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Auteur/autrice : Romain

La Belle et la bête mis à plat

Foutage de gueule. Voilà. Je n’ai rien d’autre à dire. Non mais, sérieux, Walt, tu nous prends pour des caves ? Okokokokok, tu étais mort quand tes héritiers ont décidé de réaliser La Belle et la bête, mais QUAND MÊME, tu n’aurais pas pu vérifier depuis le purgatoire où tu traînes tes guêtres de l’onc’Picsou ? Nom de Dieu, merde, à la fin.

« Il était une fois dans un pays lointain », nous dit le narrateur (l’intro complète est ici), « un jeune prince qui vivait dans un somptueux château ». Il est beau, il est jeune, mais il est « capricieux et égoïste et insensible ». Déjà, on ne nous parle pas de ses parents. Genre, il est « né » prince mais d’une famille royale, non ? Alors où ils sont le roi et la reine ? D’où ils ont fait un gosse comme ça ? Ce n’est pas parce qu’on est prince qu’on ne doit pas recevoir un semblant d’éducation, non ?

Une mendiante arrive et offre une rose pour passer la nuit dans le château et éviter le sort des SDF parisiens qui sont obligés de s’allonger sur des bouches de métro. Soit. Mais, bon, le prince, ce n’est pas non plus l’armée du salut. Si c’est comme ceux de l’émission de télé-réalité de TF1, il a peut-être déjà du mal à donner le gîte et le couvert à ses sujets. Bref, il refuse, fout la mendiante à la porte qui lui sort une banalité (« la vraie beauté vient du cœur », comme disait Monsieur Manatane : « Ce sont les moches qui racontent ça »). Pas de bol, c’était une fée et elle lui jette un sort : elle le transforme en « une bête monstrueuse ».

Sympa, elle lui laisse aussi la rose qu’elle voulait lui offrir et qui doit se flétrir le jour de son vingt et unième anniversaire. Pour « briser le charme », le prince devra « aimer une femme et s’en faire aimer en retour ». Homophobie ? On pourrait le croire, mais le « monstre » qu’il est devenu ferait fureur dans des boîtes bears, donc en fait, ça ne le ferait pas tant chier que ça d’être poilu.

S’il n’y arrive pas, il restera un monstre « pour l’éternité » (doit-on comprendre qu’il est immortel ?).

« Plus les années passaient et plus le prince perdait tout espoir d’échapper à cette malédiction car en réalité qui pourrait un jour aimer une bête ? », conclut le narrateur, alors que le château a sombré dans les méandres de la mélancolie. Puis, titre et nous voici dans un petit village charmant où vit Belle.

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Je ne vais pas raconter tout le film. Mais sérieusement.

Non. Sérieusement.

Il est dirigé par qui ce village ? C’est comme dans Sacré Graal ? Une collectivité autonome ? Et ce château, là, personne n’a l’air de le connaître. Personne n’a l’air de savoir qu’il y a un prince et donc certainement un roi et une reine ? De qui on se fout ? Moi, je veux bien y croire si le château était à l’abandon depuis trente ans. Mais, même pas ! Si on tente de faire une chronologie des événements : en 1431, le prince naît. Sa mère meurt en couche et son père décède tragiquement pendant une bataille en Toscane. Soit. Il est (mal) élevé. Puis disons à quinze ans, pas bien avant quand même, il y a le tragique épisode de la mendiante-fée (quelle fourbe, celle-là). Nous sommes en 1446. A priori, le royaume de ce prince continue d’exister et même s’il est petit, son royaume, il va quand même un peu au-delà de son jardin, non ? Sinon que quelqu’un m’explique comment il survit, le prince et ses sujets ? Il faut bien des paysans, il y a des serfs, des vilains, il faut bien des nobles, comment vivent-ils ?

Alors, nous voici en 1446, nous avons un village perdu au milieu de rien, à côté un château que personne ne connaît ou presque et le prince n’est toujours pas devenu une bête. La fée passe, fait son cinéma (blablabla beauté de l’intérieur, blablabla) et voilà que d’un coup, le château devient un no man’s land et le prince un monstre.

On sait par le narrateur que de nombreuses années passent. En réalité pas bien plus de cinq ans. Le prince approche de la vingtaine, nous sommes probablement en 1451, mais en réalité, on s’en fout puisqu’il est « bête pour l’éternité » au moment où on parle et tous ses sujets sont devenus des objets domestiques. Dont une maman-théière et son fils-tasse au rebord ébréché. Question bis : il est né comment ce gamin ? Il était né avant de devenir une tasse ? Elle a couché avec qui la théière ? Donc il a grandi ? Au départ, c’était un dé à coudre et puis aujourd’hui c’est une tasse à thé ? À qui veut-on faire gober ça ?

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Mais la suite est encore plus improbable (si c’est possible). Voici que soudain, un soir de pleine lune, le père de Belle se perd et tombe sur ce château. Qui a l’air sacrément loin parce qu’il est parti de chez lui aux aurores. Après la surprise (« Bon sang, un château ? Ici ? Et ça fait soixante ans que j’habite là, je ne l’avais jamais vu dites ! »), il se fait emprisonner. Belle va partir à sa recherche grâce au cheval super intelligent de son père qui a retrouvé un super raccourci pour rentrer car il lui faut moins d’une heure pour revenir dans la maison de Belle et encore moins de temps pour emmener Belle au château. Et quand elle arrive dans le cachot de son père, on jurerait que ça fait trois mois qu’il est là.

Un peu plus tard, quand les villageois se décident à mener une action populaire pour brûler le château (dont – sans qu’on comprenne bien pourquoi – tout le monde se rappelle subitement l’existence comme celle de la bête qui l’habite), ils y vont à pied en moins de dix minutes. Genre. Y a de nouvelles routes qui ont été pavées pendant la durée du film ?

Franchement, messieurs de chez Disney, je vous aime bien, mais c’est déjà assez compliqué de faire comprendre à nos gosses qu’une année c’est 365 jours divisés chacun en vingt-quatre heures composées chacune de 60 minutes et qu’il faut une heure pour faire Paris-Fontainebleau et non, y a pas plus court, c’est à cause des embouteillages sur l’A6 et maintenant ferme ta gueule et regarde ta Nintendo, sans que vous ne veniez nous compliquer la tâche.

À moins que votre dessin animé ne soit une approche de la relativité restreinte d’Einstein afin de faire comprendre les problèmes de dilatation du temps et les contractions des longueurs dans le cadre d’un village en gestion collective autonome, mais dans ce cas, vous auriez pu le dire clairement.

Rêve de Blédi (un premier roman)

Préface de Nicolas Demorien

Chaque génération à son auteur phare qui exprime le mal-être de l’époque. J. D. Salinger, Jay McInerney, Bret Easton Ellis et aujourd’hui Julia Cork. Née en 1998 et âgée aujourd’hui de douze ans, ce jeune auteur a su comme personne jusqu’ici décrire les changements psychologiques entre l’enfance et l’adolescence. Inspirée par Françoise Dolto, sa prose légère et incisive fait mouche et reste en tête comme un poème de Rimbaud dont elle a le talent.

joyce.jpgAprès trois ans à la maternelle Henry IV, Julia Cork a pris son envol en suivant les cours de la maîtresse Martine Joubert à l’école primaire du Bon Sauveur. C’est là qu’elle a découvert la passion de l’écriture transmisse par son arrière grand-père par alliance, le célèbre auteur des Gens de Dublin. Ce besoin de raconter des histoires, Julia Cork l’a exprimé magistralement dans un texte en prose de 2005 : « ce feu brûlant qui coule en moi ». Son premier roman, « Rêve de Blédi » est le cri déchirant d’une enfant à qui on interdit de manger des compotes parce que « ce n’est plus de son âge ». Un texte court et dense sans concession qui en dit plus long sur la génération des 6-12 ans que de nombreux romans contemporains. Une artiste est née, elle s’appelle Julia Cork.

Rêve de Blédi
par Julia Cork

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Chapitre Un

Il ne manque pas grand-chose finalement. La naissance, la vie, la mort. Trois étapes. Une seule peau. Rilke me parle : « Il y a une quantité de gens, mais il y a encore beaucoup plus de visages, car chacun en a plusieurs ». Je ne suis pas unique, je suis plus.

*

Midi. Cantine. Frites. Miam.

*

C’est la rentrée des classes. J’ai encore cette conne de Joubert. J’en reviens pas. Il y a huit instituteurs, deux maîtresses, et faut que je me tape la Joubert. Baptiste qui est à l’école avec moi à Monsieur Martin. Monsieur Martin, c’est un mec bien. Un jour, je l’épouserai.

*

Je ne sais pas si c’est le silence de la campagne, mais j’aime de moins en moins Meaux. Je ne sais pas pourquoi il a fallu partir de Paris. Papa a dit un jour : « Les enfants, on doit s’en aller, j’ai eu une grosse promotion ». Le lendemain, nous partions.

*

Avec Manon, on a demandé à la maîtresse si on pouvait faire la sieste parce qu’on voulait pas dessiner. Elle nous l’a interdit. On était dégoûtées.

*

Maman ne veut pas que je prenne une compote. Je suis trop vieille pour elle. Je n’ai pourtant que six ans ! J’ai encore le droit à ma compote, non ?

*

Journal secret. On a joué cet après-midi après la cantine. On s’est échangé nos Silly Bandz et je me suis trompée : j’en ai pris un à Manon et je ne le lui ai pas rendu. Alors Faustine l’a dit à Manon et maintenant Manon veut plus être ma meilleure amie. Alors qu’on est les meilleures amies du monde, je le sais. Et un jour, je l’épouserai. J’ai répété et répété que je l’avais pas fait exprès, mais Faustine, elle a continué de raconter des cracks comme quoi je l’aurais fait exprès. ALORS QUE C’EST PAS VRAI. La bitch.

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Les Grandes erreurs du marketing (14) : le retour de la traduction

Quoi de mieux que de se reposer sur les autres pour me filer des idées pour mon blog ? Bah voilà. Grâce à lafillelabas, je peux vous offrir un nouvel épisode de notre célèbre série des Grandes erreurs du marketing. Et à l’heure des soldes, amusons-nous encore avec les plus belles traductions de notre enfance grâce au géant de l’ameublement, non pas Ikea, l’autre (qui est aussi détenu par Ikea remarquez), Habitat.

Par exemple, comment traduiriez-vous « Love Your Home » ? Hein ? C’est une question. Habitat répond avec habileté : « Love Your Home » se traduit par… mais regardez plutôt :

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Voilà. On le traduit par « Love Your Home par Habitat ». Si ce n’est pas l’application claire et nette de la loi Toubon, je ne sais pas ce que c’est.

Mais Habitat nous offre un peu plus encore. On pense que les textes sont relus en France, mais pas du tout. En fait, ils sont moulinés dans le traducteur automatique de Google et ça nous donne un beau résultat :

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« Vous êtes entre de bonnes mains », nous promet-on, « Le site web Habitat vous permet, en un seul clic, d’acheter de beaux et innovants produits ». Je suis fan des innovants produits pour ma part. L’encart Chèque Cadeau est lui aussi magnifique :

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Un chèque ? Une chèque ? Mon cœur balance et celui du rédacteur avec.

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On appréciera tout particulièrement l’absence d’accent sur le « Montage a domicile », et les répétitions sympathiques (« montage » / « monter », « aide » / « aide »…), avant d’admirer les « Retours » qui sont gratuits « selon les conditions générales présentent sur le site web pour ». C’est un peu comme si on avait voulu écrire une phrase puis qu’on avait passé les mots dans un mixer géant.

Sur ce, vous laisse je, vos parents amitiés mes à.

Surchargé

Bonjour,

vous êtes bien sur le blog de Romain.

Je ne suis pas là pour le moment, mais si vous le souhaitez, vous pouvez me laisser un message. J’y répondrai dans les plus brefs délais.

Parlez après le clic.

Dieu est un farceur (de havanes)

Oui, bon, je sais, vous allez me dire : « encore une fois la Loi de Murphy », tout ça parce que je vais me plaindre quelques minutes de mon début de journée qui a été aussi chiant que l’écoute du coffret de l’intégrale de Michel Sardou en boucle. OK.

Et bien non. Jeune ami (ou vieux lecteur), je vais me permettre de te faire remarquer un truc, ce que tes amis et toi appelez la « loi de Murphy », ce n’est pas la loi de Murphy. Ce n’est pas non plus le destin, ni le Yin et le Yang qui se déséquilibrent.

La loi de Murphy, c’est une vaste fumisterie.

Il n’existe pas de loi qui dit que « ce qui peut empirer empirera » avec le corollaire « ce qui ne peut plus empirer empirera quand même ». Ce qu’on appelle communément la loi de Murphy, je vais vous dire tout de go ce que c’est : Dieu.

Oui, Dieu.

Car Il existe.

Et comme Il est omnipotent et omniscient, qu’on soit huit, cent mille ou quinze milliards, c’est pareil pour lui. Il peut s’occuper de chacun de nous sans se préoccuper de ce qui se passe à côté. C’est d’ailleurs pour ça qu’on peut prouver sans erreur possible que le blog de Dieu qu’on trouve sur la toile n’est pas écrit par Dieu, car Il aurait le temps de rédiger beaucoup plus quels que soient les résultats des championnats de ping-pong.

Ainsi, Il peut tout à fait s’intéresser à un paumé mauvais charpentier de Judée en même temps qu’Il s’intéresse à faire trébucher une vieille dans la rue en 2020. Car, il faut le savoir, Dieu est fondamentalement méchant. Enfin, pas méchant, mais Il aime rire du malheur des autres. Donc Dieu est allemand, puisque – c’est bien connu – seuls les allemands ont un mot dans leur vocabulaire pour exprimer cette idée : « schadenfreude ».

Et Dieu, c’est un peu comme Bouchard, mon prof de maths de première. Il a ses têtes de turcs (c’est bon ? turc ? je peux dire ?). On sait pas trop le processus de choix, disons que c’est un peu comme le loto. S’Il vous a à la bonne, Il vous fait naître dans un endroit un peu sympa, sinon, c’est les mines de diamants en Afrique et pas le droit de moufter.

Et comme Bouchard, il y a ceux qu’Il encadre un peu moins que les autres. Et quand ça nous tombe dessus, c’est la guigne. On passe tout le temps au tableau, on se fait engueuler, on est convoqué chez le proviseur. Bon, c’est là que l’analogie s’arrête parce que Dieu ne réfère pas à un proviseur de ses actions.

Nous voilà donc avec notre Dieu qui a décidé – on ne sait pas pourquoi – de nous faire chier. Tout comme un petit nombre d’élus ont le droit, eux, d’être choyés. Pas de raison, juste comme ça, c’est vraiment un délit de faciès. On lui plaît ou pas, mais une fois qu’Il a pris sa décision, Il s’y tient. Avec Bouchard, un 14 pouvait changer la donne (mais c’était pas facile d’avoir 14 quand il vous avait dans le nez).

Il y a ceux qu’Il déteste. Et là, vous allez en chier : famine, travail à cinq ans, suicide de votre famille, Michel Drucker vous invite à Vivement Dimanche, bref, la grosse merde.

Et il y a ceux qu’Il aime bien faire chier, en raison de notre « schadenfreude » sus-mentionné (oui, c’est un peu confus car je perds le fil de mon histoire en raison du train qui bouge trop). Typiquement, moi, Dieu, Il m’a pas à la bonne. Il aime bien me taquiner. Ça le fait marrer.

Ce matin, je me lève, je pars retrouver ma famille donc il faut que je me lève, envie de sieste ou pas.

Direction la cuisine où je me prépare un thé la tête dans le cul, donc j’en renverse la moitié à côté, je dois passer la serpillère et ça tombe trop bien car je suis déjà pas à la bourre, je finis la vaisselle, je prépare la poubelle à sortir, mais comme j’ai perdu le seau, elle coule tout le long du couloir.

Rebelotte la serpillère, En revenant, je me rappelle que la bouilloire fuit (c’est ballot), y a de l’eau partout, mais maintenant la serpillère est trop trempée, donc on passe à la mission essuie-tout et dans un véritable geste écologique, j’en utilise un rouleau complet pour éponger. Je ramasse tout le papier mouillé pour le jeter. Merde, c’est vrai : j’ai pas remis de sac poubelle.

« Pas de panique, reste zen », je me dis. Mais je sens bien que je commence à plus être zen du tout. Je me mets à chanter (c’est ce que je fais quand je m’énerve, pour faire passer la tension inhérente aux emmerdements). Donc sur un non-air musical je commence : « super, journée de merde qui fait chieeerr, je sens que ça va être bien marraaaaaaaaant, t’as vraiment rien de mieux à foutre que ça monsieur Dieuuuuuuuuu ». C’est alors que dans un second temps, je me dis : « non, non, psychologie inversée, mec, fais comme si ça te passait grave au-dessus ». Je reprends ma chanson : « Mais je m’en fous… parce que c’est exactement ce que je voulaiiiiiiiis, Donc ça m’emmerde paaaaaaaas ».

Je finis tant bien que mal ma préparation, renversant la brosse à chiotte par terre, écrasant le dentifrice tombé sous mes pieds et ne retrouvant pas mes chaussettes sur lesquelles j’étais assis quand l’heure fatidique de mon départ arrive.

Il est 9 heures, c’est alors que le temps accélère, les minutes se transforment en secondes, et je commence à voir poindre la catastrophe du ratage de train.

Je commence à me dépêcher, je prends ma valise à roulette, un autre petit sac, et reste les deux sacs de cadeaux, le premier avec les jouets des gosses bien encombrant, le second avec un livre et une boîte de chocolats. Au moment de prendre ce dernier, j’arrive à peine à le soulever. Je regarde si quelqu’un n’aurait pas mis un parpaing à l’intérieur pour me faire rigoler, mais non, c’est juste le livre qui a pris 200 kilos dans la nuit. Ok. Ça va pas être facile. Je sors tant bien que mal avec tous mes sacs, quand le premier avec les jeux d’enfants double de volume ! Je tire pour lui faire passer la porte, mais il se déchire. Je ramasse tout en quatrième vitesse, range n’importe comment la boîte de gros lego qui va finir en playmobil à cette allure et me jette le long de la rue courant vers la station de métro, mais bien obligé de m’arrêter à tous les feux pour laisser passer les voitures.

Lorsque j’arrive Gare de Lyon, j’ai finalement dix minutes d’avance, je suis laaaaaaaarge.

Le train est déjà là, les gens bien installés et j’essaie de caser les reliquats de cadeaux là où je trouve de la place. Finalement, je m’assois, mais là, Dieu – qui n’a pas fini de me faire chier – retarde l’arrivée du conducteur de notre tain en même temps qu’Il lance une inondation sur les rives du Gange, ce bâtard !

Et puis, Il a dû se lasser car le conducteur est arrivé et le train est parti.

Me reste plus que quelques heures à attendre avant de retrouver ma famille, et je me dis que c’est pas un mauvais bougre après tout, ça doit être assez chiant d’être le Dieu Unique. On doit s’ennuyer tout seul là haut. Normal qu’Il ait envie de rire un peu. Bon, je préférerais qu’Il soit une aide plutôt qu’un frein dans ma vie, mais après tout hein, ça pourrait être pire : je pourrais travailler dans les rizières en Thaïlande depuis mes huit ans…

Attendez, un instant, amis lecteurs. La dame à côté veut se rassoir. Oui, Madame, je me lève pour vous laisser la place, attendez j’enlève l’ordinateur et… mais ! Faites attention avec votre café vous allez en renverser partout ! Attention ! ÇA COULE SUR MON PORTABLE !

Krzwrtstghtuprpprtrtt *plonk*

Les Grandes erreurs du marketing (13) : la traduction audacieuse

Comme je suis un être pur qui milite en faveur de toutes les ONG au monde, je suis bien évidemment contre le trou dans la couche d’ozone, contre la déforestation de l’Amazonie, contre la malnutrition (en Afrique exclusivement), contre le travail des enfants, contre la disparition des grands pandas de Chine et, par extension (cherchez pas), contre la malbouffe.

Conclusion : moi au MacDonald’s ? Et pourquoi pas violer un chaton mort avec des vers qui sortent du museau ? (Je trouve cette image très forte au petit déjeuner.)

Tout le monde n’a pas mon humanisme et j’ai même des amis qui vont manger dans des fast-foods de la porte de Champerret. On ne m’y prendra pas.

Bref.

En ce moment, chez MacDo (putain, vous ne pouvez pas imaginer comme ça me file faim de parler de ça à 6 heures du matin), il y a (ça ouvre à quelle heure le MacDo ?) une opération (il y en a un à Denfert, c’est à dix minutes) promotionnelle (on peut y aller en slip ?) pour gagner des cadeaux (je vais prendre trois MacDeluxe) et notamment des trucs gratuits (et des nuggets) comme des hamburgers ou une grande boisson (c’est bon, ça, les nuggets) dans le cadre de l’achat (ou le KFC ?) d’un double menu géant (un bucket ?).

Donc, c’est une carte à gratter qui ressemble à ça (photos © krstv qui m’a envoyé ce scoop) :

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« Monopoly Reload » lit-on. Vous le savez, en France, on n’a pas le droit depuis au moins Toubon et peut-être même avant, d’écrire en langue étrangère dans un message publicitaire sans astérisquer (quoi ? tu connais pas ? c’est le verbe dérivé du nom, c’est très commun, merde, sors de devant ton ordi !) le vocable exotique pour le traduire en bon français bien de chez nous. C’est ce qui fait que les pubs pour Eurodisney pour un public touristique sont bardés de renvois hexagonaux en bas de page.

Chez MacDo, on se plie à cette obligation de bonne grâce. Société internationale de 400 000 employés à travers le monde (sans compter probablement les franchises), la firme sous-traite sa com à The Marketing Store qui « ne vise pas des consommateurs » mais qui « est inspiré par eux ». Et l’inspiration a été (très) grande pour traduire « reload » :

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« Reload » est devenu « re-booster ». Non seulement, la traduction n’est pas bonne, mais en plus, ils utilisent un autre mot anglais(*).

C’eut été drôle, mais The Marketing Store n’est pas connue pour son humour, qu’un autre astérisque nous renvoie vers une autre traduction, genre « Re-booster = re-increase » et ainsi de suite.

Notons que sur le site US de McDonald’s, la promo, c’est : « Monopoly is back! and the odds are better than ever ». Aucune mention de « reload » nulle part. Acclamons donc le Dieu du marketing capable de tels miracles d’approximation.

Bon, et il est sont où mes burgers ?

PS : En rédigeant cet article et pour des raisons complètement stupides, j’en suis venu à vérifier les infos trouvées et j’ai découvert que MacDonald’s a son siège social « 1 McDonald’s Plaza » dans l’Illinois (salut Sufjan). Dingue, non ? Je ne résiste pas à vous montrer le bâtiment principal qui me fait rêver :

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(*) Certes, je concède que « booster » est dans le Robert depuis longtemps mais avec les définitions : « synchrotron injecteur d’un accélérateur de particules », « Propulseur externe auxiliaire destiné à accentuer la poussée des engins spatiaux » et « amplificateur accroissant la puissance d’un autoradio » avec pour chaque définition une recommandation officielle en français.

Les Grandes erreurs du marketing (12) : l’autopromo masquée

Disclaimer : ce post est long et chiant (et non y a pas de contrepèterie ici).

Il y a bien longtemps, alors que la majorité des gens sur Twitter aujourd’hui tétaient leur biberon à la térébenthine, j’étais déjà sur Internet à arpenter les arcanes du savoir universel. On allait sur les forums de discussions, les « newsgroups », pour discuter avec ses potes autour d’un sujet de conversation donné : les animaux, la musique, la littérature, la langue anglaise… Moi, j’étais sur fr.rec.cinema.discussion, le newsgroup consacré au cinéma. Il y avait une ribambelle de connectés et nous devisions brillamment des œuvres majeures du septième art et ces milliers d’octets de discussions sont dorénavant perdus à jamais dans les limbes de l’internet. Inception staïle.

Un peu comme sur Twitter aujourd’hui, il y avait les cadors, ceux qui parlaient beaucoup plus fort que les autres et qui avaient une cour versaillaise derrière eux prête à mordre le jarret des importuns. Et, comme on n’était pas vraiment limité à 140 caractères les conversations s’éternisaient et les citations intégrales s’accumulaient jusqu’à ce que — par ras-le-bol — on ne lâche l’affaire.

L’un d’eux, particulièrement prolixe et qu’on appellera YR pour se prévenir des potentiels référencements malencontreux, pouvait tanner quelqu’un des heures pour avoir osé dire qu’il appréciait un film que lui-même considérait comme nul. La demi-mesure n’existait pas dans son vocabulaire et il a mis son talent d’emmerdeur professionnel au service de la grande littérature : les essais cinématographiques.

Jusqu’ici, il en a rédigé deux. Le premier sur Woody Allen « dans un style simple et clair », le second sur la mise en scène au cinéma « dans un style simple et précis » (il a été invité la semaine dernière sur Radio Courtoisie pour en parler) :

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Je ne vous les conseille pas, mais ce n’est pas vraiment là où je veux en venir.

Ses livres sont disponibles sur Amazon. Et dans les jours qui suivirent la sortie de son premier opus sur Woody Allen en 2006, trois commentaires particulièrement élogieux sont apparus, l’un de l’éditeur et deux d’internautes dithyrambiques :

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« Ouvrage pertinent » et « à marquer d’une pierre blanche ». Je connais le bonhomme, c’est un peu improbable, mais après tout, il a ses fans. Et même si Jean Lomi et Gédéon Parmesan n’ont jamais écrit qu’un commentaire chacun, rien n’indique qu’il s’agisse d’YR dans un geste d’autopromotion de seconde catégorie.

Depuis, plus rien n’avait été écrit sur ce bouquin. Mais un internaute, face à une telle logorrhée, s’est décidé à l’acheter (je ne sais pas qui c’est) et la semaine dernière, il le commente sur Amazon pour se dire « très déçu » :

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Le même jour débarque un certain Zelig — qui avait jusque là publié sept commentaires (dont une descente en flamme d’Un Prophète) (et qui devait probablement faire de la veille quotidienne sur ce livre en particulier) — pour assassiner le malheureux lecteur :

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Puis Zelig se dit qu’il est temps de pondre un autre commentaire dans un style « simple et clair et précis » et bien sûr, il va sur la page de l’autre livre d’YR et nous sort une analyse fracassante :

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Évidemment, on se demande si ce Zelig ne pourrait pas être lui-même l’auteur du livre, ce fameux YR. Mais comment en être sûr ? C’est peut-être un défenseur des grands essais de génies incompris après tout. Alors, en regardant les sept autres commentaires de Zelig, on tombe sur celui-ci :

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qui ressemble étrangement à la chronique de la même vidéo sur un journal musical en ligne et signé par… YR lui-même :

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Le mec qui s’auto-félicite de sa propre production en se faisant passer pour un internaute lambda et qui en profite pour insulter le goujat qui n’a pas su apprécier son œuvre, je dis : « grande classe ».

Les Grandes Erreurs du Marketing (11) : Orange, le réseau tout pourri

Dans ma série des grandes erreurs du marketing, je ne sais pas si vous avez vu cette grande campagne d’affichage dans les rues pour le réseau 3G+ d’Orange. On voit un panneau noir (classique) et au centre en lettres orange (re-classique), on lit : « Youpi ! ». Un petit astérisque sur le côté explique la raison de cet émerveillement (et Dieu sait qu’il y a de quoi !), c’est qu’Orange a été élu meilleur réseau en France pour la 3G par l’ARCEP, l’autorité de régulation des téléphones que l’État contrôle, tout comme (encore un peu) Orange. Bon, le PDF en lien ci-joint n’a strictement aucun intérêt puisqu’à base de formules compliquées qui font mal au crâne, mais le bilan est là : comme par HASARD, Orange est le MEILLEUR opérateur et en a tiré sa campagne de pub : « Youpi ! Nous sommes les meilleurs ». Orange a même envoyé un SMS à tous ses clients : « Vous avez raison de préférer Orange. Nous offrons le meilleur réseau mobile en couverture et en qualité de service en France métropolitaine selon l’ARCEP ». Genre.

Chez moi, à Paris, dans mon appartement, on ne capte pas en 3G et à peine en EDGE. Pire : quand le réseau bascule de 3G à EDGE, on perd systématiquement la communication. Pratique ! Orange accuse les murs qui bloquent la toute gentille 3G qui veut passer. Ok, ok, soit. Mais pendant mes vacances, j’étais sur la terrasse d’une maison dans un bled « 100% couvert » selon le site même de couverture d’Orange. Pour le coup, qu’on ne vienne pas m’arnaquer avec les murs. Et avec mon iPhone 3GS chez Orange, je ne captais rien tandis que le même téléphone chez SFR affichait un insolent « cinq barres » en 3G. Bref. En hommage à cette campagne de pub et ce réseau de daubasse pourri à la pisse de chat d’Orange, j’ai fait une compil’ de la qualité du réseau qu’on a chez Orange quand on est couvert en 3G « à 100% » selon l’ARCEP. Enjoy.

Orange, le réseau de merde

Mon conseil : si jamais un jour vous voulez un téléphone portable avec la 3G, évitez Orange.

L’ultime preuve

Twitter a le talent de ses auteurs. Hier, un événement tragique était annoncé en forme coup de poing par un David Carzon qui n’était pas encore parti à la Route du Rock :

Je débarque ou quoi ?

Le tweet était accompagné d’une capture rapide de l’avis de décès (qui n’aurait pas scoré énorme chez Acquine, mais bon) :

C'est dans le journal

La question posée (« je débarque ou quoi ? ») n’avait qu’une valeur de surprise dans la mesure où on se doute bien que personne ne va s’amuser à balancer un « faux » avis de décès dans un quotidien national (et accessoirement payer 45 euros la ligne HT). Et puis, on imagine assez bien les conséquences tragiques sur les relations du décédé quand on voit qu’un simple tweet concernant Bernard Montiel a pris des proportions gigantesques.

Mais pour d’autres, il y avait légitimité à s’interroger sur la véracité de l’information même si un avis dans Libé, c’est déjà quasi une certitude. Probablement des étudiants en journalisme (recoupe tes sources, coco). D’ailleurs s’il fallait vraiment s’en convaincre, une simple recherche sur le compte Twitter d’un des fondateurs de Vice, Gavin McInnes, ne laissait planer aucun doute sur le sujet (ni sur la cause d’ailleurs) :

C'est officiel

Or, on le sait, rien n’est jamais vrai sur Internet (d’ailleurs, Hamid Karzai s’est converti au christianisme, je n’en reviens pas). Conséquence : quelques tweets s’interrogeaient. « Pas possible, c’est un fake ? », « Quelqu’un a une preuve ? »… Et – malgré la tragédie en elle-même – j’ai pas pu réprimander un fou rire (et c’est mal) en lisant celui-ci :

La surprise

Ah bah alors c’est sûr : puisque son compte Facebook est toujours là, c’est forcément qu’il est en vie. C’est ce qu’on appelle l’ultime preuve. Alors, remballe ton Libé pourri qui diffuse des infos même pas vérifiées ! C’est bien la peine d’inquiéter les gens, j’te jure…

Muriel Cousin : l’éminence grise de Guillon

Il n’y a pas longtemps, j’étais bloqué au Maroc à cause du nuage de fumée de merguez qu’un salopard faisait cuire sur son barbecue en Islande. Je ne vais pas épiloguer encore sur le sujet, mais il se trouve que pendant ces vacances forcées, j’ai eu le loisir de lire un exemplaire de Grazia, un très chouette magazine d’une très bonne société que j’adore et à qui je fais des bisous au cas où elle veuille m’engager.

Quoi qu’il en soit, je tombe sur un article à propos de Muriel Cousin, la femme de Stéphane Guillon (et pas une meuf de La Classe, comme j’en étais persuadé) (ou alors, ce sont les mêmes et y a escroquerie quelque part), et j’apprends une foultitude de choses toutes plus palpitantes les unes que les autres.

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D’abord, elle a « l’impression de vivre avec un Rolling Stones », c’est vrai qu’entre un Mick Jagger ou un Keith Richards, la ressemblance est stupéfiante. Pas le genre à se vanter, elle explique que « le petit pot à tabac pour décrire Martine Aubry, c’est [elle] ». Muriel n’a pas sa langue dans la poche et elle dénonce : « C’est fou d’entendre ce ministre de l’immigration accuser aujourd’hui Guillon de racisme » (oui, ça date de la première semaine d’avril).

Le journaliste revenant sur la polémique « Éric Besson et la comparaison avec une fouine de la part de Stéphane Guillon », voici que Muriel, toujours prête à rester dans l’ombre le corrige : « Avec Stéphane, nous avons simplement joué avec le cliché générique du traître ». Oui, c’est qu’il faudrait pas croire que Guillon a trouvé l’idée tout seul. C’est sa femme qui a tout coordonné en loucedé, pendant que Stéphane recevait les projectiles. C’est elle, la subversive, son mari n’est qu’un pantin entre ses mains habiles.

Toujours à propos du « petit pot à tabac » (dont on va finir par croire que c’est là son unique titre de gloire) elle ajoute que, quand « Guillon qualifie Martine Aubry de ‘petit pot à tabac’, il le met dans la bouche de Bertrand Delanoë ». Exactement la même chose que Didier Porte et son « j’encule Sarkozy » un mois et demi plus tard. À croire que faire parler fictivement les hommes politiques dans des chroniques, ça ne reste pas, alors que les insultes, oui.

Vient le passage-vérité de l’interview : Guillon est un saltimbanque « qui doute » et Muriel « le rassure ». D’ailleurs, le sujet, en général, c’est à deux que ça se trouve : « Stéphane dévore la presse, moi les livres ». Puis ajoute « j’ai une admiration sans bornes pour sa clairvoyance et son courage (…) et quand la séance commence, on entre dans une sorte de bulle où les règles changent : on ne se parle plus de la même manière ».

À ce moment de l’article, on imagine Muriel en transe interprétant la danse des sept voiles tandis que son mari, assis sur la table de campagne de la cuisine en bois véritable, rédige sa chronique.

Le journaliste interroge alors : « Avez-vous envie de sortir de son ombre ? ». Et là, la Muriel, elle n’en peut plus. Je ne suis pas dans l’ombre, c’est moi qui fais TOUT, semble-t-elle vouloir hurler. « Je fais du Stéphane Guillon comme d’autres font de la peinture ». En substance : Stéphane est la Mona Lisa de Cousin de Vinci. « J’ai très vite eu envie de l’emmener là où il n’osait pas aller. Par exemple, dans son dernier spectacle, je lui ai demandé d’écrire un sketch sur son enfance. C’est un de mes préférés ». Et par extension, c’est le meilleur et c’est Muriel qui lui a fait écrire.

Ah, Muriel, heureusement que tu es là. Sans toi, l’humour en France serait si différent et si triste. Encore plus que si Val avait décidé de laisser sa chronique à 7h55.

Un peu plus loin, elle continue de nous émouvoir : « Nous vivons la vie douce et banale d’une famille recomposée de sept enfants ». C’est vraiment très banal. « De son côté, Stéphane jardine, il s’occupe de ses vieilles voitures ». Tiens, il y a un autre humoriste qui s’occupe de ses vieilles voitures : Jay Leno, l’animateur du Tonight Show, le salopard qui a fait virer Conan O’Brien de NBC.

La conclusion : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ». Bah oui, ça, quand on a sa double page dans Grazia, c’est bien connu, on est pas des people.

Grazia, quand est-ce que tu m’interviewes ?