De toutes les critiques élogieuses reçues par le film Dunkerque (ou Dunkirk, comme disent les Anglo-saxons), c’est Le Figaro qui résume le mieux ce que j’en pense (même si ça n’a pas été écrit dans le sens de mon interprétation) : « Le spectateur sort de la salle avec une question en tête : comment ont-ils pu tourner un tel film ? ».
Comment Christopher Nolan a-t-il pu tourner, et accessoirement écrire, un tel film ? Il n’y a honnêtement aucune réponse possible. En nous racontant l’évacuation des troupes anglaises en juin 1940, alors cernée par l’armée hitlérienne, Nolan a décidé de produire un magnifique livre d’images en reproduisant à la perfection (je n’ai absolument pas vérifié ce que je vais écrire, mais je suis certain d’avoir raison) le moindre bateau ou avion de l’époque. Tout est soigné méticuleusement. Rien n’est laissé au hasard. Comme un gamin sur sa balançoire qui réclame l’attention de sa mère, chaque plan du film hurle à la face du spectateur : « Regardez-moi, regardez-moi comme je suis bien filmé ! »
Notez que cet épisode de la Seconde Guerre mondiale va jusqu’à diviser le critique des Inrocks qui le qualifie d’abord « d’un épisode marquant » dans le chapeau de son article avant de se raviser trois lignes plus loin pour en dire qu’il s’agissait là d’un « épisode crucial, mais relativement méconnu ».
Le film débute sur l’image d’un soldat anglais (Tommy, l’un des rares personnages nommés dans le film), qui rêve de s’enfuir le plus vite possible de la plage de Dunkerque où lui et des dizaines de milliers de soldats attendent qu’on vienne les chercher. Bizarrement, ils sont tous en rang d’oignon, perpendiculaires à la mer, le premier de la ligne se baigne ainsi jusqu’à la taille dans de l’eau froide. Je ne perçois pas l’intérêt vu qu’aucun navire ne point à l’horizon.
Direction ensuite la Grande-Bretagne où un plaisancier britannique embarque avec deux jeunes garçons pour venir récupérer les « boys » de la Nation à la demande du gouvernement.
D’autres séquences se passent sur un ponton où Kenneth Branagh interprète le commandant Bolton scrutant la mer du Nord (il semble dormir carrément ici). Sur ce même ponton, des milliers de soldats attendent.
Enfin, on suit des batailles aériennes entre pilotes britanniques et allemands.
Voici tous les éléments du film qui s’entremêlent sans aucune raison : une séquence avec Tommy, une séquence sur le ponton, une séquence avec le plaisancier et des navires qui se font bombarder, une séquence dans les airs et ainsi de suite.
Il n’y a aucune histoire, on ne sait rien de personne, la plupart des protagonistes sont crédités au générique sous la forme de « Grenadier », « Soldat » ou « Officier ». Ils se ressemblent tous (et les acteurs jouent mal). On se moque comme de l’an 40 (façon de parler) de savoir s’ils vont s’en sortir ou pas, bien que le film s’évertue à créer le suspense le plus artificiel possible à coups de plans interminables sur des gens qui marchent le long du sable, de bateaux qui se font bombarder et qui coulent et des gens qui nagent pendant des heures vers un autre bateau qui va se faire irrémédiablement couler juste avant l’enchaînement des quatre séquences iconiques du film.
En somme, tout nous indiffère.
Et le pire (car il y a pire, oui !), c’est que ce suspense en bois est entretenu par l’atroce musique de Hans Zimmer. QU’ON LUI DÉBRANCHE SES CLAVIERS BONTEMPI, PUTAIN. Aucun thème, aucune mélodie (Zimmer n’a ni les capacités intellectuelles ni le talent pour composer autre chose que des accords plaqués sur un synthétiseur).
Comme le scénario, la musique n’est que du rien.
Alors, pour tenter pitoyablement de faire grimper le curseur de l’angoisse (« Mon Dieu ! Ce personnage dont je me fous va-t-il réussir à nager pendant quatre minutes vers ce navire en train de se faire bombarder ? »), il utilise deux méthodes éculées :
- La sonate sur une note en ré qui consiste à répéter inlassablement la même note plus ou moins rapidement :
(C’est moi qui vient de composer cette mélodie, filez-moi dix millions de dollars.)
- Les gammes de Shepard (que j’ai découvertes pour l’occasion) qui consistent à vous faire croire artificiellement qu’on monte une gamme sans jamais s’arrêter, comme si elle était de plus en plus aiguë (alors qu’en réalité on joue toujours les sept mêmes notes) :
Il y a aussi une troisième méthode qui est celle de nous faire écouter le tic-tac d’une montre, mais je ne pense même pas qu’on puisse définir ça comme de la musique.
Cette horreur musicale a tout de même eu les honneurs de la critique cinématographique, ainsi Le Monde la qualifie de « partition omniprésente et une fois de plus remarquable d’Hans Zimmer tendant vers la musique industrielle ».
Je suggère qu’on laisse la critique musicale à ceux dont c’est le métier et qu’on interdise dorénavant à Nolan et Zimmer : 1. de collaborer ensemble, 2. de collaborer tout seul.