Il n’y a pas longtemps, j’ai lu survolé un article intitulé « One person’s history of Twitter, from beginning to end ». L’auteur y raconte son expérience avec le réseau social : depuis son inscription en 2006 jusqu’à aujourd’hui en notant que le contenu écrit par les utilisateurs de Twitter avait évolué d’un réservoir de blagues plus ou moins malignes, réussies ou inspirées à un déversoir de haine.
« Le but des créateurs de Twitter était de donner à tout le monde un moyen d’expression, une voix. Mais ils ne se sont jamais demandé ce qui se passerait si tout le monde avait une voix. Ce que cela signifiait vraiment. Ça a été le pêché originel des fondateurs du réseau, une bande de garçons blancs privilégiés qui n’ont pas pris conscience d’avoir conçu une bombe ».
Pour l’auteur, l’arrivée de Donald Trump en 2009 a allumé la mèche. D’un coup, Twitter n’appartenait plus à une frange d’happy few, mais à tout le monde. Et Trump, dont l’ancienne génération de Twitter se moquait ouvertement, se fabriquait une audience dévolue à ses idées.
Je raconte ça, car je partage l’avis de l’auteur. Quand je me suis inscrit sur Twitter (5 mars 2007, mon Dieu !), on devait être une centaine et nous faisions des blagues plus ou moins rigolotes. Aujourd’hui, on a basculé dans le monde des Fanzouzes qui insultent ceux qui ne sont pas Hanouniste (la religion des adeptes d’Hanouna), des ados du forum 18-25 qui harcèlent toute personne qui leur déplaît et des polémiques-minute (il y en a tellement que je n’arrive plus à les suivre et comme elles sont oubliées aussi vite qu’elles apparaissent, ça n’a pas beaucoup d’importance).
Sur Twitter, le petit oiseau est devenu un horrible corbeau. Il n’y a plus que des gens qui gueulent, qui crient, qui s’invectivent, qui se donnent des leçons (beaucoup, beaucoup de leçons). Le public critique à tout va, moquant la moindre initiative, misant sans arrêt sur le cynisme, l’ironie et le second degré. Heureusement, ma haine du RER B me permet encore de survivre dans cette nouvelle évolution du réseau social. C’est simple : on se croirait devant un embouteillage de voitures aux alentours de la gare du Nord.
Mais, changeons la donne.
Oui, changeons la donne ! Créons Tweetounours, le réseau social de la bienveillance et du premier degré !
Sur Tweetounours, on défendra la RATP, les journalistes et les entraîneurs de foot. On ne s’enverra pas des « tweets », mais des « grongrons ».
On dira « Trop bien, ces deux minutes de pub sur YouTube, j’ai appris des choses que je ne savais pas, j’aurais eu bien tort de cliquer sur Skip Ad » et non pas « 30 secondes de pub pour une vidéo de 4 secondes, seriously ? ».
Ou bien encore « Super, ce Windows Phone ! Microsoft a fait un joli boulot » et pas « Franchement, Microsoft, arrête de perdre du temps sur un téléphone, ça marchera jamais, et va donc corriger Windows ».
Cent soixante caractères de perpétuel premier degré.
Car Tweetounours sera surveillé par une intelligence artificielle capable de déceler la moindre trace d’ironie ou de second degré. Les corbeaux n’auront pas leur place, ici. Les polémiques et les donneurs de leçons non plus. Il n’y aura aucune sélection à l’entrée, mais si un tweetounos publie une remarque déplacée, l’IA le chopera direct et il ira sur le banc de pénalité, comme au hockey sur glace. Il y resteraaussi longtemps que l’IA l’aura décidé selon la gravité de l’ironie. Si vous faites du quatrième ou cinquième degré, vous ne pourrez pas souvent publier sur Tweetounours…
Et alors, enfin, nous respirerons librement, loin de l’air vicié du cloaque qu’est devenu Twitter dont le sol est jonché des guanos des corbeaux et où le reste de la population n’est plus qu’une horde de scatophages du fumier.
Je lance ce jour un kickstarter. Alors, qui est partant ?
Je remercie Simon à qui j’ai ouvertement piqué l’idée de la création de Tweetounours.
Heureusement que Twitter a créé les « dickpic par DM », les créateurs ont donc sauvé leurs âmes !!!