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Auteur/autrice : Romain

Night’s Watch

Couverture du Hollywood Reporter

Depuis quelques temps, je reçois de nouveau The Hollywood Reporter. La version « internationale » papier à laquelle je m’étais abonné en 2007. A l’époque, j’utilisais le nom de famille de mon père, celui que l’Etat m’a donné sans me demander mon accord. Il s’appelait Jéroboam Pougnand et donc, moi, c’était Romain Pougnand, de fait.

Je recevais mon Hollywood Reporter au bureau, du côté de Puteaux. Et puis, j’ai arrêté l’abonnement, mais j’ai continué à recevoir les Hollywood Reporter. Finalement, les fichiers ont dû être mis à jour, ils ont dû s’apercevoir que je n’étais plus abonné et je n’ai plus reçu le journal. J’avais obtenu quelques mois de rab sans payer, j’étais déjà bien content. Ensuite, j’ai été licencié, puis réengagé par la même société (Les Editions Martinthiéry) qui, entre temps, avait déménagé. Affecté à un autre journal, Hortensia Magazine, j’ai de nouveau commencé à recevoir la gazette d’Hollywood. Pourquoi, j’en sais rien. Mais – plus étrange – l’adresse avait été mise à jour. Il va sans dire que je n’avais pas fait la moindre démarche, vu que je ne payais plus d’abonnement. Mais, bon, je me suis dit que c’était le service courrier qui avait dû s’en charger. Bref. Ça a duré pendant trois mois avant que cela cesse encore (j’ai dorénavant une théorie, mais elle est diffamatoire, je la garde pour moi).

Les deux années suivantes, plus de nouvelles du Hollywood Reporter.

Soudain, en février, j’ai changé de journal. Je suis parti de Hortensia Magazine pour BTP & Logistique, toujours aux Editions Martinthiéry.

Et en chemin, j’ai décidé de prendre le nom de ma mère, Réguidon. En vérité, j’ai juste commencé à signer Réguidon dans les articles que j’écrivais pour BTP & Logistique. Aucune démarche de ma part n’avait été entreprise. Autant dire qu’il n’y avait aucune possibilité de faire le moindre lien entre Romain Pougnand des hortensias et Romain Réguidon du BTP. D’ailleurs, pour mon employeur, je suis toujours Romain Pougnand. Dans les listings de l’entreprise, Romain Réguidon n’existe pas. La seule chose que j’ai faite : j’ai mis à jour ma page Facebook et encore je n’ai même pas précisé le journal pour lequel je travaillais dorénavant.

Et là, j’ai recommencé à recevoir The Hollywood Reporter. Comme si rien ne s’était passé. Mais, PARANORMAL ACTIVITY, il n’était plus envoyé à Romain Pougnand, mais à Romain Réguidon avec mention du journal BTP & Logistique.

Adresse

A ce jour, je n’ai toujours pas compris COMMENT le lien a été fait. Par qui ? Pour quoi ? Un complot franc-maçonnique ? Une interminable veille sur TOUS les abonnés (et ex-abonnés) de ce journal par des détectives privés ? Ou – plus probablement – le résultat implacable d’une surveillance accrue de mon activité sur les Internets par la NSA ?

Tremblez, chers lecteurs, car vous êtes sur le blog de celui qui sera bientôt – peut-être – le nouveau Julian Assange.

Cahiers interdits (2) / Délit de faciès

De 2011 à 2013, Gaston Petipetons était journaliste dans un magazine consacré à la télévision(1). Après son licenciement, il a disparu de la surface de la planète. Où ? Nul ne le sait. Quarante ans plus tard, en rangeant les affaires de son mari pour les mettre au grenier, sa veuve a retrouvé des cahiers qu’il rédigea tout au long de cette période et qui constitue un témoignage bouleversant sur le métier de journaliste au début de ce millénaire, à l’heure où la presse balbutiait sur Internet et où le modèle économique du « papier » périclitait lentement mais sûrement. Elle nous les a confiés. C’est ce que nous vous proposons de lire aujourd’hui.

Par respect pour son auteur, nous retranscrivons ces cahiers tels qu’ils ont été rédigés et dans l’ordre de leur écriture qui ne suit, semble-t-il, pas l’ordre chronologique des événements.

Que toutes les nouvelles générations de journalistes y trouvent ici un manifeste vibrant sur ce métier magnifique ainsi qu’une source d’inspiration pour l’avenir.

(1) la télévision était un support de projection (souvent familiale, installée dans le salon) qui permettait à tout un chacun de profiter de vidéos dans un ordre prédéfini par une série de producteurs regroupés ensemble sous l’appellation de « chaîne ». Un peu comme une liste de lecture sur YouTube aujourd’hui.

Le premier épisode.

Le boulot de journaliste

Jeudi 7 juillet 2011

Eh bien quelle aventure ! Il est 22h45. Je crois que c’est fini. Normalement, je ne récupérerai pas mes cartons. En tout cas pas cette semaine.

Ce matin, j’ai finalement pu interviewer Bruno, l’auteur du livre Les Coulisses du Tour. Le mec m’a raconté plein de petites anecdotes, c’était très sympa. Je n’ai pas annulé l’interview malgré les remarques du red’chef adjoint la veille parce que je me suis dit : « Ça me fera toujours mon encadré ». Malin. J’ai quand même tenté de savoir s’il n’avait pas l’intention de partir bientôt en camping-car et en famille à l’avenir… Voire même s’il comptait se faire immatriculer dans l’Essonne. Mais non. Ç’aurait pu. C’est con. « Le Tour », m’a-t-il dit, « c’est avec ma Peugeot, c’est comme ça depuis toujours ».

Et puis, l’interview de François, mon retraité qui piste le Tour avec sa femme, Marie-Françoise, dans leur camping-car, a été avancé à 12h00. C’était carrément mieux.

Midi sonne, j’appelle, répondeur. 12h10, j’appelle, répondeur. 12h20, j’appelle, répondeur. 12h30, j’appelle Cofidis et je leur demande s’ils savent où je peux joindre François. Cofidis n’a pas que ça à foutre de me répondre, ils sont sur le Tour, mais ils me promettent que dès qu’ils l’aperçoivent sur la route, ils lui passent le message de regarder son téléphone. La modernité.

C’est à 15 heures, après plus de vingt essais infructueux que François décroche. Il empeste le pastis à travers le combiné. Et il m’explique qu’on a pas beaucoup de temps parce que le peloton va passer et que KKRZRKRKKZKZKRKKKRZ. Ça coupe. Je rappelle. Le jeu dure une dizaine de minutes. L’interview est plutôt surréelle : sa femme, derrière, n’arrête pas de lui dire que « Ça y est, ils arrivent », à chaque fois François veut raccrocher, à chaque fois, je sauve la situation, mais je me demande vraiment pourquoi vu qu’il ne répond pas à mes questions et qu’il jure une phrase sur deux. Au bout d’un moment, le peloton passe vraiment, et là, François raccroche définitivement.

J’ai un ersatz d’interview qui – en tirant à la ligne – devrait faire 1200 signes. Max. Heureusement que j’ai Bruno en back-up. Fort de cette réussite, je retourne voir mon red’chef adjoint…

Homme

  • J’ai eu les interviews. François, le retraité, et Bruno.
  • C’est qui Bruno ?
  • L’auteur du bouquin.
  • Mais je le veux pas, lui.
  • Oui, mais l’interview de François, c’est pas top top.
  • C’est-à-dire ?
  • C’est-à-dire qu’une fois qu’ils m’ont dit qu’ils suivaient le Tour de France en camping-car, la conversation n’est pas vraiment allée plus loin. Ils n’avaient pas grand-chose à me dire. Du coup, on pourrait faire : François et sa femme qui font le Tour de France avec leur camping-car en leader et, en encadré (je place mon astuce), Bruno et son livre.
  • Mouais, dit mon red’chef adjoint, pas très convaincu.
  • Et en plus, je te fais « Le Tour en chiffre ». Pour le même prix.
  • Mouhoqué.

Ni une, ni deux, je rédige mes papiers, et paf, je les envoie.

  • Gaston ? Gaston, tu peux venir voir ?
  • J’arriiiiiiiiiiive.

Homme

  • C’est… C’est tout ce qu’ils t’ont dit ?
  • Bah oui…
  • Eh bien, c’est pas très intéressant…
  • Je sais.
  • Écoute, on envoie comme ça pour le moment, et on regarde ça. Tu donnes la photo à la maquette ?
  • La photo ? Quelle photo ?
  • La photo des retraités devant leur camping-car.
  • Mais j’ai pas de photo.
  • Ils en avaient pas ?
  • J’en… J’en sais rien.
  • Eh bien, il en faut une ! Comment on illustre l’article sinon ?
  • Je sais pas : des photos de camping-car !
  • Mais il faut leur photo puisqu’on les interviewe ! Ils n’ont qu’à en faire une avec leur portable et te l’envoyer par mail ?
  • Ils ont 70 berges, ils regardent le Tour, je crois pas qu’ils soient à jeun et ils sont dans un putain de camping-car sans Internet.
  • Gaston. Il faut leur photo. Débrouille-toi. Envoie un photographe sur place qui les trouve et les photographie.

Je retourne à mon bureau, reprends mon téléphone, et je passe l’après-midi à tenter de joindre François qui ne me répondra pas. J’essaie de booker un photographe pour me trouver François et Marie-Françoise. Personne n’est libre. J’appelle Cofidis, j’explique mon problème :
– Voilà, les retraités que vous m’avez permis d’interviewer. Par PUR hasard. Vous ne les auriez pas en photo ?
– Ah, je peux regarder ça ce soir, après l’étape, c’est possible.
– Si vous en avez, prévenez-moi au plus vite sinon, je dois envoyer un photographe sur place pour les prendre en photo et comme ils ne répondent pas et que j’ai aucune idée de l’endroit où ils sont…
– Bien sûr.

Depuis le début de la soirée, je regarde donc constamment mon mail et enfin, ça y est, à 22h42, j’ai reçu une photo. Mon contact m’explique : « J’ai cherché une photo de François et de son camping-car, mais je n’en trouve pas. J’ai juste François et sa femme au bord de la route habillés en supporters. Je vous joins quand même la photo. Si demain c’est encore possible, on peut vous en faire une ». J’en étais là quand j’ai commencé à écrire ce texte. Allez, j’ouvre la photo, je croise les doigts. Avec un peu de chance, le camping-car n’est pas loin, derrière, on voit peut-être le capot.

François et son camping car

Et merde. Ça ne va pas le faire.

Vendredi 8 juillet 2011

Le vendredi, c’est le jour de la conférence de rédaction. Je déteste ce jour-là. Je dois proposer des sujets dits « technos », mais j’ai pas bien compris ce qui relevait exactement du « techno » dans le cadre d’un journal télé. Du coup, je parle des tablettes et des services web des chaînes en général et puis de l’écologie, de la nature, de la science…

En réalité, j’ai l’impression que le moment où je prends la parole, c’est l’instant « détente-humiliation » de ma red’chef. Parfois, quand c’est mon tour de présenter mes sujets, elle sort de la salle en disant : « Continuez sans moi » et quand elle reste, elle fait des réflexions type : « Pffff », « N’importe quoi », « C’est pas vrai, chez moi ça marche », « Je ne comprends pas », « C’est pas clair », « Dépêche-toi », « Va plus vite », « C’est long », « Ok, next ». Mais le plus souvent, elle joue à Angry Birds. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est elle qui le raconte dans les bouquins qu’elle a écrits.

Quand je suis arrivé ce vendredi, donc, avec la boule au ventre à cause de la conf de rédac, j’ai retrouvé mon red’chef adjoint et je lui ai montré l’unique photo de mes retraités. « Et tu n’en as pas d’autres ? Parce que ça va faire vraiment le journal du troisième âge : on a Jeanne Moreau la page d’avant et Marthe Villalonga la page d’après ».

J’ai des cernes sous les yeux qui touchent le plancher, les cheveux plus plats qu’une limande, ça allonge mon visage, on dirait que je viens d’enterrer toute ma famille alors le red’chef adjoint, magnanime, consent un : « Non, mais ça va aller ».

Du coup, changement de plan : le Bruno qu’on m’avait refusé passe en pleine page, les retraités sont relégués en bas de page. Et finalement, j’arrive quand même à caser mon encadré « Le Tour en chiffres ». Et je crois que je vais passer mon week-end à dormir.

Un Tour à la page

(Il va sans dire qu’à la dernière question posée à Bruno, les SR ont écrit : « (il sourit) ». Vu que j’étais au téléphone, je n’en ai pas la moindre idée s’il a souri. Si ça se trouve, il ne voulait VRAIMENT pas que je l’écrive).

A la fin de la conférence de rédaction, on a distribué les sujets de la semaine suivante. J’ai eu le droit qu’à du facile : « Charlène et Albert : Déjà en froid ? », une interview de Natacha Amal (où elle doit me dire tout le mal qu’elle pense d’Ingrid Chauvin qui ne l’a pas invité à son mariage) et les nouveaux jeux de l’été: « Money Drop » et « Connaissez-vous bien la France ? ». Easy, mec.

Cahiers interdits (1) / Ma tête au bout d’un pic

De 2011 à 2013, Gaston Petipetons était journaliste dans un magazine consacré à la télévision(1). Après son licenciement, il a disparu de la surface de la planète. Où ? Nul ne le sait. Quarante ans plus tard, en rangeant les affaires de son mari pour les mettre au grenier, sa veuve a retrouvé des cahiers qu’il rédigea tout au long de cette période et qui constitue un témoignage bouleversant sur le métier de journaliste au début de ce millénaire, à l’heure où la presse balbutiait sur Internet et où le modèle économique du « papier » périclitait lentement mais sûrement. Elle nous les a confiés. C’est ce que nous vous proposons de lire aujourd’hui.

Par respect pour son auteur, nous retranscrivons ces cahiers tels qu’ils ont été rédigés et dans l’ordre de leur écriture qui ne suit, semble-t-il, pas l’ordre chronologique des événements.

Que toutes les nouvelles générations de journalistes y trouvent ici un manifeste vibrant sur ce métier magnifique ainsi qu’une source d’inspiration pour l’avenir.

(1) la télévision était un support de projection (souvent familiale, installée dans le salon) qui permettait à tout un chacun de profiter de vidéos dans un ordre prédéfini par une série de producteurs regroupés ensemble sous l’appellation de « chaîne ». Un peu comme une liste de lecture sur YouTube aujourd’hui.

Le boulot de journaliste

Mercredi 6 juillet 2011

J’ai finalement décidé de raconter ce qu’il se passe au bureau. C’est un ami du deuxième étage qui me l’a conseillé. « Parfois », m’a-t-il dit, « écrire ce qu’on vit nous aide à le surpasser et surtout à se calmer ». Et aujourd’hui, ça ne va pas bien du tout. Je stresse. C’est l’angoisse qui remonte dans le bas du ventre et qui explose au cœur du plexus solaire en irradiant toute la poitrine. Pourtant, ça avait bien commencé : je devais suivre une étape du Tour de France, alors en Bretagne, en ridant à travers les vélos sur une moto de la production de France Télévisions. Ensuite, retour dans nos quartiers généraux à Paris où j’aurais écrit sur cette expérience. Je ne sais vraiment pas qui ça aurait intéressé, mais c’était quand même cool de faire un truc qui me sorte enfin du bureau. Oui, parce que jusque là, je crois que j’ai bien mérité le surnom que me donnait ma mère : «cul collé». Je crois que je me lève trois fois dans la journée : une pour pisser, une pour le déjeuner et une pour me barrer. Le reste du temps, j’ai les yeux rivés sur l’écran, à taper et taper des lignes de conneries qui seront lues en trois secondes par Madame Michu et son époux. Madame Michu, c’est comme ça que la red’chef appelle nos lecteurs. Je trouve ça péjoratif, mais vu qu’elle a fait des croisières avec eux, elle sait mieux que moi à quoi ils ressemblent. Je lui fais confiance sur ce coup.

Quand ça m’a été proposé, je stressais (déjà) un peu parce que la moto, ça me fiche un peu la trouille, mais en même temps, je me voyais enfin en véritable reporter. Toutes ces années à trimer allaient enfin payer, fini les coups de fil aux attachés de presse, j’allais partir « sur le terrain », dans les tranchées de Plougastel et raconter MON Tour de l’intérieur. De quoi faire pâlir Hunter S. Thompson.

Patatras. Hier soir, mardi, la mission est annulée pour cause de mauvais temps. Mais mon red’chef adjoint vient me voir : « On fait quand même un sujet sur le Tour de France, si tu as une idée… ». Non, j’ai pas d’idée. Et en plus, dès qu’on m’en demande, j’en ai encore moins, mon cerveau passe en encéphalogramme plat, ça fait « bzzzzz » entre mes oreilles. Je balbutie : « Euh, pfrtrft, euh… Le Tour en chiffre ? ». « Non », me répond-il, « déjà fait. Tu réfléchis et on en discute demain ? »

Ce matin, j’avais pas la queue de l’ombre d’une idée. Je le retrouve à 10 heures et il me dit :
– Alors, pour le Tour de France, ce qu’on va faire, c’est que tu vas nous faire, tu sais, un papier sur les fanas du Tour. Il y a toujours des gens qui le suivent en caravane. Il faudrait faire un article sur eux, ceux qui le suivent du début à la fin. On titrera ça « Les passionnés du Tour », quelque chose comme ça.
– Euh… Je te les trouve… depuis Paris ?
– Oui. Voilà, c’est ça : une famille qui suit le Tour de France en camping-car depuis la première étape jusqu’à la dernière. Il y en a des milliers chaque année, ça va pas être trop dur !
– Mais… Tu veux que je les trouve… depuis Paris ?, recommencé-je, interloqué.
– Oui, tu appelles la presse régionale, j’ai lu un article dessus dans Le Littoral.

Gloups

Dans mon cerveau, qui vient de se relancer comme un ordinateur sous Windows 95, je commence déjà à entrevoir la galère se dessiner.

  • Ok, je réponds d’une voix blanche et atone, j’ai jusqu’à quand ?
  • Demain soir ?

J’ai cru que j’allais m’évanouir. Il faut dire qu’au bureau, l’échec n’est pas une solution. J’ai pas le droit de dire : « j’ai pas réussi à faire l’article, trouvons un plan B ». En fait, je pourrais, mais dans ce cas, on m’envoie dans le bureau de la red’chef. Et elle me terrorise. Quand j’arrive devant, c’est comme si j’étais aux portes de l’enfer et que des gnomes armés de hallebardes me piquaient les fesses pour me faire avancer. J’ai des palpitations, la gorge sèche. On raconte qu’un jour un type est rentré dans son bureau et qu’il en est ressorti tremblant comme une feuille, qu’il a pris ses affaires et qu’on ne l’a jamais revu. Je crois que c’est une légende que je me suis inventée, mais j’y crois dur comme fer. Et je suis certain que si je n’arrive pas à faire cet article, je pourrais repartir vendredi avec mon carton.

Il est 10 heures et je commence mon enquête impossible. D’abord, j’écume tous les vélos-club de la région, je me crée des comptes partout, je laisse des messages sur les forums, les répondeurs, j’envoie des mails où j’explique que je cherche une famille qui suit le Tour de France du début à la fin en camping-car. J’appelle France Télévisions qui diffuse le Tour, les organisateurs (ASO), personne ne connaît personne qui suit le tour en camping-car. Les seuls qui me répondent sont les anti-caravanistes qui sont saoulés par toutes ces caravanes qui suivent le Tour de France. Ça me déprime. Je tente de convaincre mon intervenant de me donner le nom d’un d’entre eux : « Vous ne pensez quand même pas que je vais leur faire de la pub ! », s’étouffe-t-il.

Ensuite, j’épluche la presse locale, la doc de notre journal m’est d’une aide précieuse, j’identifie un article écrit par une journaliste de Ouest-France du bureau de Caen, je contacte Ouest-France, mais je ne suis pas au bon bureau, je retrouve le bon bureau, la journaliste est une pigiste, on lui laisse un message, elle va me rappeler, me dit-on. Faible espoir d’entrevoir le bout de la galère à ce moment de la journée. Si la famille voulait bien me parler, ce serait quasi-bon. Enfin, ce serait un décalque de l’article de Ouest-France, mais après tout, ce serait toujours mieux que rien.

15h00, la journaliste me fait savoir que « Non, je ne veux pas vous donner le nom de ces personnes ». Entre temps, j’avais trouvé le téléphone de la famille dans l’annuaire et je l’avais déjà appelée, mais elle ne me répondait pas. Pour cause : elle suivait le Tour de France, elle n’était donc pas à son domicile.

La clepsydre commence à dangereusement se vider, je suis hyper irritable. Changement de fusil d’épaule, je découvre qu’un type a écrit un bouquin sur le Tour de France, un mec passionné de vélo qui le suit depuis des années en voiture, du début jusqu’à la fin et qui raconte comment il a trompé la sécurité en rachetant des combinaisons de mécaniciens pour passer les vigiles afin de vivre le Tour de l’intérieur. Je le contacte, il est ok pour une interview le lendemain matin. VICTOIRE !

Je vais voir mon réd’chef adjoint, un peu comme si j’étais Robert Redford dans Les Hommes du président

Homme

  • C’est bon, j’ai quelqu’un. Il suit le Tour de France du début jusqu’à la fin depuis plusieurs années, il a même écrit un livre.
  • C’est un homme ?
  • Oui.
  • Ce serait mieux une femme, tu sais, pour l’équilibre du journal.
  • Il suit le Tour en famille ?
  • Euh… Non, sa femme reste à la maison pendant ce mois-là et s’occupe des enfants.
  • Et c’est quoi le camping-car ?
  • C’est… C’est une voiture…
  • Eh bien tu vas nous trouver quelqu’un d’autre.

La mort dans l’âme, je suis retourné à mon bureau.

Il était 17 heures, je me prends un Coca et je suis las. Je rappelle ASO, et je me lance dans l’idée d’appeler toutes les directions d’équipes françaises en espérant que la famille d’un coureur me fera la joie de suivre le fiston su la durée du Tour, en camping-car pour mon plus grand plaisir.

À 19 heures, j’ai une réponse. Un couple de retraités suit (en camping-car) l’équipe Cofidis. Et depuis plusieurs années. Bingo. Je retourne voir mon rédacteur en chef adjoint :

Homme

  • C’est bon, je l’ai !, dis-je tout essoufflé, un couple (je reprends ma respiration) qui suit le Tour de France (je vomis) en caravane. Je peux les interviewer demain vers 15h00 (je prends un shoot de ventoline).
  • Ah tu vois ! Ils ont des enfants ?
  • Non, ils sont retraités.
  • Non… Non… MIchel, non, (je me mets à pleurer). C’est une famille, ils ont un camping-car. ME FAIS PAS ÇA MICHEL, T’AS PAS LE DROIT. ME DIS PAS QUE ÇA VA PAS.
  • Bah, c’est-à-dire que si tu pouvais avoir mieux.
  • JE N’AURAIS PAS MIEUX. QU’EST-CE QUE TU VAS ME DEMANDER APRÈS ? QU’ILS SOIENT IMMATRICULÉS DANS L’ESSONNE ?
  • Ok, ok, ok, très bien… (il fait une pause) Mais essaie d’avoir mieux.

20 heures, je suis chez moi. J’écris ce texte. Je ne suis pas du tout déstressé. Mon pote du deuxième s’est bien foutu de ma gueule. Demain, je dois interviewer l’auteur du bouquin et le couple de retraités. Si un seul me plante, je finis la semaine au bout d’un pic.

La. Ponctuation ?

virgule

Internet, est un véritable vivier de talents qui a permis à nombre d’entre eux d’émerger, et de devenir, aujourd’hui… des stars. Deux corps de, métier ont été principalement révélés par cet accélérateur de carrière : d’un côté les artistes (là-dedans je fourre aussi bien les chanteurs / les dessinateurs de bédés / les vidéastes – et de l’autre les, journalistes.

Et aujourd’hui je suis vraiment ; heureux de pouvoir les lire… sur des sites internet prestigieux offrant, des conseils malins sur l’usage des réseaux sociaux l’apport, de protéines dans les aliments traditionnels ou, tout, simplement les nouvelles fonctionnalités de Facebook. Grâce à eux ! Je m’instruis mais également : je me cultive.

Pourtant il arrive, toutefois et, vraiment je tiens à le dire – cette remarque n’est pas du tout méchante) que je sois un peu, déconcentré par de nouveaux usages de la langue française qui parfois me posent des problèmes : de compréhension. Peu de chances… que ces auteurs, puissent se tromper » me dis-je souvent en mon, for intérieur ‘c’est sûrement moi qui ne suis pas, dans le coup, comme disent ; les jeunes’.

Alors je cherche à comprendre mais, vraiment certains usages de la ponctuation comme l’omniprésence, de virgules, dans les textes à des, endroits où elles n’ont rien, à faire selon mon, éducation judéo-chrétienne me, posent de réels soucis ? de compréhension. D’une façon générale la ponctuation quand elle ; est mal fichue : fait d’un texte qui pourrait, être clair, un truc imbitable. Vous ne, trouvez pas non ?

Mendicité

Sarkozy

Comme tout le monde, ça m’a un peu chamboulé, je ne vous cache pas, cette histoire de l’UMP. Ces pauvres gens, devoir payer 11 millions d’euros. Pour tout vous dire, quand j’ai entendu ça, je n’ai même pas trop compris ce qu’il se passait. J’ai guetté un explainer de Slate qui a l’habitude de dégainer n’importe quelle explication à n’importe quel phénomène comme « pourquoi il fait nuit en pleine journée ? » (parce qu’il y a des nuages). Mais je n’ai rien vu venir, comme disait ma sœur Anne. Enfin, je l’ai peut-être raté. Parce qu’en ce moment, chez Slate, on s’occupe moins d’explainer que d’infographies un peu incompréhensibles (ça s’appelle des « DATAVIZ ») où on nous montre dans un dégueulis de couleurs quel village du littoral a voté pour qui ou bien qui a le moins de chance d’avoir un carré vert le même jour de l’année que vous.

Alors, j’ai dû chercher TOUT SEUL, comme un grand, sur les internets, pourquoi donc l’UMP devait payer autant. Et j’ai appris ce que tout le monde savait, mais comme je ne lis pas les journaux, je n’étais pas au courant : c’est que l’UMP a un peu feinté sur les comptes de sa campagne présidentielle pour rester dans les clous de la somme maximale autorisée à dépenser si on veut s’en faire rembourser environ 50%. En dépensant 400 000 euros de plus que ce qu’elle avait le droit (sur 22 millions et des brouettes), le plafond était dépassé et donc nakache pour l’UMP, merci de bien vouloir rendre les 11 millions qu’on vous avait versés.

Évidemment, ça a été des cris d’orfraie dans le parti de l’opposition avec un Copé qui pour une fois aurait bien voulu que Fillon ait remporté la présidence de l’UMP. Mais finalement, la solution a été trouvée : une souscription, un grand emprunt national (qui, j’imagine, pourra être déduit des impôts, donc, c’est UN PEU comme si l’État payait quand même).

« Bonjour, je suis désolé de vous importuner pendant votre trajet, je sais que vous êtes souvent sollicité, mais si je fais la manche aujourd’hui, c’est que moi et ma famille politique, on a nulle part où dormir ce soir. Il ne nous manque que 11 millions d’euros pour passer la nuit à l’hôtel et rester digne. Tous les gestes comptent, les plus petits, mais surtout les plus grands, alors faites pas vos radins et ouvrez votre cœur et votre portefeuille ».

(dialogue d’illustration, ne représentant pas tout à fait la réalité)

À peine quelques jours après l’ouverture de la souscription, déjà plus d’un million d’euros avait été récolté, annonçait Copé tout sourire. Reste plus que dix, ça va être chaud, les gars, parce que les motivés ont été les premiers, maintenant, va falloir ramer sévère pour faire raquer le reste de la population (quel dommage d’avoir à ce point tapé sur les gays quand on sait l’énorme pouvoir financier qu’ils représentent).

Sur Twitter, il y a eu des rigolos qui ont envoyé des bonnes blagues à l’UMP, celui de vnz m’a fait beaucoup rire :

Travailler plus

Mais le plus drôle, c’est Maître Philippe Blanchetier, l’avocat de Nicolas Sarkozy qui s’est plaint sur BFM TV en déclarant :

« Pour 400.000 euros, pour 2% (de dépenses supplémentaires, ndlr), on prive le premier parti d’opposition républicain de ses moyens financiers »

C’est le principe même du PLAFOND. Genre, « bon, ok, on a dépassé, mais JUSTE de 2%, ça va quoi, c’est tranquille ». Non, mais imagine, tu déclares aux impôts 2% de moins pour éviter de passer une tranche et tu te fais choper et là, tu leur sors : « Non, mais OK, D’ACCORD, mais ÇA VA, c’est JUSTE 2%, c’est COMME l’UMP, merde, fais chier ».

Bref, en fait, y avait un truc qui m’interrogeait encore dans cette histoire ubuesque, c’était de savoir s’il y avait un recours possible pour Sarkozy. Bien sûr, Slate semble toujours trop occupé avec ses DATAVIZ pour me faire un explainer, alors c’est à nouveau BFM TV et Maître Philippe Blanchetier qui ont répondu à ma question : il n’y a plus de recours possibles. Celui du Conseil Constitutionnel était le dernier. Mais sur Europe 1, une lueur d’espoir renaquit sous la sagesse de la parole libérée de Nadine Morano : elle se demandait le 4 juillet dernier si cette décision était « attaquable au niveau européen » et d’ajouter : « Le souci avec le conseil Constitutionnel, c’est qu’il n’y a pas de juridiction d’appel. Et cela pose un problème au regard de ce qu’on considère être la Justice ».

Vu que le Conseil Constitutionnel était déjà un recours après la décision de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, on peut résumer Nadine Morano ainsi : la bonne justice, c’est celle qu’on peut saisir autant de fois qu’on le veut jusqu’à ce qu’on ait le jugement que l’on souhaite.

Devenez riche rien qu’en bloguant

Bonjour,

je m’appelle Maurice Morris et j’ai une nouvelle exceptionnelle à vous apprendre. Savez-vous qu’il est inutile de travailler beaucoup pour gagner énormément d’argent ? Savez-vous que la majorité des gens qui ont un gros capital en banque ont débuté leur vie avec de petites épargnes ? Avez-vous remarqué que souvent vous avez envie de faire quelque chose, mais que vous n’arrivez pas à le faire ?

Zen le web

Je n’écris pas ceci à la légère. La réflexion que je compte vous apporter est mûrement réfléchie et est le fruit de mon travail. J’ai, en effet, depuis plus de dix ans, tenu des blogs à succès comme Doctissimo (où je participais sur le forum sous le nom de « hypocondriaquedu75 ») ou Marmiton (la recette du quatre quarts à l’orange : c’est moi !).

Depuis, autant vous le dire, je vis une vie d’exception : je suis invité sur tous les plateaux des émissions télévisées parce que mon avis compte (on m’a vu notamment dans le public d’On n’est pas couché) et mon expertise s’arrache (cf. le courrier des lecteurs de Oise Hebdo de mars 2011).

Aujourd’hui, maintenant que j’ai tiré un bénéfice conséquent de mon travail, j’ai envie d’en faire profiter les autres. Contrairement aux énarques de notre pays, je considère que les richesses se partagent et je pense qu’il y a de la place pour que chacun puisse vivre de son activité sur Internet.

Ne croyez pas que j’essaie de vous embobiner, surtout si c’est ce que vous croyez ! C’est vrai, je ne vais pas vous mentir : des arnaqueurs sur Internet, il y en a ! Alors, si vous pensez que j’en suis un, laissez-moi d’abord vous demander ceci : pourquoi aurais-je besoin de vous arnaquer alors que je gagne entre 7 et 8000 euros par mois ?

Oui, VOUS NE RÊVEZ PAS, je gagne entre 7 et 8000 euros par mois rien qu’avec mon activité de blogueur professionnel. Et c’est ce que je vous propose de gagner également simplement en lisant la suite de ce message.

Convaincu ? Qui ne le serait pas.

Maintenant que vous avez bien compris que je n’ai aucun intérêt à vous arnaquer, sachez également que je propose mes conseils TOTALEMENT GRATUITEMENT(*). En effet, je considère que tout le monde devrait avoir ma chance. Je n’ai donc aucun intérêt à « garder les informations pour moi ».

Si vous aussi, vous voulez – comme moi – gagner de l’argent en devenant blogueur professionnel. RIEN DE PLUS FACILE. Il vous suffit de suivre ces 7 points clés à suivre :

1. Parlez d’un sujet qui intéresse les gens. Vous constaterez avec fascination que les sujets qui intéressent les gens intéressent plus que les sujets qui n’intéressent pas les gens ! C’est la première règle pour gagner de l’argent en tant que blogueur professionnel. Exemple : la médecine (doctissimo.fr), les femmes (youporn.com), les jeux vidéo (jeux-videos.com)… Et la liste s’étend à l’infini !

2. Écrivez POUR les gens et pas POUR vous. Les gens aiment qu’on leur parle. Pas qu’on parle de soi. Exemple : qui lit encore Christine Angot aujourd’hui mis à part les lesbiennes frigides ? Personne.

3. Renseignez-vous sur le sujet de votre blog. Trop de gens pensent parler d’un sujet qu’ils ne maîtrisent pas assez bien. Exemple : un banquier parlera plus facilement d’argent que de maçonnerie.

4. Faites le buzz. Pour cela, il existe deux méthodes très sophistiquées et efficaces. La première : commentez sur d’autres blogs. Exemple : postez « J’aime beaucoup ton blog » sur tous les blogs que vous fréquentez (attention tout de même à ne pas être contre-productif : si vous comptez écrire un blog affilié à Greenpeace, ne dites pas que vous aimez beaucoup le blog de l’EDF). La seconde : créez le clash. Si vous écrivez un blog pour lever des fonds afin de stopper le nucléaire en France, allez sur le blog de l’EDF et écrivez : « BANDE DE CONNARDS QUI TUER NOS ENFANTS ».

5. Activez votre réseau. Votre mère est-elle sur Twitter ? Votre grand-père a-t-il un profil Facebook ? Créez-leur en un et ensuite, commentez en leur nom sur votre blog et retweetez ou partagez vos articles sur leurs comptes. Vous démultiplierez ainsi l’effet dit de « referencing » et engendrerez de nombreuses visites qui stimuleront l’intérêt des gros bonnets pour votre blog et en quelques jours ou semaines, vous serez l’invité de « Des clics et des claques » !

6. Investissez ! Pour accélérer votre réussite, il est possible d’acheter des followers sur Twitter ou des amis sur Facebook. C’est un excellent moyen de booster votre succès. Je propose, d’ailleurs, aux plus assidus d’entre vous, un atelier spécial : « Le turbo des profils fantômes »(**)

7. Et surtout le plus important pour réussir : appuyez-vous sur des blogueurs reconnus et émérites. Par exemple, moi-même, je propose une formation « Devenez riche rien qu’en bloguant ». Je la vends au prix modique de 1500 euros. Cette formation est disponible à la carte (200 euros chaque module) sur une durée d’un mois, à raison d’une demi-journée par semaine. Vous y apprendrez toutes les ficelles techniques de «referencing» et de «monetising» de votre travail en tant que blogueur professionnel. Vous pourrez également participer à des masters-classes avec des pros du bloguing pro. Et vous aurez toute l’aide nécessaire pour bien démarrer votre vie numérique (« S’inscrire sur Facebook : éviter les pièges », « Twitter : activer la géolocalisation » ou « Les filtres qui rapportent sur Instagram »)

N’attendez plus ! Sauf si la perspective de gagner entre 7 et 8000 euros par mois rien qu’en bloguant ne vous intéresse pas(***) !!!

(*) Les conseils sont donnés dans le cadre de la formule « formation continue ».
Profitez d’une ristourne de 20% en achetant 2 formations en même temps. Offre non cumulable.
Assurance «garantie ou remboursé» : si au bout d’un an vous ne gagnez pas au moins 7 euros par mois, nous nous engageons à vous rembourser intégralement une partie de l’argent que vous avez investi dans cette formation sous la forme de carte-cadeau.

Quand Google fait du ménage

Je sais, je débarque. Je vous vois venir avec vos « OLD » à tire-larigot. D’ailleurs, j’ai même pas fait de recherche sur le sujet car je suis sûr que ça a déjà été dit mille fois.

De quoi je parle ?

Voici que tout à l’heure, je faisais une recherche anodine sur Internet comme j’ai l’habitude de faire quand je suis chez moi et que je cherche des choses sur Internet et que je ne trouve pas car, contrairement à ce qu’on croit, on ne trouve pas tout ce qu’on veut sur Internet, c’est pas la Samaritaine, hein. Et donc, en cherchant, Google me prévient que ma recherche est « limite limite » : en effet, Google a été obligé par la loi américaine à ne pas divulguer tous les résultats qu’elle a trouvées sur le sujet qui m’intéresse, rapport au fait que certains d’entre eux « infringent » le copyright (le verbe « infringer » vient de l’anglais « infringement » et c’est une création de moi-même parce que c’est très jolie, je sais) :

chilling

Bon, jusque là, pas de quoi péter la gueule à un canard. De toute façon, mes yeux chastes ne doivent pas voir des résultats qui pourraient compromettre ma stricte obéissance à la loi.

J’ai quand même cliqué sur le petit lien à la fin du message pour voir qui avait demandé à ce que la page de réponses de Google soit étêtée de ces meilleurs résultats. Et là, je lis (pour la petite histoire, je cherchais le mot « Lucky », mais rien à voir avec Daft Punk) :

DMCA (Copyright) Complaint to Google
April 20, 2013
Sender Information:
SONY MUSIC ENTERTAINMENT / COLUMBIA RECORDS

Sent via: online form
Re: Websearch Infringement Notification via Online Form Complaint

Google DMCA Form: Infringement Notification for Web Search

Contact Information
Name: [redacted]
Company Name: Web Sheriff
Copyright holder: SONY MUSIC ENTERTAINMENT / COLUMBIA RECORDS
Country/Region: GB

1. Rights Owner(s) : SONY MUSIC ENTERTAINMENT / COLUMBIA RECORDS
2. Rights Agent : WEB SHERIFF
3. Infringed Rights : COPYRIGHT, TRADEMARK, PERFORMERS & MORAL RIGHTS
4. Infringed Artist(s) : DAFT PUNK
5. Infringed Title(s): RANDOM ACCESS MEMORIES
6. Infringing Activity : COPYRIGHT / TRADEMARK INFRINGEMENT FACILITATION
7. Infringing Search Tag(s) : VARIOUS
8. Infringing Search Listing URL(s) : VARIOUS
9. Infringing Site Location(s) :
http://kat.ph/daft-punk-get-lucky-feat-pharell-williams-radio-edit-2013-single-itunes-mp3-m4a-nimitmak-silverrg-t7330134.html
http://pirateproxy.net/torrent/8388769/Daft_Punk_-Get_Lucky_%28feat._Pharell_Williams%29_Radio_Edit_%5B2013
http://thepiratebay.se/torrent/8383707/Daft_Punk_-_Get_Lucky_2013_%28Real_Track%29_%5B128Kbps%5D
http://pirateproxy.net/torrent/8388599/Daft_Punk_Get_Lucky_%28Radio_Edit%29_%5Bfeat._Pharrell_Williams%5D-_Sin
http://kat.ph/daft-punk-get-lucky-radio-edit-t7329158.html (…)

Suivait une liste de quarante sites où il était possible d’aller écouter ou télécharger illégalement un morceau de Daft Punk (c’est ici).

Finalement, c’est ultra pratique : tous les sites pirates sont donc dorénavant recensés au même endroit et Google vous les met de côté. Comme ça, on a pas à s’enquiquiner à faire le tri avec le véritable spam des offres légales.

Les Grandes erreurs du marketing (16) : le mail qui fait mal

C’est mal de se moquer, je sais, et je n’oserais jamais faire ce type de boulot de peur de me planter, mais c’est drôle. En tout cas, moi, ça m’a fait rire.

Voici donc TextMaster, une entreprise spécialisée dans la correction et la traduction de textes qui a lancé LOOP : « une solution novatrice de traduction et de correction d’emails par des professionnels ». D’où une grande campagne d’emailing que je reçois donc. Dans le mail et le PDF associé, on apprend que TextMaster a commandé une étude et que « le constat est alarmant : 90% des emails envoyés par les entreprises à leurs clients contiennent au moins une faute d’orthographe ». C’est dire. Surtout que c’est « un manque à gagner réel en termes d’image et de compréhension du point de vue du client ». Tu m’étonnes…

Juste après, on insiste encore : « une seule faute d’orthographe peut avoir des effets catastrophiques sur la réalisation d’une vente ou d’un partenariat, et plus généralement sur l’image de l’entreprise ».

Bref, la solution pour éviter cela, c’est LOOP, donc, même si ça coûte des ronds et qui fonctionne comme suit : on crée une adresse chez eux, on envoie le texte à faire corriger et « le contenu est automatiquement soumis à la communauté des 42 000 auteurs professionnels de TextMaster pour être renvoyé, traduit ou corrigé, après quelques heures, à l’adresse de l’expéditeur ». Le prix ? « Par mot, ce service est facturé 1 cent pour une correction et 2 cents pour une traduction ».

Alors bien sûr, quand on envoie un mail de ce genre pour vendre un service de ce genre, il vaut mieux se blinder. Sinon, ça fait tache :

textmaster_cor

Autant dire que ces « enemies » ont incité nombre de destinataires à répondre à l’émissaire de ce mail (une boîte de com, pas TextMaster elle-même, heureusement) pour faire remarquer la faute d’orthographe. Et donc, on a eu le droit à « ERRATUM » constitué du message corrigé avec en introduction cette petite phrase :

« Les ennemies », comme vous avez été plusieurs à le remarquer, prennent bien entendu 2 « n »… pour les autres distraits, adoptez LOOP pour un sans-faute dans l’envoi de vos mails (ou communiqués).

Remarquez, je ne jette pas la première pierre : s’ils avaient utilisé le service LOOP, ça leur aurait coûté 6 euros…

Spring Breakers : la critique s’emballe-t-elle ?

On ne va pas se mentir, les critiques ont mouillé pour Spring Breakers, le nouveau film de Harmony Korine. Les Inrocks ont même consacré leur couverture au phénomène :

Inrocks

Avouons que sur ce film, Les Inrocks se sont dépassés, soutenant le film depuis la Mostra de Venise où il était comparé à du « Terrence Malick sous ecstasy ». Cette première critique du film avait au moins le bon goût de garder une certaine retenue : « [On peut] s’agacer de la façon dont Korine botte en touche, portant un regard à la fois critique et séduisant sur la violence de la gangsta weltanshung. Mais au final, ses twists ironiques, son humour noir, son énergie de série B, sa verve formelle, sans oublier la plastique superbe de ses actrices emportent le morceau ».

Aucune retenue lorsque le même auteur a écrit sa critique lors de la sortie officielle de Sping Breakers comparant cette fois-ci le film à du « Godard boosté au Red Bull » : « Korine filme cette débauche de formes et de couleurs avec une énergie folle, variant ses cadrages, balançant des décharges de montage en cut-up, bombardant les mots Spring Break comme un mantra » avant de conclure, superbe : « Derrière le rêve illusoire du Spring Break, les fractures ethnico-sociales et la violence de l’Amérique rôdent toujours. Korine déchire la carte postale floridienne et déniaise le Spring Break. »

Une autre « plume » des Inrocks officiant sur les ondes du Masque et la plume, vivant mal que le film n’ait pas été retenu par un Jérôme Garcin inspiré, a tenu à en parler lors des conseils à la fin de l’émission ajoutant à cette pandémie d’onanisme intellectuel : « C’est une critiqueuh de l’état terminale de la sociaytay du spayctacle qui va vraymant vayrs sonne apocalypse, mays cette apocalypse, i en fayt une sorteuh de feuh de joâ et c’est hein film totalemant jubilatoâre à la fois fayroce et trés trés drôlay ».

[mejsaudio src= »http://www.artypop.com/wp-content/uploads/2013/03/springbreakers.mp3″]

On aura bien sûr compris que si Les Inrocks ont beaucoup apprécié le film, c’est qu’il leur permettait, sous le vernis « œuvre d’auteur », de foutre des meufs en bikini sur la couverture, s’assurant de surcroît, grâce à la présence de Vanessa Hudgens et de Selena Gomez, un effet viral évident et une probable augmentation subtile des ventes en kiosque. D’ailleurs, j’ai trouvé la couverture des Inrocks en question sur le site de Selena French Web. Quand je pense ce qu’était ce journal, j’ai mal à ma mémoire.

Je me moque des Inrocks parce que je suis un connard jaloux, mais ce sont loin d’être les seuls à s’être branlés la nouille devant Spring Breakers : Les Cahiers du cinéma, Elle, Télérama et Paris Match ont, semble-t-il, été tout aussi émoustillés par ses jeunes filles en fleur et en bikini pendant 99% du film :

Critique

Pourquoi une telle unanimité ? Parce que c’est pas tous les quatre matins qu’ils vont voir un film qui peut se vendre auprès du public comme « film d’auteur » (parce que c’est Harmony Korine qui l’a réalisé, le GÉNIE qui a pondu en deux semaines le scénario de Kids, qui a filmé l’ovni Gummo et le très radical Julien Donkey Boy, qu’il est sorti avec Chloë Sevingy, qu’il a pris des drogues, qu’il a bu de l’alcool, qu’il a été très malheureux et qu’il adore le cinéma français depuis ses douze ans) où quatre filles passent leur temps à poil et où le nihilisme du scénario est un support à toutes les interprétations fumeuses propre au plaisir du critique de cinéma.

Et concrètement ? Spring Breakers est une belle grosse bouse. C’est une tentative de réhabilitation maladroite et désespérée d’un type paumé qui ne vit que sur cette gloire éphémère qu’ont été les cinq premières années de son travail. Korine refait du Gummo, pour ainsi dire, en moins extrême et surtout avec des stars pour s’affirmer bankable. Un statut soutenu artificiellement par des critiques en mal d’émotions.

Alors, oui, certains se pâment devant le montage « cut-up » comme ils l’appellent eux-mêmes, fascinés par l’idée de montrer quelques plans d’une séquence avant qu’elle n’arrive dans le scénario, idée liée par des bribes de dialogues. Ainsi, l’une des jeunes filles va se faire tirer dessus, on voit trois plans d’elle avec du sang sur le bras, avant même qu’on ne nous ait montré la balle le traverser (son bras). D’autres s’extasient devant les répétitions des dialogues (appelons ça « remplir le vide ») « totalement jubilatoires » pour reprendre le critique du Masque et la plume. Par exemple, ce dialogue répété une quinzaine de fois :

  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)

Mais si voir des culs et des seins comble vos appétits cinématographiques, comme cela semble être le cas pour la critique française, alors un seul mot : foncez.