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Auteur/autrice : Romain

Murielle Cousin : la grosse menteuse

Rappelez-vous, en avril 2010, Murielle Cousin était interviewée par Grazia sur son rôle d’éminence grise auprès de son compagnon Stéphane Guillon. À cette occasion, elle racontait au journaliste une série de bobards dont : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ».

Gala cette semaine :

« Ah ouiiiii, non, mais ‘sans photographes’, on voulait dire sans photographe de la famille, c’est-à-dire que c’est pas l’oncle Bruce qui allait prendre des photos, voilà, mais des professionnels. Pffff, les journalistes vous déformez toujours tout… », nous a (presque) répondu Murielle.

(merci à Carlo de sa vigilance)

Hashtag mère

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#A #l’époque, #nous #étions #jeunes #et #larges #d’épaules, #mais #aussi #nous #étions #de #véritables #précurseurs, #des #pionniers #façon #conquête #de #l’Ouest. #Bref, #on #défrichait #un #terrain #encore #inconnu #qui #faisait #vibrer #le #cœur #des #plus #aventuriers #d’entre #nous.

#Déjà, #en #ce #temps, #nous #utilisions #le « hashtag » – #sous #la #forme #d’un #dièse #avant #un #mot-clé – #pour #spécifier #la #thématique #important #de #nos #tweets #et #permettre #ainsi #de #mieux #les #retrouver. #Et #puis… #Et #puis #la #plèbe #arriva. #Et #Twitter #est #devenu #le #nouveau #skyblog #à #la #mode. #Aujourd’hui, #je #ne #me #retrouve #plus #dans #mon #avant-gardisme. #J’irai #bien #ailleurs, #sur #un #autre #service #plus #élitiste, #mais #Twitter #a #eu #un #effet #collatéral #dramatique #: #il #est #devenu #impossible #de #retrouver #l’enthousiasme #et #la #naïveté #des #early #adopters #car #en #un #seul #tweet, #n’importe #quel #nouveau #service #est #saturé (#avant #d’être #abandonné, #bonjour #Google+).

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#Ainsi, #une #fois #de #plus, #la #médiocrité #l’emporte #sur #l’élite. #Twitter, #tu #ne #seras #plus #jamais #comme #avant.

(ahah, j’ai même pas été foutu de l’orthographier correctement : « hashtag » et pas « hastag »)

Mon avis d’expert : la crise économique

En tant que spécialiste de la crise économique, j’avoue que je me suis beaucoup amusé de voir circuler la vidéo de la BBC dans laquelle Alessio Rastani explique s’endormir en rêvant d’une récession. Finalement, il a reconnu être un communicant, une #attentionwhore comme on dit dans notre jargon de spécialiste de crise économique, et pas du tout un trader de la City.

Mais ce qui a réellement surpris tous les analystes avec qui je parle chaque matin entre la tartine de miel d’acacia et mes Weston à 8 000 euros, c’est qu’il a dit tout haut ce que le peuple pense tout bas. Or, le peuple n’y connait rien à l’économie. C’est le problème du peuple. Il parle sans savoir. Alors que nous autres, les spécialistes de la crise économique, nous avons autrement plus de compétences pour exprimer avec à propos des solutions à des problèmes qui – en réalité – ne nous concernent pas.

La crise économique que traverse les zones EMEA, NORAM et SWAP peut se résorber avec la mise en place de trois actions :

Point numéro 1. La Grèce. Pays de l’antiquité qui nous pète encore les couilles aujourd’hui avec son alphabet à la con, la Grèce a perdu depuis longtemps de sa superbe. Les années où Ulysse traversait la mer Ionienne pour rejoindre Ithaque sont loin, très loin. Précurseur, Sophocole, pourtant, avait prédit l’avenir dans sa tragédie το πάγκρεας της Ευρώπης (Le pancréas de l’Europe). Il y évoquait dans le chœur des vieillards de la Cité (versets §453-459) la haine du couple moteur franco-allemand (pour simplifier la lecture, j’ai repris ici la version d’Anouilh) :

Vous nous dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n’est pas trop exigeant. Nous, nous voulons tout, tout de suite, — et que ce soit entier. Nous refusons de nous contenter d’un petit morceau si nous avons été bien sage.

La dernière strophe fait évidemment référence aux critiques du parlement européen sur le manque de rigueur de l’économie grecque bien avant l’heure. Il faut donc – et c’est très simple à faire – réformer la Grèce. Tous les grecs devront dorénavant travailler dans la production de houmous et feuilles de vigne. En contrepartie, le reste du monde n’aura que ça à manger. On résout ainsi en deux temps, trois mouvements le problème de la famine et celui de la Grèce. CQFD.

Point numéro 2. L’indice de notation « AAA ». Non, sérieusement. On n’est pas des machines à laver, ni des réfrigérateurs. Cet indice est à abroger immédiatement. Cela relancera mécaniquement notre économie. Pour comprendre comment la chose fonctionne, il faut revenir à la définition keynésienne de l’économie : le marché s’autorégule lui-même. Derrière ce qui semble être un pléonasme, il faut distinguer deux choses : d’une part, « le marché s’autorégule », c’est-à-dire que sa régularité est assurée par le mouvement astronomique des astres ; d’autre part « lui-même », c’est-à-dire qu’il est son propre astre autour duquel il s’autorégule. Il suffit après de dériver la transformée de Fourier et on constate assez rapidement que la limite d’une croissance tendant vers 0 comme la notre aujourd’hui se retrouve sur une courbe exponentielle et tend immédiatement vers l’infini. En conséquence, en revenant simplement à cette définition de l’économie, on retrouvera rapidement le chemin du plein-emploi.

Point numéro 3. Mondialiser les entreprises. Ça pourra sembler violent aux artisans et aux PME, mais l’unique voie de sortie, c’est la fin de l’euro au profit d’une monnaie mondial : le yuan. Et pour y parvenir, il convient de mondialiser toutes les entreprises du monde. Il faut créer l’OMLF : l’organisation mondiale du laissez-faire. Fini les gagne-petits, les jean-foutre dont le chiffre d’affaire ne dépasse pas les 15 000 keuros par jour. Pour les besoins du bas-peuple, on remet en place un plan quinquennal : année 1, on fabrique des chaussures pour le pied gauche, année 2, on fabrique des chaussures pour le pied droit, année 3, des pantalons, année 4, des culottes et année 5 des rouleaux de pq. L’industrie du luxe reste bien évidemment en place pour produire les vêtements dont moi et mes amis avons besoin.

Sortir de la crise, c’est facile : il suffit d’en avoir la volonté.

PS : à l’attention des rédacteurs de C dans l’air, je suis disponible pour exprimer mon point de vue sur le plateau de votre émission. N’hésitez pas à prendre contact avec moi. Mes tarifs sont de 50 euros le mot. On ne trouve pas moins cher sur le marché.

L’avis (très) tranché du Monde Mag

Évidemment, être journaliste critique, c’est savoir dire les choses franchement, ne pas avoir peur de froisser les grands créateurs qui ont sué sang et eau des années pour finir leur film/livre/disque. C’est, sur un ton parfois péremptoire affirmer que « c’est nul » ou « c’est génial » ou « ça c’est vraiment du cinéma/de la littérature/ de la musique ». C’est un véritable métier qui demande tout un arsenal de vocabulaire cryptique qui puisse permettre à l’occasion de voir dans un film comme « Mes doubles, ma femme et moi » : « un exemple nietzschéen de la condition du surhomme confronté à l’orthodoxie freudienne, un cas classique de narcissisme dans lesquels l’idéal du moi prend la place du surmoi ».

Mais il arrive aussi que le critique mette des étoiles. C’est un truc pratique les étoiles : ça permet de dire si une œuvre mérite un quelconque intérêt sans avoir à se faire chier avec des phrases compliquées. Par exemple, dans Le Monde Magazine, il y a toute une page culture avec une colonne avec les sorties de la semaine et des petites étoiles pour nous dire ce que ça vaut.

Critique

Moi, j’adore parce que je me dis :  » Ah ouais, ça a l’air trop bien ‘La grotte des rêves perdus' » (alors qu’en fait, c’est chiant comme la mort, faudra que je vous en parle un jour) ou « Tiens, ça a l’air bien naze ‘Desination Finale 5′ ».

Sauf que… Au Monde on doit vouloir se fâcher avec personne, conséquence on nous dit ce que signifie chaque étoile. Et là, détrompez-vous : le nombre d’étoiles n’indique PAS DU TOUT la valeur du film, non. Pour Le Monde, tous ces films méritent d’autorité le déplacement :

Etoiles

Oui, alors je sais, on va me dire : « Naaaaan, mais c’est écrit ‘La Sélection de la semaine’, ils ont déjà écrémé pour ne garder que le meilleur ». Sauf que c’est quasi la liste de toutes les sorties de la semaine. On ne me la fait pas à moi.

Alors, Le Monde ? On n’a pas les couilles de dire qu’un film est nul ? rep a sa mon bo loulou.

La Stratégie de l’évitement

Je suis atteint par un mal incroyable, c’est une vraie détresse en soi, j’ai aucune idée pour écrire sur ce blog (et en vrai, j’en avais déjà pas beaucoup avant).

Je réfléchis à des trucs, j’ai envie de faire plein de choses et puis paf, quand arrive le moment, c’est le vide, l’absolu, je pense plus à rien, toutes les idées s’envolent, et le poids de la fainéantise s’abat sur mes épaules comme la patte d’un chat sur une souris encore agonisante. Alors, j’ai qu’une envie c’est de dormir.

Je n’ai pas compris ce qui m’affectait alors j’ai cherché sur Doctissimo. J’en suis revenu avec un cancer de l’hypothalamus. J’ai passé un scanner, mais non. Pas ça. J’ai pensé à l’aboulie. Et non, non plus. Finalement, c’est plus dramatique encore (si, si). C’est ce qu’on appelle la « stratégie de l’évitement » : quand je dois faire quelque chose que je n’ai pas super envie de faire, c’est irrémédiable mes paupières se ferment toutes seules. Et ce n’est même pas la peine de lutter, le sommeil m’attire indubitablement.

Par exemple, chaque jeudi, je dois préparer la conférence de rédac du lendemain sur des sujets aussi captivants que « la clé de douze, sa vie, son œuvre », « le système métrique, cet inconnu » ou bien encore « les clous, oui, mais pourquoi ? ». En vrai, je travaille dans un magazine généraliste, mais comme je suis arrivé avec la caution « le mec technique », j’écope de tous les sujets sur le domaine, domaine qui s’élargit assez facilement à « tous les sujets qui n’intéressent pas » : du nucléaire à la maladie d’Alzheimer.

Eh bien quand arrive le moment de préparer la conf, j’ai les yeux qui tirent vers le bas avec l’irrémédiable envie de poser ma tête sur le revêtement froid et glacé du bureau. C’est bien le seul moment où la perspective d’écrire sur ce bloug me semble moins exténuante que d’habitude. C’est d’ailleurs pour ça que je viens de le faire.

Mais cette stratégie, je l’utilise pour tout le reste. Un programme qui m’intéresse pas à la télé, paf, je m’endors, poser une RTT pour passer à la banque, zou, une sieste pour attendre qu’elle ferme…

Le vendredi, après la conf évoquée au-dessus, en général, on prépare le bouclage du journal. Chaque semaine, on a ce qu’on appelle la Polémique de la semaine. En gros, on prend un sujet en vogue à quatre heures du bouclage et on doit trouver une question et deux intervenants, un qui dit « oui », l’autre qui dit « non ».

Quatre heures, c’est court. Très court. Et souvent, ça tombe sur ma gueule. Mais pire, il y a un catch-22 dans l’affaire. C’est que – outre un délai restreint – le sujet n’appelle que rarement un véritable opposé.

Si c’était « Mangez-vous des salsifis en toutes saisons ? », on pourrait assez facilement trouver un type qui dirait : « Ah oui, moi, je m’en bâfre toute l’année » et un autre qui raconterait : « Beurk, c’est trop crade ». Mais non, bien sûr. Nos sujets, c’est plutôt le genre : « Le radis est-il un légume ? ». Alors, on trouve un jardinier qui nous dit : « Bah… Euh… Oui ». Et là, vas-y, rame pour trouver un type qui te soutient mordicus que « non, le radis n’est pas un légume, c’est de la VIANDE ».

En général, on trouve un pauv’gars qui dit : « bah, euh, je sais pas ». Et là, paf, nous, on titre : « Le radis est-il un légume ? Machin dit : ‘NON, je crois pas' ».

Et à chaque fois que j’ai à m’occuper de cette page, je vis les mêmes phases que pour un deuil :
1. le déni : « Non, mais y a pas de sujet, là, c’est n’importe quoi »
2. la colère : « Bon, je le fais, mais c’est VRAIMENT N’IMPORTE QUOI »
3. le marchandage : « quelqu’un a le numéro d’un jardinier dans son calepin ? »
4. la dépression – qui est en fait chez moi une grosse fatigue et une forte envie de dormir déjà évoquée ci-dessus –
5. l’acceptation, j’écris l’article.

Donc, voilà, en somme, quand je déprime, je fatigue et c’est une stratégie d’évitement qui fonctionne assez mal, puisque je fais quand même ce que je veux éviter.

(oui, je sais plus vraiment où je voulais en venir, j’espère que ça se remarque pas trop).

Le Mystère du paquet de clopes

Edit (pas de Nantes) : Je certifie sur l’honneur ne jamais avoir entendu parler de Monsieur Stéphane Guillon avant d’avoir écrit ce texte. Pour plus de renseignements, voyez par ici.

L’autre jour, je buvais un vert avec Krstv et Ioudgine, il était tant qu’on se dise « au revoir » qu’en – SOUDE UN – je tombe sur le paquet de clopes de Ioudgine.

(bon, j’arrête de faire des fautes pour rire, parce que vous allez me corriger dans les commentaires, maintenant si j’en fais, c’est pas exprès).

Elle avait un paquet de Marlboro, des rouges. MX4 Flavor pouvait-on lire. En dessous, c’était la photo d’un foetus mal en point avec écrit en lettre d’or « FUMER PENDANT LA GROSSESSE NUIT À LA SANTÉ DE VOTRE ENFANT ». Et alors ?

Enfin, bref, je retourne le paquet. Et que lis-je devant mes yeux ébahis ?

Je lis : « dC13623 »

Clopes

Un numéro de série.

Les paquets de clopes ont des numéros de série. Et je n’en savais RIEN. Rien du tout.

Et en plus des lettres rigolotes avec des minuscules et des majuscules et des chiffres.

Tout ceci avait forcément une explication et donc je fonce nulle part.

À quoi ça peut bien servir un numéro de série sur les paquets de cigarettes ? Non, mais sérieux ? Bien sûr, ni Ioudgine, ni Krstv n’avaient le moindre début d’une explication. J’ai donc dû trouver tout seul.

Et j’ai trouvé.

En fait, c’est parce que sur tous les paquets, maintenant, il y a des promesses. Sur les uns tu peux avoir un cancer de la gorge, sur un autre tu peux finir impuissant. Y en a même un qui te dit que les fumeurs « meurent prématurément ». Et si ça se trouve, bah, tu vas fumer ton paquet de clopes et tu choperas rien. T’auras des gosses, ça se trouve, tu n’auras même pas de cancer. Et si ça se trouve tu mourras d’un autre truc que le tabac. Et voilà à quoi ça sert, ce numéro de série : c’est pour te plaindre.

– Oui, bonjour, le service client de Marlboro ?
– Oui monsieur, que puis-je faire pour vous ?
– C’est pour une réclamation.
– Oui, je vous écoute ?
– Voilà,j’ai acheté un paquet de Marlboro, l’autre jour.
– Oui ?
– Et bien, dessus il est écrit : « fumer pendant la grossesse nuit à la santé de votre enfant ». Or, ma femme qui a fumé une cigarette de ce paquet vient d’accoucher.
– Et ?
– Et le bébé va bien.
– Ah. Oui, il y a du avoir un problème, effectivement.
– Oui, parce que c’est pas bien normal, vous comprenez.
– Bien sûr, monsieur. Au nom de Marlboro, je tiens à vous présenter nos excuses. Pourriez-vous me communiquer le numéro de série de votre paquet, il est tout en dessous.
– Attendez, je regarde, c’est le… c’est le dC13623.
– Le ‘d’ est minuscule ou majuscule ?
– Minuscule.
– Attendez je fais une recherche sur les internets. Oui, c’est un paquet de MX4 Flavor, on l’a expédié au bureau de tabac de Port-Royal. Ah oui, effectivement, monsieur, il y a bien un problème : on a oublié d’ajouter les agents de saveur qui nuisent à la santé de votre enfant. Je suis vraiment désolé, c’est tout le lot qui a eu ce problème.
– Oui, mais là, mon enfant est né, alors on fait quoi ?
– Ecoutez, je suis vraiment navré. Mais je peux vous proposer des tétines à la nicotine spécialement conçues pour les bébés ? Ça les intoxique doucement et on est assuré à 99% qu’ils développent une maladie rare et gravissime avant trois ans.
– C’est pas mal, mais vous n’avez rien de mieux ?
– Non, sinon je peux vous rembourser le prix de votre paquet en timbres postaux ?
– Non, bah tant pis, je vais vous prendre les tétines alors. Mais vous êtes sûrs qu’elle marchent ?
– Je vous l’assure. Mais il faut s’assurer qu’il ne la crapote pas.

Une Grande erreur du marketing corrigée

Le 2 juillet 2009 dernier, j’évoquais dans ma série (un peu à l’abandon en ce moment, on va pas se mentir) « Les Grandes erreurs du marketing » le cas « Anecoop » qui proposait « la pastèque sans pépins » avec un astérisque « Peut contenir éventuellement quelques pépins ». Fort de ma remarque, la société a élaboré une toute nouvelle race de pastèques mutantes (et sûrement tueuses, je n’ai pas tous les détails) qui n’aurait — cette fois-ci — pas de pépins. Comme le prouve la nouvelle campagne de pub dans le métro :

Plus de pépin

Miracle ! Plus d’astérisque ni de renvoi ! Voici enfin les VÉRITABLES pastèques sans pépins. La science vient de faire un GRAND pas. Reste une question inhérente : comment la pastèque se reproduit-elle si elle ne produit plus de graine ? Ou alors, c’est une pastèque mixée avec de l’ADN de pêche, comme ça, elle n’a plus un pépin; mais un noyau ? J’en sais rien. J’avoue que je ne sais pas si je dois vraiment me féliciter de mon impact dans le sens où par ma faute, on a sûrement pratiqué des manipulations génétiques pas très orthodoxes. Ma conscience s’en remettra, mais survivrons-nous à l’invasion de ces pastèques new age ?

La Walkryie kiki

Bon sang ! Quand je pense que mon projet initial, c’était d’être le premier mec au monde à résumer l’intégrale de l’Anneau du Nibelung en moins de 140 caractères. Et regardez où j’en suis rendu : quatre articles pour réussir à raconter les deux premiers opéras. Où va le monde, ma bonne dame ? Où va le monde ?

J’aurais pu simplement dire : « vous voyez Le Seigneur des Anneaux ? Vous avez l’Anneau du Nibelung ». Mais non, tiens. Chapeau moi-même.

C’est donc la mort dans l’âme que je continue. Sans trop savoir pourquoi, d’ailleurs. L’épisode précédent, c’est ici.

L’acte trois débute « au sommet de la montagne rocheuse ». Je vous rappelle que Brünnhilde s’est enfuie avec Sieglinde, que Wotan a jeté une malédiction sur Brünnhilde pour ne pas avoir suivi son ordre : laisser son propre fils, Siegmund, se faire tuer par Hunding, l’ex-mari de Sieglinde (sœur jumelle de Siegmund) qui attend dorénavant un enfant de son frère (on va le savoir dans pas longtemps). Bonjour la consanguinité.

Nous voici donc « au sommet de la montagneuse rocheuse » (bravo Wagner pour le pléonasme, bravo moi-même pour la répétition) et toutes les Walkyries s’attellent à la tâche qui leur est imposée : peupler le Walhalla des plus féroces guerriers qui se sont illustrés sur le champ de bataille afin de défendre ce mirifique lieu construit par les géants frères (et pas verts) Fafner et Fasolt (qui a été tué par Fafner rapport à l’anneau forgé par Alberich). Rappel pour les étourdis : l’anneau est toujours dans les mains de Fafner (qui en tant que géant ne peux pas le mettre à son doigt, mais ça, limite on s’en fout).

Instant « Le saviez-vous » ? C’est ici qu’on entend la musique d’Apocalypse Now quand les hélicoptères partent pulvériser du Nuoc-mâm sur les Vietcongs. Je me suis souvent demandé comment Wagner avait fait pour s’en inspirer puisque la première de son opéra avec ce thème date de 1870 alors que le film de Coppola est sorti au cinéma 109 ans plus tard. Un mystère que je ne m’explique toujours pas.

Voici donc Brünnhilde qui entre sur scène avec Sieglinde tandis que les autres Walkyries ramassent des guerriers pour leur redonner vie et les emmener au Walhalla. « Walkyries » qu’elle appelle « ses sœurs » ce qui va à mon sens dans l’idée que c’est bien Wotan le papa des huit Walkyries. Erda a dû bien rire, si c’est elle qui les a toutes portées… À moins que ce ne soit les prémices de l’Octomom ? Auquel cas Wagner est vraiment un putain de visionnaire, ce qui ne m’étonnerait pas.

Octomom

(Notez que j’espère pour Brünnhilde, qu’on ne lui a jamais donné le biberon par la tête comme le fait le fils de l’Octomom).

Toutes s’esclaffent : « Tiens, revoilà not’Cendrillon, alors elle nous a ramené quoi cette fois-ci à la place d’un guerrier… Un faon comme l’autre fois ? Ou un pingouin ? Ah non, une femme ». De son côté Sieglinde est fort malheureuse : « Ne te tourmente pas pour moi », dit-elle à celle qui s’est parjurée pour la sauver, « je n’attends que la mort ». SYMPA. Genre, je me fais chier, je me fous dans la merde pour toi, je me brouille avec mon reup, et toi, tu veux quoi ? Sucer les pissenlits par la racine ? Grosse vache.

Donc, Brünnhilde explique que c’est pas tout à fait possible qu’elle meure pour la simple et bonne raison qu’elle attend un enfant. « Ah bon ? T’es gynéco ? T’as fait une échographie ? KAISSTANSÉ ? », répond Sieglinde, bien étonnée. Les autres Walkyries qui scrutaient l’horizon voient Wotan arriver avec beaucoup de bave aux lèvres et préviennent Brünnhilde du danger. Sieglinde, qui aspirait à la mort à peu près trente secondes auparavant, chie d’un coup dans son froc : « Non, mais j’ai dit ‘je veux mourir’, genre, comme ça, mon frère est mort, ça m’a rendu un peu triste, mais en vré j’ai pas super envie, hein, et pis maintenant, j’attends un enfant, fais quelque chose, Brünnhilde, j’t’en prie ».

Brünnhilde conseille alors à Sieglinde d’aller chez Fafner, enfin, pas d’aller le voir (vu que, bon, il y a peu de chances que le géant ait très envie d’accueillir la mère de l’enfant qui va lui piquer son trésor, même s’il ne le sait pas forcément encore), mais de s’y cacher. Là-dessus, Waltraute (une autre Walkyrie) regarde le ciel et dit : « L’orage approche ». Et Ortlinde répond : « Que celui ou celle qui n’a pas de parapluie s’enfuie ». Et Sieglinde se tire : « Salut la compagnie ! Brünnhilde, c’était très sympa, dis bonjour à ton père pour moi ».

Et voici Wotan en emporte le vent qui débarque sur son char tiré par trois chevaux (« je vais faire un régime Dukan, promis ») et qui entend bien châtier la rebelle. Seulement toutes les Walkyries se sont mélangées entre elles… Sauras-tu retrouver Brünnhilde ?

Walk

Wotan : Brüüüüüünnhiiiiiiiiiiiiilde ! Brüüüüüünnhiiiiiiiiiiiiilde ? Viens prendre ta raclée.

Brünnhilde s’approche de son père qui décide toute une batterie de sanctions plus sévères les unes que les autres. Tout ça pour avoir désobéi UNE fois. Il l’exile, il va la plonger dans un sommeil artificiel en haut d’une montagne et le premier mec qui passe l’éveillera et « flétrira sa fleur virginale ». En gros, il la baisera.

On peut dire ce qu’on veut, mais Wotan n’est pas commode. Il est plutôt tiroir. (oui, c’est ma blague favorite au monde, je vous emmerde).

Je pense, par ailleurs, que Wagner a manqué pour une fois d’un peu de modernité là. Imaginez, il aurait pu faire ça façon Jerry Springer (ou son équivalent belge, avec le présentateur neurasthénique de Ça va se savoir) :

Planche3

Résignée, Brünnhilde demande à son père pourquoi il la répudie. Wotan expédie l’explication d’un obscur : « Demande-toi ce que tu as fait et tu comprendras ta faute ». Là, Brünnhilde est un peu vénère : c’est vrai, elle a désobéi au dieu, mais au dieu qui venait de prendre une décision dictée par sa femme et contre sa propre volonté. Ça ne change rien pour Wotan qui n’a pas vraiment le choix, rapport qu’il est un dieu et tout ça, c’est toujours un peu la merde, faut jongler entre obligations professionnelles et les gosses et encore, il a à peine le temps de les voir grandir, comme Brünnhilde qui est devenue trop vite un esprit libre et farouche. Ah l’indolence de l’adolescence…

Brünnhilde : Bon alors on fait quoi.
Wotan : Bah, t’as fait ta bravache, maintenant j’ai plus trop le choix. Tu vas dormir et zou, le premier mec qui te réveille, tu lui appartiens.
Brünnhilde : Allez, sois chic, fais au moins qu’il soit un grand guerrier, quoi.
Wotan : Non.
Brünnhilde : Mignon, alors ?
Wotan : Non.
Brünnhilde : Bon, bah un nain comme Alberich au moins ?
Wotan : Ça peut pas être un nain, j’ai dit un homme. T’es cruche, ou bien ?
Brünnhilde : Au fait, faut que je te dise.
Wotan : Quoi ?
Brünnhilde : La Sieglinde, elle porte l’enfant de Siegmund. Et je lui ai donné l’épée brisée de Siegmund (quand ils se sont battus à la fin de l’acte deux, sérieux, c’est fatiguant de tout devoir vous rappeler, suivez merde).
Wotan : Oui, bah qu’elle se démerde. Allez, monte en haut du rocher que je t’endorme, j’ai déjà trop traîné.
Brünnhilde : Ça va, j’y vais, on est pas non plus aux courses, hein. En plus, je suis seule, je suis bien obligée d’arriver en tête.
Wotan : Les bookmakers t’ont très mal cotée de toute façon.
Brünnhilde : Bon, et pour notre accord, tu me promets que le garçon qui viendra me réveiller sera un grand héros.
Wotan : Mais vous me fatiguez TOUTES. Pas une pour ne pas réclamer une faveur… Wotan, construis-moi un palace ; Wotan, protège machin ; Wotan, tue bidule ; Wotan la vidange de la voiture, c’est qui qui va la faire ? ; Wotan, encore en train de boire une bière ? ; WOTAN, IL VOUS EMMERDE.
Brünnhilde : Allez, sois chic. Ou sinon, tue-moi. Mais ne m’offre pas au tout-venant…

Wotan lève les yeux en l’air, exaspéré. « Très bien, seul un homme plus libre que moi pourra t’épouser, tu es contente ? Bien, allez maintenant, monte sur ton petit rocher, il est temps de dormir ma chérie ».

Brünnhilde traîne encore ses pieds, s’allonge sur un genre de caillou et un feu s’allume autour d’elle (pour la petite histoire, c’est Loge qui est contraint de devenir feu follet pour empêcher quiconque de sérieusement convaincu d’approcher, mais Loge, je sais déjà que vous avez oublié qui c’est alors, je n’insiste pas).

Springer

FIN (de l’opéra)

Walkyrie en culottes courtes

Bon, après ces conneries sur mes amis bobos qui m’ont un peu éloigné de mes considérations personnelles sur les opéras de Wagner, où en étais-je donc dans ma grande saga de « je vous raconte L’Anneau du Nibelung » ? Ah oui. J’en étais à la Walkyrie Pocket où nous avions laissé Sieglinde et Siegmund convoler, dépourvus de tout sens moral puisqu’ils venaient de découvrir qu’ils étaient frère et sœur, jumeaux de Wotan, sous le toit de l’époux de Sieglinde, Hunding, un sombre mariage forcé. Si vous en avez le courage, c’est par ici (et là pour l’Or du Rhin).

L’acte deux de l’opéra nous change radicalement de décor. Direction une « contrée montagneuse et sauvage ». On retrouve Wotan qui s’est changé (vous savez, il était venu voir Sieglinde en vieillard pour planter une épée dans un tronc d’arbre mort ? Suivez, merde, sinon ça ne va pas être possible). Frais, rasé et propre, il goûte un repos bien mérité. Enfin pas tout à fait. Entre le cognac et le cigare, il convoque Brünnhilde, sa Walkyrie préférée. *** STOP *** PARDON *** WTF *** Qui sont ces Walkyries et pourquoi Brünnhilde est sa préférée ? À ce moment du livret, on n’en sait rien. Sa C tt le pb 2 notr &pok, sa veu tt savoar tt 2 suit. Donc Brünnhilde est sa favorite et les Walkyries sont des guerrières vierges dans la mythologie nordique, et il lui demande de sauver Siegmund et Sieglinde des griffes de Hunding. Brünnhilde, ravie, crie des « Hojotho ! Hotjotoho ! Heiaha ! Heiaha ! Hojotoho ! Heiaha ! » en version originale. Non, elle ne vient pas de traverser Fukushima, elle est juste ravie. Quand, au loin, elle voit la femme de Wotan avec un rouleau à pâtissier avec lequel elle frappe la croupe de trois chevaux flamboyants qui tirent son char doré. « Pt’ain, fais chier, v’là la rombière », se dit Wotan dans son plus for intérieur.

– Qu’est-ce qui se passe encore ?
– Ferme ta bouche, Wotan. Tu sais très bien.
– Non, je ne sais pas, dépêche, j’ai pas la journée.
– Hunding m’a texté. Ta fille — SA FEMME — et ton fils couchent ensemble.
– Hunding ne m’a jamais demandé la main de Sieglinde, ça m’aurait fait mal de la lui donner.
– Peut-être, mais ils sont mariés maintenant, et j’apprécie pas trop l’adultère, rapport au fait que je suis la gardienne des liens sacrés du mariage, tsé.

Là, Wotan, qui a trempé sa bite dans tous les trous que compte la capitale, rit sous cape.

– ÇA VA, WOTAN. JE SAIS. N’EMPÊCHE.
– Bon, ok, ok, tu veux quoi ?
– Tu n’aides plus Siegmund. L’épée magique qu’il a récupérée, tu lui vires tous ses pouvoirs. Et tu files un peu droit, gros queutard de mes deux. Tu crois que j’ai pas vu, hein ? Tu crois que j’ai pas vu que l’immense fortune des Dieux a servi à payer la pension alimentaire pour les huit bâtardes, tes Walkyries, que tu as eues avec cette pute d’Erda et…

Attends, attends Fricka, là, je perds tout le monde. Déjà que c’est pas facile d’intéresser les gens à Wagner…

Je résume. En violet, ce sont les enfants, en vert, c’est « a couché avec » et quand c’est double vert, c’est « est marié(e) avec » :

Mariage Wagner

Oui, on ne sait pas trop avec qui Erda a eu les sept autres Walkyries. Wotan ou un autre, on en sait rien, mais le gars paie pour tout le monde. Je n’ai pas non plus précisé les doutes incestueux qui traversent Wotan quand il s’approche de sa Brünnhilde. Mais bon, Fricka en parle au Dieu des Dieux comme « la fiancée de tes désirs ».

Ce à quoi Wotan répond : « Euh… C’est çui qui dit qui y est » et ajoute « mon esprit aspire à ce qui jamais encore ne s’est fait », façon de dire qu’il anticipait le livre des mormons avant l’heure.

Désemparé, Wotan est face à un ultimatum. Le cadeau ou les échanges ? (cette référence n’a de sens que pour les natifs d’avant 1980) Fricka lui explique qu’elle a été assez bafouée comme ça et que maintenant, ça va filer droit à la maison. Que Wotan lâche le bâtard, et qu’il n’envoie pas Brünnhilde pour le protéger à sa place. Wotan (qui passe) accepte, le cœur déchiré en deux, obligé de reconnaître que sa femme a raison : s’il veut rester un Dieu, il doit se comporter comme un Dieu. Vacherie, tiens.

Là-dessus, Brünnhilde revient toujours à sa chanson héroïque.

Au fait, vous vous demandez à quoi servent les Walkyries ? PATIENCE, jeunes chiots !

Je vous zappe la scène suivante qui n’est qu’une longue redite de l’Or du Rhin. Sauf qu’en réalité, c’est ici qu’on apprend que Brünnhilde est la fille d’Erda, qu’on a vu dans l’Or du Rhin aussi, mais j’ai préféré vous épargné cette énième épisode). On nous met également au parfum que les huit Walkyries ont UN unique but dans la vie (oui, c’est ici, ta patience n’a pas été mise à trop rude épreuve ?) : ramener des guerriers morts qui se sont illustrés au combat pour les accueillir au Walhalla — non pas pour y couler des jours heureux comme dirait Fonzie — mais pour garder la demeure des Dieux (bon, a priori, les conditions de travail n’étaient pas harassantes et il y avait pas mal de contrepartie, mais quand même).

Wotan sent la fin du règne des Dieux arrivée et s’en ouvre à Brünnhilde et au public. La raison ?

Hum. Alors c’est à peu près à cause de ça :

Alberich, le nain qui a fabriqué l’anneau avec l’or du Rhin, puis qui se l’est fait voler par Wotan qui lui-même l’a offert aux géants Fafner et Fasolt en échange de la construction du Walhalla, n’a toujours pas digéré ce larcin. Et il compte bien se venger de Wotan. Entre-temps, Fafner a tué Fasolt pour récupérer l’anneau. Alberich pense récupérer l’anneau à Fafner. Wotan, lui, ne peut pas reprendre l’anneau (on peut voler, mais pas reprendre un cadeau, c’est comme ça en Germanie). Il faut que celui qui reprend l’anneau ne soit en aucun cas lié à Wotan. C’est pour éviter qu’on raconte partout que s’il a récupéré l’anneau, c’est parce que c’est « un fils de ». Pas comme d’autres.

Charlotte gainsbourg cannes 2009

Je vous passe encore les considérations métaphysiques (« Comment faire cet autre qui ne serait plus moi, mais qui ferait de lui-même ce que moi seul désire ? » – la question que je me pose tous les matins avant d’aller au boulot) et je continue sans vous laisser de répit.

Brünnhilde propose Siegmund, Wotan lui file deux claques. T’AS RIEN ÉCOUTÉ GROGNASSE ?

Charlotte gainsbourg cannes 2009

Et là, TADAM, révélation : on apprend qu’Alberich — qui avait dû renoncer à l’amour pour récupérer l’or du Rhin — a séduit une femme (par de l’argent, hein, y a pas de miracle non plus quand tu es un gros nain ferronnier et moche). Et que celle-ci attend un mélange entre la mouche et Alien.

Ici arrive la grosse crise d’adolescence de Brünnhilde : son père, Wotan, lui demande de ne pas défendre Siegmund quand il combattra contre Hunding afin qu’il perde et qu’il meurt. Mais Brünnhilde, insolente comme elle est — ou plutôt devrais-je écrire « effrontée » ? —

Charlotte gainsbourg cannes 2009

refuse d’écouter son père et c’est quand Wotan pique une grosse colère qu’elle se plie finalement à sa volonté.

On retourne ensuite dans la forêt où Sieglinde et Siegmund convolent toujours. Sieglinde part ramasser des pâquerettes (ou je ne sais quoi) parce qu’elle ne se trouve pas assez pure pour coucher avec son frère (oui, moi aussi, ça m’interroge) quand Brünnhilde arrive soudain et explique à Siegmund tout le pataquès (mais beaucoup plus brièvement que moi).

– Bon, Siegmund, tu peux aller prendre ton sac et récupérer ton flambeau, avec 2 voix contre toi, tu dois quitter l’aventure.
– Pffffffff. POURQUOOOOOOOOOIIIIIIIIII ?
– Bah, c’est comme ça.
– Sieglinde ! Viens, ma chérie, on fait nos sacs.
– Ah non, non, Siegmund, tu m’as mal comprise : toi tu pars, mais Sieglinde reste, elle.
– POURQUOOOOOOOOOIIIIIIIIII ?
– Nan, mais y a plein de meufs trop bonnes là où je t’emmène, au Walhalla.

Seulement cette tête de con de Siegmund ne veut pas partir.

« Puisque c’est comme ça, je vais me tuer avec mon épée super balèze et ma femme avec », dit-il.

Alors, Brünnhilde, cette jeune sotte, fille de Wotan ne peut pas s’empêcher de jurer de changer le destin et d’assurer la victoire de Siegmund face à Hunding.

Quelques minutes après, Hunding surgit, Siegmund l’attaque et Wotan débarque pour briser l’épée de Siegmund, vu qu’il faut tout faire soi-même ici. Hunding fait de Sigmund de la pâtée pour chat. Brünnhilde fuit avec Sieglinde, Wotan se retourne et envoie un coup de poing tueur à Hunding. L’acte deux s’achève dans ce qu’il convient d’appeler un bain de sang.

Baindesang

La Walkyrie en trois mots et un peu plus

Il y a un an, pile-poil ou presque, je vous racontais en long en large et en travers les tribulations d’un nain, Alderich, et des misères que lui procuraient un anneau et un heaume qui permettait de se métamorphoser en tout et n’importe quoi. C’est par ici. Or, depuis, j’ai vu la suite des aventures trépidantes de la tétralogie de Wagner et je m’aperçois que j’ai arrêté mon entreprise de vulgarisation et je sens que ça vous manque. Si, si, je le sens.

Alors, sans plus attendre, je m’encourage moi-même à continuer, conscient que je suis de l’angoisse dans laquelle vous vivez depuis plus d’un an dorénavant. Mais d’abord, revenons au commencement.

La tétralogie de Wagner est un (long) opéra en un prologue et trois jours, ce qui se traduit en réalité par quatre opéras : L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux. Respectivement : 2h30, 3h30, 4h00 et 4h30. C’est l’apothéose de l’opéra par excellence. C’est aussi ce qui a tué toute tentative de créativité par la suite (j’exagère à peine).

Wagner y a réfléchi et travaillé pendant plus de trente ans d’abord pour l’amour de l’art avec un grand A, mais aussi pour mettre sa famille à l’abri du besoin (parce que la vie de Wagner a pas mal alterné entre la misère la plus totale et la grande vie à la Frédéric Beigbeder, enfin c’est ce que je crois avoir lu dans Cosmo, mais je ne me rappelle plus bien).

Comme il l’écrivait à son mécène, Louis II de Bavière (qui finança en grande partie son théâtre à Bayreuth) : « Il s’agit d’un grand et dur travail […] Le dernier développement très poussé du deuxième acte m’a en particulier fasciné d’une manière telle qu’il m’a souvent fallu m’arrêter dans le ravissement ».

Quoi qu’il en soit, L’Anneau du Nibelung, le nom de la tétralogie, a poussé sur les cendres des légendes germaniques. Je ne sais pas si Wagner avait en tête que le monde entier serait rapidement familier avec les grands contes allemands (et après tout, il s’en est fallu d’un cheveu qu’il en fût ainsi) ou si c’est d’avoir différé et reporté l’écriture du livret, toujours est-il que de but en blanc, quand on commence à lire la tétralogie, c’est quand même pas mal confus.

Et qu’on rajoute des trucs au milieu, et que finalement c’est un demi-homme et pas un demi-dieu, et que le dieu, là, c’est finalement le demi-frère de la sœur de l’autre… Plus on lit le bazar, plus s’ajoute comme ça des petites touches au tableau. Finalement, on termine la lecture de l’œuvre avec un gros mal de tête, surtout si on n’est pas germanophile et qu’on se perd un peu entre les Whillem, Wilhem ou Wihlem.

C’est pour cette raison que je me suis lancé dans ce grand travail de mise à plat de l’Anneau du Nibelung. Pour que plus jamais ça, en somme.

Afin de vous faire vivre tout de même l’œuvre de l’intérieur, j’ai pris la grande décision de me la jouer Wagner et de ne préciser les éléments de l’histoire qu’au moment où ils sont évoqués dans le livret. Ce qui, je vous le dis tout de suite, ne simplifie pas la tâche.

Mais avant de commencer, il faut se rappeler deux choses : a. les dieux sont de sacrés queutards ce qui a pour conséquence principale qu’il n’y a à peu près aucun personnage qui n’a pas un lien de parenté avec un autre (Wotan, le grand chef, étant bien sûr le plus excité du chibre) ; b. les dieux sont soumis à des règles casse-couilles qu’ils ont érigées eux-mêmes et qu’ils n’ont pas le droit de transgresser (alors que s’ils avaient été malins, ils ne les auraient pas proclamées dès le début, et ils seraient toujours les Rois du Monde, comme dirait Dove Attia – en fait, c’est Gérard Presgurvic, mais personne ne le connaît, lui).

Alors j’y vais. Je ne vous refais pas l’Or du Rhin sauf si dans les commentaires vous le réclamez à corps et à cris (enfin, bon, surtout à cris).

Hum.

La Walkyrie

Sieglinde est une Desperate Housewives. Elle dépoussière les meubles à longueur de journée et comme elle habite en forêt avec son mari Hunding, elle a beaucoup de boulot. C’est donc avec un certain ravissement (et une certaine faiblesse pour les plaisirs de la chair), qu’elle se laisse séduire par un homme blessé et sans arme qui arrive chez elle. Cet homme n’a pas de nom — pour l’instant —, et il est « poursuivi par le malheur ». Ça lui parle à Sieglinde. Le malheur, elle connaît. On ne saura que dans deux scènes pourquoi.

Hunding arrive, il claque le beignet de sa femme qui a ouvert la porte à un inconnu, mais offre tout de même l’hospitalité à l’étranger « parce qu’on n’est pas des sauvages non plus ». En même temps, il s’aperçoit que sa femme, Sieglinde, et cet inconnu partagent des traits de ressemblance. Hunding a certainement passé une licence de physionomie à l’université de Nanterre quelques années auparavant, Wagner a oublié de le préciser.

Quand Hunding demande le nom de l’inconnu, sa femme est bien emmerdée : elle a oublié de lui poser la question tellement elle était émoustillée à l’idée d’aider un bel homme dans la force de l’âge. Ça ne plaît pas trop à Hunding qui n’en laisse rien paraître, mais qui demande tout de même à l’arrivant de décliner son identité, de montrer ses papiers et la carte grise du cheval garé dehors (je déconne, il n’a pas de cheval, il a marché).

Siegmund — c’est son nom — préfère se présenter sous un autre nom. Pourquoi ? Parce que ç’aurait été trop simple. Siegmund, l’inconnu donc, dit s’appeler « Wehwalt », « Voué au malheur » et pas « Friedmund », « Messager de la paix ». Soit. Ok. Comme il veut. Mais, EN FAIT, on le connaît sous le nom de « Wölfing » (« jeune loup »). Je vois que je fais déjà une entorse à ma contrainte de ne vous dire les choses qu’au fur et à mesure qu’on les apprend dans l’opéra, mais je sens que sinon, je vais pas m’en sortir. Et puisque je suis dans le spoiler, Siegmund est en réalité le fils de Wotan, le Dieu des dieux et Sieglinde est sa sœur jumelle. Leur mère, j’ai pas de précision dessus. Une humaine, sûrement ? Notez que Wotan, mari adultère, a épousé Fricka, gardienne des liens sacrés du mariage. Voyez l’ironie…

Je résume. Nous avons Wehwalt (ou Wölfing) (en fait, Siegmund), un inconnu. Nous avons Sieglinde, la femme de Hunding. Nous sommes chez Hunding qui n’a pas l’air commode. Il est plus tiroir (badam tchak !). Wehwalt raconte alors son histoire : il est né d’un loup (ou son père s’appelait Loup — Wolfe —, j’ai un doute) comme sa sœur jumelle. Un jour, revenant de la chasse avec son père, la tanière est vide : sa mère est morte au milieu de cendres, et sa sœur a été enlevée. Un coup d’Émile Louis ? Non ! Ce sont les Neidinge derrière ce drame humain. Qui sont les Neidinge ? On ne sait pas. L’histoire s’arrête là. Mais a priori, on peut en déduire sans trop se mouiller que ce n’est pas un peuple super sympa de prime abord. La vengeance restait tout de même sur les lèvres de Wehwalt et son papounet et après des années de traque, malheur : le père et le fils se séparent. Ils ne se retrouveront pas. Wehwalt a perdu Loup, son père… Mais, nous dit-il, il a retrouvé une peau de loup. Hum. Dans la forêt. Quelle surprise ! Pas très fute-fute, le Wehwalt.

« Tout ceci ne raconte pas comment tu te retrouves chez moi », commence à s’énerver Hunding, qui n’en a un peu rien à foutre de l’histoire de Wehwalt et qui a bien envie de retirer ses bottes et de s’allumer une bonne pipe à crack. Sauf que Sieglinde, la gourgandine, boit les paroles de l’inconnu plus trop inconnu et veut en savoir plus : pourquoi est-il arrivé chez eux, blessé et sans armes (ce détail n’a en réalité que peu d’importance, mais semble fasciner Wagner dans son livret) ?

Wehwalt s’explique : un enfant lui a demandé de venir en aide à une jeune fille qui allait épouser un homme qu’elle n’aimait pas. Après s’être battu comme un beau diable, Wehwalt a cassé ses armes pendant le combat, les villageois ont tué la fille et lui il a dû s’enfuir.

Mais pas de bol pour Wehwalt (en même temps quand tu t’appelles « voué au malheur », faut pas trop croire à la Vierge, surtout dans une légende folklorique allemande), il se trouve qu’Hunding est du clan qui a lapidé la fille en question, qu’il a trouvé ça tout à fait normal et qu’il allait venger les pertes humaines dues à Wehwalt. Conclusion : Hunding compte bien mettre sa race à Wehwalt. Mais demain. Parce qu’en bon hôte, il a promis une nuit de repos au blessé et il ne compte pas revenir sur sa parole. La noblesse a sa façon d’être qui peut échapper au roturier.

Intérieur. Nuit. Wehwalt est dans sa chambre décorée de trophées de chasse. Ici, on apprend une nouvelle chose : le père de Wehwalt lui a promis une épée super costaude et qu’il la trouverait un jour de « détresse ultime ». Ça tombe bien : il est blessé, sans armes et bientôt mort. On a rarement vu une détresse plus ultime.

C’est alors que Sieglinde frappe à sa porte. Elle a carrément drogué son mari. Elle raconte à son tour son histoire : elle a été offerte à Hunding par des brigands. Le soir de ses noces imposées, un vieillard est venu chez eux et a planté au milieu d’un tronc de frêne une épée. De sacrés gaillards ont tenté de la récupérer, jusqu’ici personne n’a réussi. Excalibur inside. Sauf que les Allemands sont un peu plus malins que les Anglais : essayez de faire rentrer une épée dans un gros caillou, vous comprendrez. Ce vieillard, vous l’aurez reconnu, c’est le père de Siegmund.

Ici, je tire le rideau une minute, car Sieglinde et Wehwalt vont un peu coucher ensemble et j’ai envie de cacher nos regards de cet ardent désir qui les saisit. Mais avant, Sieglinde dit à Wehwalt alors qu’il fait son affaire : « tu n’es plus Voué au malheur, maintenant, tu es Messager de la paix (Friedmund), je t’appelle alors Siegmund ». L’autre : « J’adore, ok, je m’appelle Siegmund ». Sieglinde : « Et ton père était un loup ? ». Siegmund : « Non, je déconnais, il s’appelait Wälse ». La femme : « Tu es donc un Wälsung ! Alors l’épée dans le tronc d’arbre est pour toi ». Siegmund : « Cool, je vais l’appeler Notung, épée de détresse ».

Ils ont quand même une grande passion pour donner des noms à tout et n’importe quoi, ces cons.

Sieglinde : « Ah ! Tu es Siegmund ?! » s’étonne-t-elle, alors que c’est elle qui vient de le baptiser ainsi. (Les personnages chez Wagner ont une mémoire de poisson rouge.) Siegmund : « Oui, je suis Siegmund ! » (il ne comprend pas plus vite). Sieglinde : « Bah, c’est fou, ça, je suis ta sœur ! ». Siegmund : « Cool ! et maintenant on couche ? »

Fin de l’acte I.

Et dire que je voulais faire court.