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Snif, David Letterman s’en va…

« From New York, the greatest city in the world it’s the Late Show with David Letterman ! ». En 1999, je m’installais à Paris, je m’abonnais à Numéricable qui s’appelait alors Noos ou Paris Câble, je ne suis plus sûr. J’habitais le douzième arrondissement, côté rive gauche, pas loin de Nation. Il y avait la chaîne Comédie! et tous les soirs Comédie! diffusait un nouveau numéro du Late Show avec David Letterman. C’est comme ça que j’ai découvert le bonhomme, son humour génial, ses blagues débiles, ses « Top Ten List ». J’étais ultra-fan. Sur mon CV, j’écrivais : « journaliste spécialisé des talk-shows américains ». J’étais le seul sur ce marché de niche qui décollera plus tard quand une ribambelle d’abrutis qui tétaient leur mère quand j’écrivais mes premiers papiers ont découvert Jimmy Fallon, mais j’y reviendrai.

Les deux ou trois fois où je suis allé à New York, je rêvais d’être dans le public du Late Show, mais je n’ai jamais réussi. Car pour y aller, il fallait poireauter devant le Ed Sullivan Theatre et parfois, il fallait répondre à des questions sur le show comme : « Qui est le régisseur plateau de l’émission ? Biff Henderson ». J’avais oublié.

Autant dire que les chances s’amenuisent encore plus aujourd’hui, après l’annonce du départ en retraite du plus drôle des animateurs de talk-shows.

Et c’est peu de dire que Letterman va me manquer, ce qui est débile en soi, vu que je ne le connais pas, qu’il ne me connaît pas et que je ne regarde plus ses émissions aussi régulièrement que je le faisais à l’époque (depuis que YouTube propose des extraits, je m’en contente allègrement, d’autant que l’offre s’est enrichie considérablement depuis que Stephen Colbert s’est émancipé du Daily Show avec son Colbert Report et surtout depuis que Conan O’Brien est sur TBS).

Mais ça n’empêche, c’est comme de savoir qu’un vieil ami s’en va. Il faut dire que j’ai suivi avec angoisse son quintuple pontage cardiaque en 2000, j’ai adoré son long monologue après le 11 septembre 2001, j’ai craint pour lui quand un fanatique voulait l’assassiner. Et puis, je dois à Letterman de m’avoir fait découvrir Johnny Carson. Et Johnny Carson, c’est une tout autre histoire, mais si vous avez un intérêt pour les talk-shows, sachez que c’est la matrice de tout ce qui s’est fait depuis. En plus, les émissions de Carson sont assez fascinantes parce que les invité(e)s étaient les stars d’Hollywood, alors à la fin de son âge d’or. Bref, c’est génial. Et vous verriez la justesse avec laquelle Carson imite l’accent du bouseux texan ! (cette phrase n’est là que pour me foutre de la gueule des « journalistes spécialistes de séries télés » qui me gonflent à me dire que Matthew McConaughey imite à la perfection l’accent texan).

Que dire de plus ? Ah si. Si j’étais en train d’écrire pour BienBienBien (hélas), je poserais la question de la relève. Et, comme l’a dit très bien un comique sur Twitter dont j’ai oublié le nom : « Pour bien faire, il faudrait un « Jimmy » vu qu’il y a un Jimmy Kimmel sur ABC et un Jimmy Fallon sur NBC ».

Ah, Jimmy Fallon, venons-en. Jimmy Fallon, je le déteste. C’est l’usurpateur, l’homme sans âme, le front collé au botox, même pas quarante ans et déjà refait. Toute la jeune garde s’enthousiasme pour Fallon dans leurs papiers pour Télérama ou Les Inrocks. « Mééé Rôgarde, il a rôfait l’histoire du rap avec Will Smith ! ». Ouais, super. Peut-être que je connaîtrais l’histoire du rap, ça me parlerait, note. Non, Fallon a un talent qu’il a perfectionné au Saturday Night Live : il éclate de rire pendant les sketches. Cherchez « Jimmy Fallon cracking up » (bah allez-y, cherchez), il y a au bas mot un million d’occurrences dans Google. Je vous mets au défi de trouver un sketch où il n’explose pas de rire.

Dans le très bon bouquin sur l’histoire du Saturday Night Live (Live from New York), j’ai découvert d’ailleurs que la plupart de ses collègues n’encadraient pas du tout cette façon de rire, car ça casse la dynamique du sketch.

Mais, bon, Fallon fait un très bon remplaçant à Jay Leno : consensuel, dans l’air du temps, sans prise de risque.

Et d’ailleurs c’est la seule bonne nouvelle de ce départ à la retraite de Letterman : David sera parti après ce connard de Jay Leno, et ça, ça vaut tout l’or du monde. Prends ça dans ta gueule, l’homme au gros menton. Et merci, Monsieur Letterman, pour ces heures de rigolade.

Publié dansLes Belles Histoires

Un avis avisé

  1. Elle Elle

    Point de vue tout à fait partagé ! Même « know you cuts of meat » va me manquer…

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