Si on devait classer l’humanité, juste comme ça juste pour rigoler, on pourrait le faire de tas de façons très rigolotes. On pourrait faire comme le maire de Béziers, suivant la religion, on pourrait faire comme les gouvernements, suivant les frontières, on pourrait faire comme les allergologues, suivant la tolérance au gluten, ou on pourrait faire à ma façon qui consiste à diviser l’humanité en deux grandes catégories : ceux qui survivront à une attaque de morts-vivants et ceux qui deviendront des zombies.
Je dis pas ça parce que la saison de The Walking Dead s’est achevée il y a quelques semaines maintenant. Je dis ça parce que plus je regarde les secondes de ma vie passer à travers les trous de la passoire du quotidien (je crois que j’ai entendu cette métaphore dans un film de Max Pécas, mais j’ai un doute), plus je suis sûr d’un truc : en cas d’attaque de morts-vivants, je vais finir assez rapidement dans la catégorie de ceux qui n’y survivront pas.
Oui, j’arrête un instant cet exposé aride pour vous expliquer qu’on pourrait croire qu’il y a une porosité entre mes deux catégories de l’humanité, ce n’est pas le cas : un survivant qui devient un zombie était de fait dans la catégorie des zombies. Bon, si on veut être pointu, il serait dans une sous-catégorie de ceux qui ont survécu un peu. Mais le résultat ne change pas : au bout du compte, il a succombé sous les dents de morts-vivants féroces et affamés.
(J’attire votre attention sur le fait que le vrai problème des morts-vivants, c’est leur gestion tout à fait problématique des denrées alimentaires : s’ils ne se contentaient pas de la moitié d’un intestin de chaque personne qu’ils tuaient, ils auraient une réserve de nourriture beaucoup plus vaste. Leur méthode qui consiste à tuer le maximum de gens sans prendre le temps de finir toute leur assiette montre une certaine négligence d’un point de vue écologique, et je me demande bien quel genre de Terre les zombies ont l’intention de laisser à nos enfants, je pose la question, le débat est ouvert, Cécile Duflot doit en débattre lors des prochaines questions au gouvernement).
Alors, vous me direz : « Oui, mais si on va par là, qui va dans la catégorie des survivants ? ». Pas grand-monde. Je déconseille aux hommes politiques de chercher à draguer leurs votes, car ça n’assurerait certainement pas une victoire aux prochaines élections. Je dis ça pour toi, François Hollande.
Or, donc et en effet, s’il y a une attaque de morts-vivants, je pense même faire partie des premières victimes. Pourquoi ? C’est une très bonne question. C’est une intuition. Un mec comme moi, gentil, qui invite des SDF à prendre des bains, qui leur offre le gîte et le couvert, qui répand la bonté autour de lui comme McDonald’s l’obésité, qui ouvre chaque jour les portes de son cœur aux autres, qui n’a pas une grande gueule, qui préfère rire de lui que de blesser le voisin, comment pourrait-il s’en sortir ? Et je ne blâme pas là les zombies, car eux, à la rigueur, je les comprends, mais plutôt l’autre frange de la population : les survivants.
Car les vraies raclures, ce sont eux ! Quand on regarde The Walking Dead, on s’en rend bien compte : ce sont tous des psychopathes dotés d’un caractère de cochon, totalement incapables de s’accommoder du « vivre ensemble ». Avez-vous déjà vu une communauté de hippies dans The Walking Dead ? Non. Les survivants se regroupent ensemble, non pas pour s’en sortir, mais uniquement pour s’étriper entre eux.
Et c’est le paradoxe, les zombies, eux, n’ont aucun problème à rester proches les uns des autres. Un instinct grégaire les soude. Donc, honnêtement, si l’humanité se divise vraiment en deux catégories, il vaut bien mieux être dans celle des morts-vivants que des survivants. Question de bon sens. Et si Rick Grimes l’avait compris ainsi que quelques autres, on se faderait pas tous les ans de nouvelles saisons de The Walking Dead de plus en plus poussives.
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