met en gros : « EXTRA ABSORBANT ».

Bravo les gars. C’est très réussi.

(*) sauf si vous lisez ce post le 21 décembre 2012, là, je ne garantis rien.

Déménagement en enfer

La première décision à prendre lorsqu’un déménagement se profile à l’horizon c’est de savoir si on va tanner une fois de plus ses potes pour descendre du troisième étage la machine à laver et sécher le linge, celle qui pèse quatre tonnes et demie, qu’on s’est offert avec son premier salaire afin de sortir enfin de la condition infamante de l’être humain qui amène ses vêtements au Lavomatic de la rue de Charenton ou Dugommier, suivant l’endroit où il habite dans le douzième arrondissement de Paris.

Dieu sait que j’ai sollicité plus d’une fois les bonnes volontés – tout comme elles m’ont sollicité – pour remplir un camion Europcar à moins d’un euro / jour comme le promet la pub, sauf que le jour où on le loue c’est 99 euros la demi-heure (et l’essence n’est pas comprise), avec des caisses de DVD jamais vus, de livres jamais lus, de CD jamais écoutés et une vaisselle innombrable qui n’a jamais vu la trace d’un moindre aliment.

Cette fois-ci, je m’étais imposé une contrainte : trouver dans la somme d’argent considérable que la banque comptait me prêter pour financer mon achat un fonds de soutien à la survie du petit artisanat, à savoir trouver de quoi payer un déménageur. 800 euros sur 130 000, ça devait être jouable quand même.

Ni une, ni deux, mon petit cœur ballant et moi nous sommes mis à la recherche du meilleur rapport qualité-prix et pour ce faire, j’ai appelé les seuls amis que je connaisse qui ne fussent jamais assez fortunés pour se payer le luxe de recourir au service d’un déménageur. Et voici qu’il me conseille Machin qui vient, qui est super sympa, mais qui ne transporte pas les pianos. Or, de piano, il y en a un, et je n’ai pas l’intention de le porter en raison de ma discopathie L5-S1 – Touché, il a encore coulé mon porte-avions – et de son poids.

Finalement, je me rends sur internet pour trouver un déménageur prêt à tout faire en deux temps trois mouvements.

Et je tombe sur la société Niagara Déménagement (en fait, ce n’est pas Niagara, ce sont d’autres chutes fort célèbres). J’appelle et rendez-vous est pris avec M’sieur Guéridon, commercial de son état, speed de nature, qui – hop, hop, hop – estime à 20 le cubage à la louche. La négo commence, et j’arrive à 1100 euros pour le transport du bazar avec le piano. On discute sur le « portage », opération qui consiste à estimer le nombre de mètres que les déménageurs doivent parcourir pour se rendre depuis le logement jusqu’au camion, je l’informe qu’il y a un ascenseur, mais que le piano ne rentre pas dedans. « Pas de problème, monsieur, on part sur une base formule éco, ça vous fait 1096 euros parce qu’aujourd’hui, on fait promo sur les cartons donc je vous les compte pas », « c’est bien aimable à vous », que j’y réponds.

En une petite demi-heure, l’affaire est bouclée, il s’en va dans sa petite Twingo avec mon joli chèque de 30% à la commande. Et ne reste plus qu’à attendre.

Le 2 avril, trois semaines plus tard, c’est le grand jour, tout est dans les cartons. J’avais appelé trois fois Guéridon, mais d’un coup, depuis qu’on avait conclu le biz, je le sentais lointain, plus le pote à la vie à la mort du jour de la signature. J’y demande : « Alors, faut que j’emballe les meubles qui rentre pas dans les cartons que vous m’avez donné ? » « Non, les déménageurs s’en occuperont », qu’il me dit, histoire de me rassurer.

Ok, ok.

7h00.

On sonne à la porte.

C’est Mamar. Il n’a pas inventé le fil à couper le beurre, en même temps, ce n’est pas pour ses compétences intellectuelles qu’il est ici. Un dialogue d’une haute portée philosophique s’installe entre nous :

– Bonjour m’sieur, on est les déménageurs.
– Sans blague. Vous êtes tout seul ?
– Ah, ah. Non, mes collègues sont dans le camion, mais moi, j’ai pris le métro, je suis arrivé avant eux du coup.
– D’accord.
– Alors, y a quoi à prendre ?
– Bah… Tout ce qu’il y a dans l’appartement.
– Ah oui, très bien. Je peux utiliser vos toilettes ?
– Oui, ils sont là.
– Merci, m’sieur.

Dix minutes plus tard, la chasse d’eau est tirée et l’homme en sort avec un air soulagé (tandis que dans les chiottes, l’air est chargé).

Bon, bon, bon…

Une demi-heure passe.

– Ils ne vont pas arriver vos collègues ?
– Si, mais y a de la circulation.
– En même temps, c’est souvent comme ça à Paris, le matin.
– C’est ça le piano qu’on doit prendre ?
– Oui.
– Et, comment que je veux dire, y a un ascenseur ?
– Oui, mais le piano ne rentre pas dedans.
– Vous êtes sûr ?
– Je crois oui.
– Vous n’êtes pas vraiment un spécialiste.
– Non, mais vu qu’il ne supporte qu’une charge de 250 kilos et que le piano en pèse 300, je pense que ce n’est pas la bonne idée d’essayer.
– On verra.
– Vous verrez.
– Bon, je vais commencer à sortir les cartons.
– Bonne idée. J’ai un diable si vous voulez.
– Un diable ? Ah non, on fait tout à la main, nous. On bosse pas pour Darty ! (il rit)

Ça doit être une blague de déménageurs.

– Comme vous voulez. C’était juste pour vous dire.
– Faites le voir quand même.

Et le voilà qu’il sort trois cartons par trois cartons grâce à mon super diable quand ENFIN ses collègues arrivent.

Là, donc, faut imaginer, le premier qui était là, Mamar, c’est une grosse boule, grosse masse, petit cerveau. Le second qui arrive ressemble à un champion de kickboxing, c’est le chef. Et il est boxeur. Le troisième larron, c’est le professeur. Lui, il est sec comme un haricot et a des lunettes. Voici donc mon équipe de choc de déménageurs. Et là, l’enculage commence en profondeur : d’abord on lubrifie, ensuite on pousse la merde.

– Salut ma couille, tu bosses pour Darty ?, dit le boxeur à La Boule qui continue ses allers / retours avec mon diable. (Tous rient)
– Ah, t’es con. Voilà, c’est le m’sieur qu’on déménage, mais attends, c’est Guéridon qui a fait le deal.
– P’tain, Guéridon, c’est un vrai connard.
– Il a dit qu’il y avait 20 m3.
– Jamais de la vie. Y a au moins 5 m3 de plus.

J’interviens :
– Il y a le piano aussi.
– Ah non, le piano, on nous l’avait pas dit, me répond le chef boxeur.
– Bah euh si. C’est marqué sur mon devis.
– Oui, mais on doit le monter par l’ascenseur.
– Bah, je ne crois pas qu’il va rentrer dedans.
– Ah, je vais me le faire ce Guéridon. C’est vraiment un connard de première. Il veut l’affaire, il brade le prix et après c’est à nous de galérer pour rien.
– Euh…
– Il vous a dit que ça coûterait combien ?
– 1096 euros.
– L’enfoiré. Et en plus, il y a du portage.
– Je sais, mais il l’a écrit : 30 mètres au départ, 40 mètres au retour.
– Moi, on m’a rien dit.
– Mais sur mon devis, c’est écrit.
– Non, mais ça n’a pas de valeur, ce devis.
– Ah.

Une certaine vague de chaleur commence à me monter sur le bord de la figure. Tandis que je discute avec le patron, les autres s’activent pour commencer à ranger le camion. Quand soudain, un meuble les interpelle.

– Mais, vous l’avez pas protégé, le meuble là ?
– Bah non. (Et j’ajoute d’une voix presqu’éteinte) Guéridon m’a dit que vous vous en chargiez.
– Mais vous savez, c’est la formule éco que vous avez prise. Nous, on prend les cartons et on les jette dans le camion. Bon, allez, comme vous avez été sympa avec Mamar, je vous l’emballe, mais ça coûte au moins deux fois plus cher.
– Juste pour un meuble ?
– Oui. Mais franchement, là, y a un souci. On nous avait pas prévenus du piano et du portage et le cubage est plus élevé qu’il n’a été estimé.
– Et ça se passe comment, alors ?
– Je vais vous expliquer : moi, si y a un truc qui n’est pas comme on m’a dit, je dois appeler mon patron, mais alors il vous charge très très cher.

Ok. Donc, il va falloir rallonger la sauce. Je suis de mauvaise humeur intérieurement, mais je ne sais pas trop comment m’y prendre pour que le déménagement se passe bien et que je n’y perde pas la moitié de mon mobilier.

– Mais je ne veux pas payer plus.
– C’est comme ça, me dit Mamar « la Boule », c’est la faute à Guéridon.
– Non, mais laisse tomber, ma caille, Guéridon, j’vé m’le faire, reprend le boxeur, sa litanie favorite semble-t-il, en même temps qu’il tape son poing dans sa paume opposée.

J’ai super chaud. Et pourtant, je ne bouge pas.

– Non, mais, c’qu’on peut faire, comme Mamar, il m’a dit que vous étiez sympa, c’est s’arranger entre nous, voyez.

Je vois super bien.

À ce moment de l’histoire, il convient de préciser que dans un élan de générosité, j’avais prévu 60 euros de remerciements aux déménageurs.

– Donc, votre piano, là, vous savez combien ça coûte de le transporter tout seul ?
– Bah oui, je sais, j’ai un transporteur pour le piano d’habitude, c’est 300 euros en gros.
– Voilà, c’est 300 euros. Minimum.
– Mais, moi, il est marqué sur le devis, le piano, je vais pas le repayer !
– Non, mais le devis, c’est de la merde. Vous voulez que le déménagement se passe bien, non ? En plus, on a emballé un meuble, et ça c’est la formule luxe et vous avez payer que l’éco.
– Oui, bon, mais je veux bien vous donner un peu, mais je n’ai pas grand chose.
– Combien vous pouvez ?
– Euh… 150 euros ?

Ça me semblait déjà totalement déraisonnable, mais puisqu’ils avaient emballé un meuble…

– Mamar, dit le boxeur, le monsieur il nous insulte, là. Il veut nous donner 150 euros.

Puis il se retourne vers moi.

– Je veux que vous compreniez que c’est pas pour moi, on va partager ça à trois. C’est pas un arrangement entre moi et vous, vous comprenez ?
– Je comprends, oui, oui.

Mamar « La Boule » répond au boxeur, l’air écœuré :

– C’est toi le chef, tu décides si c’est assez.

Le chef se retourne vers moi et j’en mène pas des masses au milieu des cartons. Tous les scénarios passent dans ma tête : ils cassent mes affaires, ils partent avec, ils reviennent fracturer mon appartement – c’est facile, ils savent où j’habite -, eh merde, pourquoi je me fais toujours baiser par la terre entière ? Mon ancêtre, c’est pas homo sapiens, c’est homo credulus, ça fait chier à la fin.

Je tente un timide : « 200 ? »

Ça calme la bête qui était déjà en train de monter sur le ring pour m’exploser le beignet.

– Ok, les gars, on termine, conclut le chef.

Rapide calcul dans ma tête : c’est quasi 20% de plus que ce que je devais payer.

– Vous m’excuserez, je dois aller au distributeur bancaire.
– Comme vous voudrez, m’sieur.

J’hésite à appeler Guéridon. Mais, j’ai peur qu’il ne soit de mèche avec eux. Genre : « Ouh là, c’est cinq cents euros de plus, mon brave homme ! ». Ou bien, pire, il appelle le chef qui rappelle les déménageurs. Et là, je vois déjà mes cartons en miette dans la cour de l’immeuble, en train de brûler dans un grand feu de joie. Mon imagination est parfois un peu handicapante.

« Fais le dos rond, Romain, le dos rond », me dis-je.

Enfin, le chargement est effectué. Mamar « La Boule » revient avec mon diable : « On peut vous le prendre ? ». Sans aucun sens de l’humour, je lui réponds : « Pourquoi ? Vous bossez chez Darty ? »

Une fois arrivée sur le lieu de la livraison, la loi de Murphy, implacable, continue sa route.

– Non, mais ils avaient pas dit qu’il y avait six marches dans le portage !, s’agace le boxeur.
– Encore un coup de Guéridon, dit la boule.

L’intello, lui fume des clopes sur le trottoir. Comme il en a plus, il me demande si je peux aller lui en acheter. Il me file vingt euros pour ça. J’ai envie de pleurer. Quand je reviens avec ses trois paquets. Je lui rends ses vingt euros. Qu’est-ce que ça peut changer, finalement ?

Enfin, les cartons arrivent dans le nouvel appartement. ENFIN, putain. Enfin, je vais bientôt être libéré de ses tortionnaires. Joie, joie, joie.

Tout se passe bien quand arrive le gros morceau : le piano. Les mecs ne savent pas du tout porter un piano. La boule veut le soulever toute seule. Elle refuse de prendre les sangles et termine au bout de deux marches rouges comme une pivoine. Le chef l’engueule : « Tu vas te briser la colonne, ma caille ! » Ça peste contre ce connard de Guéridon qui avait dit que ça passait par l’ascenseur (ou pas, je finis par ne plus trop savoir de qui est-ce la faute), je me retiens de leur dire que « Non, je lui avais dit que ça passerait pas par l’ascenseur ».

Voilà.

Tout y est.

Le boxeur me dit : « Bon, c’est pas que je veuille abuser » (parce que t’appelais ça comment avant ?), « mais bon, si vous pouvez donner un peu plus, rapport au piano qu’était vraiment lourd ».

Je donne 220 euros de « supplément ». « C’est tout ce que je peux faire », réponds-je avec forte lassitude, « maintenant partez ».

– M’sieur, pour le réglementent du solde…, commence le boxeur.
– Ah oui, je vais vous faire un chèque.
– Oui, rapport au chèque…
– Oui, eh bien ?
– Mon chef ne veut que des chèques sans bénéficiaire.

WHAAAAAT THE FUCKKK ?

– Pardon, j’ai pas compris ?
– Oui, vous ne mettez pas pour Niagara Déménagements dessus.
– Mais, euh… pourquoi ça ?
– C’est comme ça qu’on fait dans les déménagements. C’est votre premier, non ?
– Euh, oui, enfin, non, mais quoi qu’il en soit, je vois pas le rapport.

Et là, le boxeur me sort dix chèques qu’il avait récoltés tout au long de la semaine, aucun n’a de bénéficiaires.

– C’est ma meilleure garantie : regardez, tous les chèques sont comme ça.

Je reste sans voix. Je rédige le mien. Qu’ils partent, c’est la seule chose que je veux, là, tout de suite.

Mais vite.

– Alors, euh… Je vous laisse le remplir ?
– Voilà.
– Vous me donnez un papier comme quoi j’ai payé ?
– Bah ? Pourquoi faire !
– Bon, attendez.

Je sors le devis, j’écris : « Réglé pour solde de tout compte la somme de 767 euros », je signe et réclame au chef boxeur : « Vous pouvez signer ? ». « Pourquoi ? » « Parce que je vous le demande s’il vous plaît ».

Il signe, prend mon chèque, ses compagnons s’approchent de la porte, le calvaire va prendre fin, je veux me jeter par une fenêtre, appeler Guéridon, insulter le monde entier de mon insolente crédulité, quand le boxeur m’achève : « Au fait, mes gars et moi, on fait des petits boulot à côté : si vous refaites un déménagement, plutôt que de passer par la société, on peut s’arranger entre nous. Il y a eu un bon feeling entre nous, non ? On vous laisse notre numéro ? »

Je m’étrangle intérieurement, sors mon portable. « Alors, oui, bien sûr, je vous écoute ».

Le Cauchemar de Babette

Le cerveau est une machine formidable. J’avais déjà évoqué il y a bien longtemps, quand j’avais du temps pour écrire sur ce zloug (c’est le nouveau nom des blogs en 2012), mes deux neurones, Pilaf et Jerry. Ils sont taquins.

Car depuis quelques semaines, j’ai retrouvé une belle sensation que je n’avais pas éprouvée depuis mes 19 ans quand j’ai commencé de passer mes concours de prépa.

À l’époque, on avait une quinzaine de concours en trois semaines. Et il fallait être particulièrement concentré pour se lancer dans une épreuve de quatre heures de maths à coups d’équations différentielles, de démonstrations si le sous-groupe est ouvert, de théorème de Bolzano-Weierstrass. Et j’en passe. De toute façon, j’ai tout oublié. Ce qui est dommage vu comme j’en ai chié pour apprendre toutes ces conneries.

Or, pendant ces concours, du matin au soir, j’avais systématiquement ça dans la tête en boucle :

C’est une chanson de West Side Story, et c’est pas la meilleure.

Eh bien, croyez-moi, au bout de deux heures à réfléchir sur des sujets aussi captivants que la mécanique des fluides ou la physique quantique avec ces 30 secondes musicales dans la tête, ça donne juste envie de s’enfoncer son stylo dans l’oreille pour se lobotomiser à moindres frais.

Dès que les concours ont été finis, j’ai totalement oublié la chanson jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que ça fait trois semaines que j’ai un souvenir dans ma tête qui revient sans cesse. C’est dans un épisode des Simspon : Homer rentre chez lui, il va dans la cuisine, et là, Bart et Lisa discutent ensemble. Et Bart dit à Lisa : « Alors, là, je dis à Babette, je lui dis… » et il se tait.

Ça m’a toujours fait beaucoup rire, mais j’aurais bien du mal à expliquer pourquoi. Toujours est-il que depuis trois semaines, donc, dès qu’on me parle, j’ai Bart dans ma tête qui pollue toutes les informations qu’on me transmet avec son « Alors, là, je dis à Babette, je lui dis… ». Et plus ce qu’on me dit est important, plus j’entends Bart.

C’est particulièrement compliqué au boulot où on me parle beaucoup pour me donner moult indications sur les articles que je dois écrire. Et j’ai beau me dire « p’tain, mais merde, concentre-toi », j’ai irrémédiablement Bart qui dit à Lisa : « Alors, là, je dis à Babette, je lui dis… ».

Mais le plus frustrant de l’histoire, c’est qu’en vingt saisons et un peu plus, on a jamais su ce que ce CONNARD de Bart avait dit à Babette.

La mer à boire (la tasse)

Aujourd’hui, pour le boulot, je suis allé voir un super film, un chef d’œuvre comme le cinéma ne nous en livre que rarement et qui est de plus avec Daniel Auteuil, dont il faut bien reconnaître que les derniers films n’étaient pas tous à la hauteur. Mais celui-là, ATTENTION, il carbure au sans-plomb 98. Protégez-vous les mirettes, mettez des lunettes de soleil.

Meraboire

(bon peut-être de plus jolies que lui, mais faites gaffe quand même).

Le synopsis du film tient en deux phrases dans le dossier de presse : « Georges, un patron de chantier naval, est lâché par sa banque. Il devra se battre jusqu’au bout pour tenter de sauver l’entreprise qu’il a passé sa vie à construire ».

Ça débute tout doux donc avec Georges Pierret, fabricant des bateaux Pierret, des yachts luxueux, mais comme le budget ne prévoyait pas de véritables yachts luxueux, le réalisateur s’est contenté de filmer de vieux rafiots.
Ainsi, quand un riche footballeur de l’OM débarque pour venir voir son FABULEUX yacht, voici ce que les entreprises Pierret ont construit pour lui :

Bateau

Avec ça, s’il ne fait pas bisquer Anelka, c’est à n’y rien comprendre.

D’ailleurs dans le dossier de presse, le réalisateur insiste sur le fait qu’il voulait mettre en scène un film qui se passe dans le milieu des yachts bling-bling. Une réussite.

Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, d’ailleurs Georges vient de faire rénover l’usine de montage et compte bien en faire de même avec celle de moulage (et là, t’as tous les salariés qui crient comme un seul homme « WHAOUUUUUUUU ») comme il le dit dans une grande soirée de célébration pour fêter une vente d’un bateau, soirée qui se termine d’ailleurs avec son meilleur pote, Claude, le menuisier avec lequel il bosse depuis vingt ans, rond comme un ballon qu’il est obligé de ramener.

Dans cette soirée, le jeune Luis – fraîchement divorcé – rencontre Jessica, une pharmacienne qui a tourné le dos à une carrière derrière les comptoirs pour devenir menuisière (car elle « aime travailler avec ses mains »). Le dialogue est tout bonnement superbe :

Luis : Les mecs à l’atelier, y disent que t’es bonne.
Jessica : Ah bon ?
Luis : Bonne en menuiserie.
Jessica : Viens.

Et ils s’en vont dans la nuit sombre (et sauvage, comme le dit la chanson).

De son côté, George arrive chez la femme de son pote, Claude. Là, sa femme lui annonce que Claude, en ce moment, ça va pas fort.

En fait, on apprendra le lendemain que la société de menuiserie de Claude est en cessation de paiement. Lorsque la liquidation judiciaire arrivera environ vingt minutes plus tard, l’homme ira s’immoler dans l’entrée de la chambre de commerce et de l’industrie locale.

Georges, lui, est rentré chez lui, seul. Il regarde sa piscine, puis son salon. Là, il se souvient de Mathilde, sa femme, morte depuis quelques années, dans une soirée avec des amis. Ô temps suspend ton envol. Il est triste, le Georges. Le lendemain, il a rendez-vous avec la banque. Mais le banquier, Louis (oui, Luis, Louis, même pour les prénoms, les scénaristes n’avaient aucune imagination), est un salopard. Il contraint Georges a se débarrasser de l’atelier de moulage, JUSTEMENT celui qu’il voulait rénover. Tu parles d’une chance.

Georges prend la décision de passer son salaire au smic (car LUI AUSSI fait des sacrifices), appelle le CE, comme dans les vrais, et annonce sa décision qui fait beaucoup de bruit on s’en doute.

Arrive le volet social du film. Luis, bien sûr, est l’un des salariés de l’atelier de moulage, il monte avec Hassan (le chef du CE) des barricades pour se plaindre des indemnités de licenciement proposées par la direction : 2000 euros. Après l’occupation de l’usine et une négociation de haut vol (vécu in extenso par le spectateur), les salariés licenciés obtiennent… 18 000 euros. Mais ils en veulent 50 000. Conclusion, Georges, patron au grand cœur est contraint de faire intervenir les CRS pour désoccuper l’usine. Trop dur.

Luis, lui, va chez sa copine Jessica, et décide de préparer des lasagnes. Mais il fait tomber le plat qui se casse sur le sol de la cuisine. Sans qu’on comprenne vraiment pourquoi (d’ailleurs dans l’ensemble rien  n’explique pourquoi les personnages agissent comme ils le font), mais particulièrement consterné, le spectateur regarde – désemparé et embarrassé – Luis renverser la table et les chaises puis se tirer. Lorsque Jessica arrive chez elle, elle appelle Luis pour lui demander si c’est lui qui a foutu ce bronx. Nouveau dialogue d’une grande richesse. Luis est avec un pote en train de regarder un match de foot.

Luis : Allo ?
Jessica : Luis ?
Luis : Ué ?
Jessica : C’est toi qui a foutu le bazar dans ma cuisine ?
Luis : Ué.
Jessica : …
Luis : Au fait. Je t’aime plus, je te quitte.

Il raccroche.

Là, dans la salle, on s’est tous regardé avec un gros air de d’incompréhension : pourquoi ce film ? pourquoi est-on venu ?

Mais tout cela n’est rien.

Le pire ennemi de Georges, c’est Louhis (non, je déconne, j’ai oublié son nom), le Afflelou de la marine : il fait de la merde pour pas cher et veut s’acheter le prestige de la marque Pierret. On le comprend : qui ne voudrait pas d’un bateau comme ça ?

Bateau

Sauf que Georges, pour rien au monde ne veut vendre à Louhis. Je vous laisse deviner le dénouement que je vais spoiler dans cinq minutes.

Bref. Où j’en étais dans ce ramassis de clichés moisis ?

Ah oui. Donc, Georges fête finalement une nouvelle vente : celle d’un bateau à un millionnaire russe bien évidemment véreux (on va pas s’embarrasser avec des poncifs, hein) qui lui propose d’investir dans sa société et de venir à Moscou pour discuter des arrangements.

Voilà donc notre Georges qui part en Russie et qui rencontre une charmante interprète. Mais comme le millionnaire russe était véreux (je crois que je l’ai déjà dit), sa société est liquidée le jour de l’arrivée de Georges qui finalement passe son week-end avec l’interprète dont il va tomber éperdument amoureux.

Revenu en France, Georges a une super idée : a. il va vendre sa maison, b. il va construire le plus beau bateau du monde, un 70 pieds, c. il va repartir en Russie rejoindre l’interprète et la faire venir en France.

Au salon nautique de Paris, le bateau de Georges est un succès : il a trois commandes fermes ! Il appelle sa nouvelle copine, lui dit avoir un ticket d’avion pour Moscou, et voilà que patatras, tout s’écroule : son ennemi juré a réussi à être actionnaire majoritaire de sa boîte (je vous passe la signature chez le notaire pour la finalisation des actes de vente des parts de la société, vécue elle aussi in extenso).

Georges part sur les berges de la Seine et sans qu’on comprenne vraiment pourquoi déchire son ticket d’avion . Il faut croire que se faire rembourser aurait été trop intelligent.

Fondu au noir.

Georges a quitté l’entreprise : on le comprend parce que d’habitude, il est en costume et là, il est en jean basket avec des sacs en plastique ED L’épicier. Il vit sur son petit bateau. Pris d’un rhume, il se rend à la pharmacie et là, c’est Jessica, l’ébéniste du début, qui le sert : eh oui, la société a déménagé son activité en Bretagne et elle a été contrainte d’abandonner son rêve pour devenir pharmacienne. LA TUILE. On ne sait pas comment elle a vécu sa séparation avec Luis, ça fait bien longtemps qu’on s’en fout, en réalité. Comme de tout le film depuis le début d’ailleurs.

Georges repart sur le port et voit un yacht qu’il a fabriqué à la grande époque. Il demande à monter dedans, le propriétaire en est ravi et, très fier, propose à Georges de faire un petit tour : « c’est la moindre chose que je puisse faire pour le fabricant de ce chef-d’oeuvre », dit-il. En mer, Georges se laisse aller : « Ce volant, c’est Claude qui l’a fait ». L’homme répond : « Ah ! Vous lui direz bravo pour moi ». Georges : « Il est mort ». L’homme : « Comme quoi on peut être un super ouvrier et un pauvre type ! ». Oui, c’est à peu près incompréhensible comme phrase.

Alors, Georges, là, il devient VÉNÈRE. Dire que Claude est un pauvre type, c’est TOO MUCH. Il prend un couteau posé là à côté d’un poisson (?) derrière le poste de pilotage et plante le mec. Et blam, bain de sang. Tout simplement. À ce moment, je me suis dit : « bon, ok, il est en train de rêver ». Mais pas du tout. Méthodiquement, façon Dexter, il jette le corps à l’eau, allume une clope et conduit SON bateau pendant environ 2 minutes et là, contre toute attente (mais avec soulagement) : FIN.

J’étais tellement surpris par ce grandiloquent final inattendu que je me suis précipité sur le dossier de presse de ce grand film social présenté comme une « comédie dramatique » (la partie comédie m’a particulièrement échappé). Et on peut lire que le réalisateur avait une toute autre conception du dernier plan : « [le plan qu’on avait prévu n’a pas pu être tourné, car] il y avait trop de vent et qu’on ne pouvait installer la grue. On a donc improvisé ce qui est devenu le dernier plan du film : Daniel qui fume en conduisant son bateau sur fond de crépuscule ». Mais voilà ! C’est pour ça que c’est bidon : c’est pas le bon dernier plan !

Ma note :

Économise un ciné : Forces spéciales

Aujourd’hui, ami lecteur, ma bienveillance légendaire n’aura qu’un but : te faire économiser 10 euros (ou du temps si tu as une carte illimitée) au cas où l’idée saugrenue d’aller voir Forces spéciales te traverse l’esprit. Et ce serait une véritable erreur.

Forces spéciales, c’est un film de cinéma français avec Diane Kruger, Djimon Hounsou, Benoît Magimel, le clone de Zach Galifianakis sous Lexomil (Denis Ménochet) et Marius. C’est comme ça qu’il est crédité dans le générique et déjà quand on voit ça, on a peur. Mais ce qui fait encore plus peur, c’est l’affiche du film. Attention : ferme les yeux.

Force

En fait, je m’aperçois que tout le film y est résumé : l’intégralité du pitch, le mauvais jeu des acteurs et le kitsch de la réalisation.

Diane Kruger (Elsa dans le film) est une journaliste indépendante qui se bat farouchement contre la présence de militaires français en Afghanistan. Alors qu’elle interviewe une jeune femme du pays qui se bat pour son indépendance, celle-ci se fait prendre par Zaïef, un chef taliban. Diane décide alors de s’organiser un rendez-vous avec Zaïef pour sauver sa cops. Mais, elle s’y prend comme un manche et finalement se fait kidnapper avec son traducteur. Le chauffeur est abattu sur place par manque de budget pour payer son rôle. Les talibans envoient une vidéo de la journaliste au gouvernement français qui décide ni une ni deux d’envoyer une équipe de FORCES SPÉCIALES (d’où le titre) sur place.

Ce scénario – riche – est servi par une mise en scène nerveuse et des acteurs au top de leur forme. Ou plus concrètement, le film est réalisé par un épileptique parkinsonien qui ne fait pas de plan de plus de 5 secondes (autant dire que dans les scènes dans les bureaux de l’Élysée, c’est juste exaspérant) et joué par une ribambelle de comédiens plus mauvais les uns que les autres.

Résumé du film en cheat mode « munition illimitée »

Premier jour – Ils retrouvent Diane Kruger en moins de dix minutes tout en massacrant copieusement des talibans par centaines. Et là, le spectateur se dit que le film va être étonnamment court. Mais – pas de chance – pendant l’opération, ils perdent à la fois la radio, les émetteurs, le téléphone satellite et leurs talkies-walkies. Les voilà contraints de s’exiler dans la montagne pour traverser une frontière à plus de 5000 mètres d’altitude afin de rejoindre je sais plus trop quel autre pays (le Pakistan). Une marche forcée de dix jours rythmée par des panneaux façon changement de round dans un match de boxe de seconde division. Et même pas présentés par une meuf à poil. D’la merde.

Second jour – Ils marchent et attaquent les talibans qui les poursuivent et qui débarquent par groupe de 10 armés jusqu’aux dents et meurent les uns après les autres sous les balles FRANÇAISES. Au bout d’une dizaine de minutes de fête foraine à voir les méchants tomber comme des mouches (on ne compte pas les morts mais ils sont nombreux, de quoi battre un record de pile humaine dans le Guinness), les talibans battent en retraite. L’équipe de FORCES SPÉCIALES continue alors sa mission.

Troisième jour – Ils cherchent un abri (il faut croire que jusque-là, ça n’avait pas eu d’intérêt flagrant). Elsa trouve un village afghan et demande l’hospitalité à ces gens (grâce à l’interprète, mais tout le monde félicite Elsa). Là, bien sûr, CONTRASTE : ces afghans-là, ce sont DES GENTILS. Moment d’émotion quand on leur demande : « Mais où qu’ils sont les enfants ? ». Réponse : « Les talibans les ont pris pour leur laver le cerveau ». On pleure.

Quatrième jour – C’est le départ du village avec des adieux déchirants quand au bout de 100 mètres, l’interprète décide de rester sur place pour combattre auprès des villageois que la milice talibane toujours à la poursuite d’Elsa s’apprête à envahir. Elsa, elle, décide de rester pour l’aider aussi. Alors qu’elle n’a pas d’arme, la gourdasse. Ça n’arrange pas trop le reste des FORCES SPÉCIALES. Mais, beaux joueurs, les militaires venus pour la récupérer décident de les aider. C’est alors la GROSSE BATAILLE dans le village. À nouveau, le nombre de morts dépasse la population du Qatar. Une fois le gros des troupes talibanes décimé, Elias (le sniper d’élite de ces FORCES SPÉCIALES) se sacrifie et consent à rester sur place pour retarder les poursuivants. Les autres FORCES SPÉCIALES partent alors sur le chemin rocailleux vers le Pakistan avec Elsa (l’interprète est mort pendant les combats) tandis qu’Elias se fait courser par une horde de talibans qui continuent de tirer n’importe où. S’ils avaient piloté les avions du 11 septembre, les tours seraient encore debout. On remonte en altitude rejoindre le groupe qui décide de trouver à nouveau un abri pour la nuit parce qu’il neige, que l’un d’eux est blessé et qu’Elsa est fatiguée. Pendant ce temps, Elias est toujours poursuivi par des talibans une centaine de mètres plus bas.

Cinquième jour – Alors qu’une belle journée se lève et que nos amis des FORCES SPÉCIALES viennent de perdre un nouveau membre de l’équipe (le blessé de la veille qui n’a pas survécu), on revient sur Elias… qui est toujours en train de courir avec une cinquantaine de barbus derrière lui. La nuit a dû être longue. Finalement, il meurt. Et crie. Et remeurt.

Du sixième au dixième jour – Interminable épisode où on les voit marcher dans la neige. Exaspéré, le chef de l’équipe des Forces spéciales échaudé par le clone de Galifianakis qui n’arrête pas de gueuler après la journaliste (« Vous, euh, les journalistes, vous dites du mal de nous les militaires, mais c’est nous qu’on vient vous chercher quand vous êtes capturés par les talibans alors, vos mouilles ») finit par lui annoncer une nouvelle qu’on sait depuis le début : sa femme est enceinte. À partir de ce moment-là, on se dit que ses jours sont comptés et on n’a pas tort parce que dès qu’il apprend l’heureux événement, il meurt sous la balle d’un salopard de taliban. Le salaud.

Onzième jour – Ils ne sont plus que trois : la journaliste Elsa, le chef d’équipe et Benoît Magimel (qui est tombé amoureux en chemin d’Elsa). Enfin, ils traversent la frontière ! Mais épuisés et à bout de forces, ils n’arrivent pas à éviter… une chute de pierres. Bilan lourd : le chef d’équipe se retrouve avec une fracture ouverte du tibia. COMME PAR HASARD. Magimel (qui a déjà une balle dans la hanche) ne peut plus avancer. Elsa compte bien rester près d’eux, mais le chef lui explique la situation : « Faut que tu rentres Elsa sinon tout ça n’aura aucun sens ». PARCE QUE ÇA EN AVAIT UN JUSQU’ICI ? se dit le spectateur au fond de son siège désespéré par les séquences grotesques qui s’enchaînent. Elsa pleure, refuse, nie, négocie et finalement accepte. Elle roule une grosse pelle à Magimel (elle est amoureuse) et fait ses adieux façon Magicien d’Oz : « C’est toi l’épouvantail qui me manquera le plus ». Et elle part et marche dans le désert des heures.

Douzième jour – Elsa Kruger continue d’avancer péniblement. Finalement, elle tombe par terre, morte d’épuisement. À ce moment-là, ALORS QU’ELLE EST EN PLEIN DÉSERT (on le sait parce qu’on a vu un plan d’hélicoptère qui tourne autour d’elle – le réalisateur est super friand de ces plans, il en colle dès qu’ils sont en haut d’un rocher ou au milieu d’une route, c’est désagréable au possible), un camion de l’ARMÉE FRANÇAISE arrive. Toujours là où on ne l’attend pas, la grande muette ! Et Elsa est sauvée.

Sauf que bien sûr, arrivée sur le camp, elle demande expressément aux militaires de partir à la recherche de ses deux compères d’infortune. Autant dire chercher une aiguille dans une botte de foin de plusieurs dizaines de kilomètres. Et elle repart en hélico avec l’amiral qui a dirigé toute l’opération depuis le porte-avions Charles de Gaulle. L’hélico tourne, tourne, tourne quand SOUDAIN Elsa crie : « ILS SONT LÀ » en pointant du doigt un bout de caillou où les deux hommes sont toujours vivants.

Le film s’achève sur un carton qui remercie « John, Michel, Alban et Martin ainsi que tous les militaires qui nous protègent à travers la planète » et un second carton qui remercie « également les reporters qui partent au bout du monde pour nous informer ».

Dans le premier épisode de la série Freaks and Geeks, l’un des lycéens est handicapé mental, mais quand on lui dit qu’il est débile, il s’énerve et crie : « JE SUIS PAS DÉBILE, JE SUIS SPÉCIAL ». Ce film, c’est la même chose.

Special

Ma note :

Sego