Toute l’année dernière, j’ai publié des tas de chroniques ciné sur Facebook. C’est dommage, car seuls mes « amis » (au sens Zuckerberguien du terme) en profitent. Et comme ils détestent (un ami blogueur influent m’a dit l’autre jour : « Les chroniques ciné, c’est absolument pas toi. Ton fonds de commerce sur Internet, c’est de te plaindre de la vie »), je me suis dit que j’allais vous les refourguer ici. Genre comme les paquets de magazines dans les stations services avec un numéro de Biba de 1995 couplé à trois numéros de Elle de 2004 et à un exemplaire d’Union (avec les annonces les plus chaudes de ta région) datant de 2001. Ça se trouve, ça ne se fait plus, remarquez.
Enfin bref. Sans plus attendre voici toutes mes chroniques ciné (enfin, huit dans ce post, huit dans un second) de Facebook de 2016 et dorénavant je cross-publierai sur mon blorg et sur Facebook. Et ça me donnera l’impression de payer OVH pour quelque chose.
TL;DR : J’ai vu La Tortue rouge, clairement le film que j’ai préféré de tout 2016, mais je n’en parle pas ici.
Au programme :
Premier contact
Men and Chicken
Les Enfants de la chance
Ma vie de courgette
Dans les forêts de Sibérie
Star Trek : Sans limite
The Witch
A Bigger Splash
Premier contact / Arrival
Tout le monde donne son avis sur Premier Contact et, puisque je l’ai vu, devrais-je m’empêcher de livrer le mien ? Je ne crois pas, non.
Tiré d’un bouquin écrit par Ted Chiang (je jure de ne faire aucun jeu de mot), Premier Contact narre l’histoire de la jeune linguiste Louise Banks qui réussit à comprendre le langage d’extra-terrestres (des poulpes) fraîchement débarqués sur Terre et qui – pour une fois – ne semblent pas hostiles. Toutefois, leur absence d’agressivité ne signifie pas « pacifisme » pour l’armée et les gouvernements.
Le film dure deux heures. Au cours de la première (heure), Louise tente de comprendre le langage des poulpes venus d’ailleurs. Pendant la seconde (heure), elle tente de convaincre les autorités qu’ils sont sympas.
Ça rappelle furieusement un vieil épisode de la Quatrième dimension (To Serve Man) où une jeune femme décrypte pendant vingt minutes un livre amené par des aliens très gentils qui proposent à tout le monde d’aller visiter leur planète. Sauf qu’en réalité, le livre est une compil’ de recettes de cuisine de Maïté pour assaisonner la chair humaine. Ici, c’est sensiblement la même chose (le twist final n’a rien à voir, je n’ai absolument rien spoilé, chouinez pas dans les commentaires), sauf que c’est six fois plus long.
Donc, pour résumer, Premier Contact est un film plutôt bien, mais quand même un peu… Chiang ! (LOL, HUMOUR, RIGOLADE, BLAGUE)
Men and Chicken / Mænd og høns
Deux frères abandonnés par leur père (et légèrement tarés) découvrent à sa mort qu’ils ont d’autres frères (mais carrément fous) qui vivent sur une île perdue. Étrange mystère qu’une sombre histoire de génétique résoudra. La seule chose que j’ai retenue de ce film danois, c’est que les acteurs s’assommaient avec des casseroles en fonte. C’était drôle (et un peu crade aussi).
Les Enfants de la chance
Parce que je refuse d’être le seul à souffrir, je souhaite vous encourager à aller voir « Les Enfants de la chance ». Un film superbe(ment chiant) qui raconte l’histoire VRAIE é(m/p)ouvant(e/able) d’un jeune enfant juif tuberculeux dont toute la famille meurt. Rien que ça. En soi, l’histoire authentique (en grande partie) est assez dingue.
Car pour échapper aux Nazis, Maurice (le gamin) a eu le cul bordé de nouilles (en revanche, pour son père, sa mère, ses frères et ses sœurs, ça n’a pas été le bonheur) (ta gueule, Claude François).
Après une baston dans la rue, Maurice se casse la hanche, on l’emmène à l’hôpital. Le médecin décèle une tuberculose osseuse grâce à cette fracture. Il l’envoie dans un autre hôpital à Garches. Ce qui lui permet d’éviter la déportation car au même moment, sa famille est embarquée lors de la rafle du Vel d’Hiv. À Garches, un médecin courage (Philippe Torreton) va le soigner et le protéger d’une seconde rafle. Il sera l’un des rares à sortir guéri après la guerre et retrouvera sa tante, seule survivante de toute la fratrie Gutman (spoiler alert).
Mais l’horreur du film n’est pas à chercher dans cette histoire triste et tragique. Elle se cache dans une réalisation catastrophique digne d’un téléfilm de France 3 (spécialité du réalisateur) avec une cerise sur le gâteau (ou plus exactement de la cannelle sur le strudel) : l’un des enfants de l’hôpital a un accordéon et toutes les dix minutes, la bande de gamins tuberculeux chantent des chansons débiles. Et ils chantent sans arrêt. Le cours de français les rebute ? Ils chantent (« Un cheval, des chevals / Un bocal, des bocals »). Le repas du soir est mauvais ? Ils chantent (« Tous les soirs, c’est des carottes / mais c’est une vraie marotte ! / Nous, on voudrait bien du pain / Mais y en a qu’pour les lapins »). L’un d’eux meurt ? Ils chantent (« Oh ! Samuel, tu étais notre ami / Ton départ nous attriste / On pleure sur ta tombe / Et on va y faire une ronde »). Un autre part de l’hôpital ? Ils chantent (« Au revoir / le dortoir / On ne s’oubliera pas / Les amis / Vous aussi / Vous êtes toute ma vie »). Je n’en pouvais plus.
Bref, courez-voir « Les Enfants de la chance ». Et notez que je ne suis pas sûr qu’il y ait un lien direct avec la chanson de Serge Gainsbourg.
Ma vie de courgette
Dimanche dernier, je suis allé voir Ma vie de courgette et depuis j’ai bien du mal à me faire un avis sur le film. Comme si un grand vide entre mes deux oreilles avait remplacé mon cerveau (mais en ai-je déjà eu un ? La question passionne les chercheurs depuis ma naissance).
Ce qui est magnifique : l’animation, les personnages, les couleurs, le côté faussement bricolo (tu le sens, mon artisanat ?)
Ce qui est bien : tout le début de l’histoire avec ce jeune garçon, Courgette, qui se retrouve dans un foyer pour enfant après que sa mère alcoolique meurt d’une mauvaise chute dans l’escalier.
Ce qui est chouette : la connivence et l’amitié qui se nouent entre les enfants du foyer, les répliques joliment écrites, la méchante tante super méchante.
Ce qui est naze : les quinze dernières minutes (sur un film d’une heure) qui court-circuitent le scénario pour nous amener à une conclusion certes mignonne, mais quand même nunuche.
Donc, si je résume : j’ai aimé, sauf la fin.
Il ne me reste plus qu’à retrouver mon cerveau. Petit, petit, petit ? Tu es oùùùùù ?
Dans les forêts de Sibérie
En 2007, Sylvain Tesson (fils de Philippe), garçon bien né, souffre de cette vie germanopratine si superficièèèèèlle. Sa décision est prise : il part six mois en Sibérie. Seul, pépère et sans voir la tronche de ces connards de serveurs du café de Flore. À son retour, il raconte son grand périple dans un livre (où il boit de la vodka et lit) qui est devenu un film avec Raphaël Personnaz.
Comme un mec qui boit de la vodka et lit pendant deux heures, ce n’est pas vraiment cinématographique, Personnaz se fout à poil (un peu) puis rencontre un ours et un ancien criminel qui vit depuis dix ans dans la forêt. De bien belles images, de beaux paysages, une nature époustouflante, mais une histoire pas vraiment palpitante.
Star Trek : Sans limites / Star Trek Beyond
Dans la série des chefs-d’œuvre que j’ai vus récemment, après Jason Bourne, il y a eu Star Trek (toujours pour le travail, un bon prétexte). Je vous aurais bien fait part de mon avis passablement génial sur ce nouvel opus de la série, mais j’ai beaucoup trop dormi pendant le film pour m’en souvenir.
Je crois qu’il y a un vaisseau spatial qui est détruit par un genre d’essaim d’abeilles métalliques qui ont dû le prendre pour du pistil. Et à la fin, la caméra virevolte à travers les planètes, c’est très joli et en 3D.
Petite histoire amusante (si, si) : figurez-vous que j’ai comparé la course-poursuite de Jason Bourne à Fast & Furious et devinez qui a réalisé ce dernier Star Trek ? Je vous le donne en mille, Émile : le réalisateur de quatre épisodes de Fast & Furious ! Coïncidence ? Ça m’étonnerait pas mal.
Tout ça, c’est un large complot international pour nous lobotomiser avec des courses-poursuites et nous détourner des vrais questions qui nous hantent comme « que sont devenus les protestataires de Nuit Debout ? ». Mais j’en ai déjà trop dit.
Chut. Internet a des oreilles.
The Witch
En 1630, une famille religieuse et dysfonctionnelle (pléonasme) est expulsée du village où elle habite parce que l’aînée des quatre enfants serait une sorcière. Hélas, ce nouveau départ est gâché par le père totalement paumé devant sa progéniture particulièrement casse-bonbons. Pascal le grand frère aurait fait des miracles. Dommage : il n’était pas libre.
Seule chose à retenir : les dialogues sont tirés de véritables textes d’époque. C’est peu, mais c’est déjà ça.
A Bigger Splash
Je sais bien que vos chances d’aller voir A Bigger Splash sont relativement minces, mais si je peux décourager les deux ou trois personnes susceptibles de s’y rendre, j’aurais l’impression d’avoir rendu un service énorme à l’univers tout entier.
A Bigger Splash, c’est deux choses. D’abord un remake de La Piscine, film de 1972 avec Alain Delon et Romy Schneider que je n’ai pas vu. Et ensuite, un titre emprunté à un tableau de David Hockney qui représente un plongeoir, une piscine, quelqu’un qui plonge et une villa au fond.
On y suit Tilda Swinton qui interprète une rock star aphone (totalement crédible) et son amant (Matthias Schoenaerts). Tous deux sont en vacances dans une très belle villa (dotée d’une piscine, mais vous vous en doutiez), sur une île méditerranéenne (l’île de Pantelleria). Tout roule jusqu’à ce que l’ancien producteur et ex de Tilda (Ralph Fiennes) débarque avec sa fille (Dakota Johnson) et s’incruste méchamment chez eux. Une spirale de décadence instillée par ce dernier va précipiter le quatuor dans les perversions les plus honteuses : alcool, drogue, coucherie et natation.
Baignant dans une lumière bleue (super original), A Bigger Splash noie le spectateur avec son rythme d’une lenteur insupportable qui ferait passer des chants grégoriens pour de la hardtek. On s’y ennuie à cent sous de l’heure. Et le final grotesque avec une arrivée de migrants frise le ridicule absolu. « Frise » seulement, car le ridicule absolu est atteint, en réalité, juste après : lorsque Tilda déboule en rock star déjantée sur une grande scène ouverte devant un public exalté venu l’applaudir, et qu’elle agite ses trente-deux kilos tel un couillon s’électrocutant en jouant avec un taser.
Ça fait du bien de lire du mal de films dans des résumés qui ne sont pas plus longs que les films eux-mêmes (voir : Un odieux connard).
Merci. Un Odieux connard est la référence en matière de dire du mal des films, mais faut prévoir effectivement plusieurs heures de lecture.