En près de vingt ans de carrière professionnelle de haut niveau où j’ai côtoyé les meilleurs (c’est-à-dire principalement moi-même, le reste de l’univers étant composé majoritairement d’abrutis), j’ai eu l’occasion d’appréhender de nombreuses méthodes d’organisations afin d’améliorer ma productivité dans le cadre d’une synergie entre effort et réconfort.
Cette expérience me permet aujourd’hui de prodiguer d’excellents conseils aux entreprises en mal d’efficacité. Et parce que je suis sympa, j’ai décidé de partager avec les lecteurs de mon blorgue mes notes de service sur de célèbres méthodes créées – souvent par des charlatans – soi-disant pour travailler mieux. Si la lecture de cet article vous a apporté quelque chose, n’hésitez pas à faire une donation PayPal ou Bitcoin. Mon pseudo : onissouakimalypanse.
1. La méthode des « 5 minutes »
J’ai découvert cette méthode aux termes d’heures de pérégrinations sur le web. Son concepteur a un credo assez audacieux : si ce que vous devez faire ne nécessite pas plus de cinq minutes, alors faites-le.
Sur le principe, c’est génial, parce qu’on fait PLEIN de choses, mais cette méthode a un GROS défaut, c’est que pratiquement tout ce qu’on doit réaliser dans la vie prend en moyenne cinq minutes. Descendre les poubelles, répondre à un mail, étendre le linge, nettoyer une casserole, téléphoner à mamie, changer la couche du petit dernier, faire l’amour (oui, ça me prend cinq minutes). En revanche, allumer la console pour jouer à GTA V, opération qui me prend entre quinze et vingt minutes (« Une mise à jour de 8 Go est disponible, voulez-vous la télécharger ? » « Non ? Vous ne voulez pas la télécharger ? » « Si vous ne la téléchargez pas, vous ne pourrez pas jouer, voulez-vous la télécharger ? » « Oui ? » « Oui ! »), est impossible.
Verdict : nul.
2. La méthode « Pomodoro »
Elle se base sur le même principe que la méthode des cinq minutes, mais cette fois-ci, les tranches durent 25 minutes. Pour faire clair, on passe de : « Ça me prend cinq minutes, je le fais » à : « Je me donne 25 minutes pour le faire ».
Et alors, là, c’est YOLO. Parce que 25 minutes, c’est ou trop long ou trop court pour faire quoi que ce soit. Exemple : se brosser les dents -> 25 minutes ; regarder la télé -> 25 minutes ; faire des recherches pointues pour son travail -> une semaine ? Mais non, triple buse ! Avec la méthode Pomodoro -> 25 minutes. Et quel que soit le résultat, au bout de 25 minutes, c’est obligatoire, tu lâches ton stylo et tu te barres. Je l’ai fait dans plusieurs réunions, l’effet est garanti.
Mais pourquoi 25 minutes ? A quoi ça correspond ? L’explication est digne de l’Église de scientologie. C’est parce que 25 minutes, c’est le temps nécessaire pour faire cuire des tomates afin d’en faire une sauce pour les pâtes. Et, dans la grande tradition de l’alimentation vivante à base de graines germées qui nous dit que « si c’est bon pour la nature, c’est que c’est bon pour nous aussi », les spécialistes de l’organisation ont accouché de cette équation stupéfiante : 25 minutes pour faire une sauce = 25 minutes pour écrire une thèse sur la mise en œuvre des référentiels techniques dans le cadre de la régulation des risques nucléaires en cas d’inondation. CQFD.
Verdict : attendez, ça cuit.
3. La méthode GTD
C’est la méthode la plus célèbre. On la doit à David Allen, j’avais même acheté son livre : « S’organiser pour réussir ». Le premier chapitre évoquait les fournitures à trouver avant même de commencer. Il fallait des chemises, des crayons de couleurs, des étiquettes et surtout des bannettes, mais en « format italien », c’est-à-dire de manière à pouvoir glisser les dossiers dans le sens de la longueur et non de la largeur. Bah, va trouver des bannettes comme ça chez Office Dépôt, et reviens me voir, hein. Im-pos-si-ble. Je ne suis pas allé plus loin. Car, outre ce problème de matières premières, indispensable pour bien débuter en GTD (qui veut dire « Get Things Done », mais il n’y a rien de plus faux), la méthode est très compliquée.
Il faut lister ses projets, puis lister dans chaque projet, les étapes nécessaires à son avancement et, à chaque étape, il faut associer un « contexte » (l’endroit où l’étape peut se réaliser). J’avais fait un projet « Faire les courses ». Il y avait en première étape : « Vider le frigo et jeter ce qui est pourri » dans le contexte « Maison », puis en seconde étape : « prendre une feuille de papier » dans le contexte « Bureau », puis en troisième étape : « faire la liste des achats » dans le contexte « WC », puis en quatrième étape : « acheter les victuailles » dans le contexte « Supermarché ». Un vrai bordel.
Verdict : dans le contexte « casse-couille », cette méthode est championne.
4. Ma méthode
Forcément, à force d’essayer les méthodes des autres, j’ai fini par développer la mienne. Celle-ci s’est montrée d’une efficacité redoutable dans le cadre de l’organisation de ma vie. Elle est à mon image, simple et sophistiquée.
Il vous faut une feuille de papier. Prenez la feuille, ramenez l’un des angles de la feuille vers le bord opposé de manière à faire un carré. Coupez la partie qui dépasse. Pliez l’autre diagonale de la feuille. Ramenez chaque coin vers le centre, ça fait une jolie enveloppe. Pliez chaque coin à nouveau et rabattez au centre les extrémités. Dépliez l’intérieur vers l’extérieur, ressortez les coins, retournez le pliage, pliez vers l’intérieur en deux et tirez de chaque côté. Et voilà :
Certes, vous n’avez atteint aucun des objectifs planifiés pour la journée, mais vous avez dorénavant un très joli bateau.