Skip to content

Mois : août 2014

T’as pas cent balles ?

Quand j’entends parler de Digital Native, j’ai envie de sortir mon fusil. Mes neveux, mes nièces sont des digital natives, ils sont nés avec l’iPad de papa dans la main, le téléphone de maman dans l’autre, avec un compte Facebook ouvert avant leur 13 ans et plus d’intimités perdues dans ask.fm que de virginité. Mais ce qui est vraiment passionnant avec les digitals natives, c’est que leurs parents sont persuadés que ce sont des petits génies de l’informatique. Et il n’y a pas plus faux. Aucun des digital natives que je connais ne sait mettre à jour son ordinateur et ne parlons même pas de taper une ligne de commande ou de changer une barrette mémoire. Ils connaissent l’usage, ils n’ont aucune idée de la technique. Mais ce n’était pas pour me lancer dans une diatribe inconsidérée contre la jeunesse que j’ai commencé à écrire ce post. Non, c’était pour parler d’argent.

Contrairement aux Digital Natives, qui sont de la génération « euros », je fais partie de la génération « francs », mes parents de la génération « anciens francs ». Longtemps, je me suis couché tôt, c’est vrai, mais surtout longtemps, je n’ai jamais imaginé que je verrais un changement de monnaie. C’est un qui me paraissait totalement absurde. Comme si on décidait demain qu’il faille conduire en roulant à gauche plutôt qu’à droite. Bref, l’euro c’était un peu ma révolution. Mon Mai-68, quoi.

Et comme mes vieux qui n’arrivaient pas à convertir les anciens francs des nouveaux francs (et pourtant, ce n’était pas compliqué), l’euro m’a posé pas mal de difficulté. Si j’ai bien compris que mon salaire était divisé par 6,55759, j’ai moins compris que tout était également divisé. Et qu’un ordinateur à 16 000 francs n’avait pas connu une démarque de 85%. De même, je crois qu’acheter un appartement 250 000 euros m’a semblé à peine impressionnant. Alors que claquer un million et six cent quarante mille francs…

Anyway. En même temps que le franc disparaissait des étiquettes du supermarché, les expressions associées s’éteignaient également dans ma bouche. Fini les « Putain ! y en a pour 10 briques ! », terminé les « ça coûte trois francs six sous » et au revoir le classique « J’ai dépensé 50 balles hier ».

Et je peux témoigner sur l’honneur et sur ma bite que je n’ai jamais utilisé l’expression « balles » avec des euros. «Briques» encore moins. Jusqu’au jour où… Jusqu’à ce jour de mars dernier où je déjeunais avec un compère des Craypion d’Or. Nous devisions devant un cassoulet sauce tartare, quand icelui me dit : « Hier, avec le taxi et les verres, ça m’a fait la soirée à 100 balles ».

Il existait donc encore des gens dans ce monde fou et surexcité qui continuaient d’utiliser « balles » dans leur vocabulaire. J’en aurais chialé. Dans ma tête, c’était interdit, car le mot « balle » désignait de petites sommes. Or, en euros, il n’existe pas de « petite somme ». Rien n’existe en dessous de l’euro. Un verre se paie 10. Un repas est à 100.

Mais ce que me démontrait avec panache mon compagnon de tablée, c’est que malgré ce différentiel de valeurs, rien n’interdisait l’usage du mot « balle » pour remplacer « euro ». Un nouveau monde s’ouvrait à moi, tel Christophe Colomb qui découvre l’Amérique ou plus probablement tel Laurent Romejko qui découvre la carte du temps de demain.

Depuis, je n’arrête plus. « Balles » par ci, « Balles » par là. Je suis insatiable. En fait, je crois que je rattrape treize ans de balles perdues.

Du bon usage du marteau

Aujourd’hui, je vais profiter d’une récente expérience de bricolage pour vous parler d’un outil bien pratique au quotidien, je veux bien évidemment parler du marteau.

Comme tous les sujets qui ne sont pas relatifs à Star Trek ou aux Klingons, Wikipédia s’avère bien pauvre en information historique sur le marteau. On nous informe tout juste que depuis que l’homme est homme, le marteau a été utilisé pour percuter des choses aussi variables que de la roche, du métal ou des cranes. Et cette introduction de l’encyclopédie collaborative s’achève deux lignes plus loin avec cette magnifique phrase qui risque de faire se retourner Diderot et D’Alembert dans leur tombe : « Depuis son invention jusqu’à nos jours, son utilité s’est beaucoup développée et elle se développera sûrement avec les années ».

Oui, il est sûr qu’à l’avenir, le marteau sera promis à un développement inouï, probablement concomitant à l’instant où il sera capable d’intelligence et de marcher tout seul, comme l’a démontré Roger Waters dans son opéra rock The Wall.

Marteau The Wall

Je vois déjà Charlton Heston débarquer sur une planète inconnue où des marteaux ont pris le contrôle de l’univers. Mais je m’égare (Saint-Lazare).

Donc.

J’avais une mission particulièrement compliquée pour mes compétences en bricolage : installer une goulotte le long d’un mur pour cacher un câble que je ne saurais voir. J’avais la goulotte, j’avais la colle, j’avais les clous, j’avais le marteau (qui date de 1954, je pense) et j’avais le câble qui pendouillait. Et comme je suis plus malin que tout le monde, ma goulotte était exactement de la taille du câble : un centimètre. Dans la goulotte, il y avait des trous ci et là pour me permettre de planter des clous, à la mode de chez nous. Mais un problème évident survint dans mon esprit : comment la tête du marteau qui présente une surface de deux centimètres par deux centimètres pour taper (qu’on appelle « la table ») allait bien pouvoir entrer dans la goulotte d’un centimètre ?

À Table

Goulotte a

Au bout d’un mois de réflexion, j’ai fini par me dire que c’était tout bonnement impossible et que j’allais simplement coller cette putain de goulotte de merde à la con.

Évidemment, la colle n’a pas tenu, et ma goulotte s’est fait la malle. J’ai donc utilisé toutes les ressources de mon cerveau et, saisissant le marteau, j’ai essayé tant bien que mal de clouer les clous dans la goulotte en tapotant avec les angles de la table.

Hélas, comme attendu, une fois que la tête du clou était entrée dans la goulotte, je n’arrivais pas à finir le travail. À moins de péter la goulotte.

Deux ans plus tard, alors que le fil était toujours bien visible et que j’étais en train de le regarder en me disant « Bordel de bite au cul, c’est pas croyable, comment qui font les autres ?! », j’ai réalisé que le marteau n’avait pas qu’un côté. Il suffisait de taper avec le côté opposé du marteau (qui s’appelle « la panne »), bien plus fin, pour que le clou finisse sa course et rentre complètement dans le mur.

Panne de cerveau

Goulotte b

Une découverte majeure pour l’homme (tout au moins, moi) qui n’a fait l’objet d’aucun tutorial de Leroy Merlin (incroyable !) et qui confirme ce que disait Wikipedia en préambule : « l’utilité du marteau se développera sûrement avec les années ».

Et si vous avez des travaux de peinture, rénovation, plomberie ou projection de béton armé, n’hésitez pas à faire appel à mes compétences hors du commun.