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Mois : mars 2013

Spring Breakers : la critique s’emballe-t-elle ?

On ne va pas se mentir, les critiques ont mouillé pour Spring Breakers, le nouveau film de Harmony Korine. Les Inrocks ont même consacré leur couverture au phénomène :

Inrocks

Avouons que sur ce film, Les Inrocks se sont dépassés, soutenant le film depuis la Mostra de Venise où il était comparé à du « Terrence Malick sous ecstasy ». Cette première critique du film avait au moins le bon goût de garder une certaine retenue : « [On peut] s’agacer de la façon dont Korine botte en touche, portant un regard à la fois critique et séduisant sur la violence de la gangsta weltanshung. Mais au final, ses twists ironiques, son humour noir, son énergie de série B, sa verve formelle, sans oublier la plastique superbe de ses actrices emportent le morceau ».

Aucune retenue lorsque le même auteur a écrit sa critique lors de la sortie officielle de Sping Breakers comparant cette fois-ci le film à du « Godard boosté au Red Bull » : « Korine filme cette débauche de formes et de couleurs avec une énergie folle, variant ses cadrages, balançant des décharges de montage en cut-up, bombardant les mots Spring Break comme un mantra » avant de conclure, superbe : « Derrière le rêve illusoire du Spring Break, les fractures ethnico-sociales et la violence de l’Amérique rôdent toujours. Korine déchire la carte postale floridienne et déniaise le Spring Break. »

Une autre « plume » des Inrocks officiant sur les ondes du Masque et la plume, vivant mal que le film n’ait pas été retenu par un Jérôme Garcin inspiré, a tenu à en parler lors des conseils à la fin de l’émission ajoutant à cette pandémie d’onanisme intellectuel : « C’est une critiqueuh de l’état terminale de la sociaytay du spayctacle qui va vraymant vayrs sonne apocalypse, mays cette apocalypse, i en fayt une sorteuh de feuh de joâ et c’est hein film totalemant jubilatoâre à la fois fayroce et trés trés drôlay ».

[mejsaudio src= »http://www.artypop.com/wp-content/uploads/2013/03/springbreakers.mp3″]

On aura bien sûr compris que si Les Inrocks ont beaucoup apprécié le film, c’est qu’il leur permettait, sous le vernis « œuvre d’auteur », de foutre des meufs en bikini sur la couverture, s’assurant de surcroît, grâce à la présence de Vanessa Hudgens et de Selena Gomez, un effet viral évident et une probable augmentation subtile des ventes en kiosque. D’ailleurs, j’ai trouvé la couverture des Inrocks en question sur le site de Selena French Web. Quand je pense ce qu’était ce journal, j’ai mal à ma mémoire.

Je me moque des Inrocks parce que je suis un connard jaloux, mais ce sont loin d’être les seuls à s’être branlés la nouille devant Spring Breakers : Les Cahiers du cinéma, Elle, Télérama et Paris Match ont, semble-t-il, été tout aussi émoustillés par ses jeunes filles en fleur et en bikini pendant 99% du film :

Critique

Pourquoi une telle unanimité ? Parce que c’est pas tous les quatre matins qu’ils vont voir un film qui peut se vendre auprès du public comme « film d’auteur » (parce que c’est Harmony Korine qui l’a réalisé, le GÉNIE qui a pondu en deux semaines le scénario de Kids, qui a filmé l’ovni Gummo et le très radical Julien Donkey Boy, qu’il est sorti avec Chloë Sevingy, qu’il a pris des drogues, qu’il a bu de l’alcool, qu’il a été très malheureux et qu’il adore le cinéma français depuis ses douze ans) où quatre filles passent leur temps à poil et où le nihilisme du scénario est un support à toutes les interprétations fumeuses propre au plaisir du critique de cinéma.

Et concrètement ? Spring Breakers est une belle grosse bouse. C’est une tentative de réhabilitation maladroite et désespérée d’un type paumé qui ne vit que sur cette gloire éphémère qu’ont été les cinq premières années de son travail. Korine refait du Gummo, pour ainsi dire, en moins extrême et surtout avec des stars pour s’affirmer bankable. Un statut soutenu artificiellement par des critiques en mal d’émotions.

Alors, oui, certains se pâment devant le montage « cut-up » comme ils l’appellent eux-mêmes, fascinés par l’idée de montrer quelques plans d’une séquence avant qu’elle n’arrive dans le scénario, idée liée par des bribes de dialogues. Ainsi, l’une des jeunes filles va se faire tirer dessus, on voit trois plans d’elle avec du sang sur le bras, avant même qu’on ne nous ait montré la balle le traverser (son bras). D’autres s’extasient devant les répétitions des dialogues (appelons ça « remplir le vide ») « totalement jubilatoires » pour reprendre le critique du Masque et la plume. Par exemple, ce dialogue répété une quinzaine de fois :

  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)
  • On va le faire ?
  • Tu as la trouille ?
  • Je suis sûre que tu as la trouille…
  • Oui, je suis le plus grand trouillard de la planète…
    (dix secondes de pause)

Mais si voir des culs et des seins comble vos appétits cinématographiques, comme cela semble être le cas pour la critique française, alors un seul mot : foncez.

Les petits arrangements tarifaires du RER

Non, ce n’est pas pour parler des intempéries que je rédige ce billet ni pour hurler après le conseil merveilleux de la SNCF pendant l’épisode neigeux (« Ne vous rendez pas à Paris »). En fait, j’écris ce post car depuis que je suis à Paris, je suis en colère après les tarifs de la STIF (ceux qui gèrent les métros et les RER)

L’injustice ne m’a finalement frappé qu’après mon départ de Paris, pour habiter de l’autre côté du périphérique, à proximité d’une ligne de RER plutôt que d’une ligne de métro. Oui, il faut savoir qu’un appartement à côté d’une ligne de RER coûte 20 à 30% de moins que le même, dans une zone parfois plus sinistre encore, MAIS à côté d’un métro.

La distinction entre RER et métro n’étant pas évidente pour tout le monde, voici en gros ce qu’on peut en dire :

– le RER (réseau express régional) s’aventure plus loin de Paris que le métro
– le RER est tarifé par zone (1 : Paris, 2 : petite couronne, 3 : grande couronne, 4 : Amazonie, etc.)
– le RER est moins fréquent que le métro
– le RER ne s’arrête pas à toutes les gares
– le RER est moins fiable que le métro
– le RER s’arrête au plus tard à 1 heure du matin quand le métro fonctionne jusqu’à 2 heures les vendredis et samedis soir

En gros, le RER, c’est moins bien, c’est plus cher, mais ça va plus loin que le métro. Mais, chose amusante (enfin, c’est à voir), le métro ne s’arrête pas aux portes de Paris et dessert des gares au-delà du périph. Et dans cette zone opaque, on peut considérer que le RER est plus coûteux que le métro, pour un service moindre.

Ainsi, amusons-nous à regarder cette magnifique carte (et en cliquant dessus, elle s’agrandira comme par magie) :

Rat rer 830

Voyez la drôlerie. Pour aller de Cité Universitaire à Gentilly (1,4 km), il vous en coûte 2,60 euros (c’est le RER B). Ah oui, mais mon bon ami, vous traversez le périphérique, c’est QUAND MÊME un truc de dément. En plus, bon, parce que c’est plus rigolo, seuls 2 RER sur 3 s’y arrêtent (alors que sur la ligne A du RER, tous les trains s’arrêtent dans les stations justes après Paris comme La Défense, Nanterre ou Vincennes). Le soir, on peut l’attendre jusqu’à 15 minutes quand tout va bien.

En revanche, pour aller de la porte de Vincennes à Créteil Pointe du Lac (11,1 km), comptez 1,70 euros et à ce prix là, tous les métros s’arrêtent à toutes les stations, et en plus vous avez du rab jusqu’à deux heures du matin les vendredis et samedis soirs.

Marrant, non ?

Il vous en coûte pareil de la porte de Vanves à Chatillon Montrouge (3 km) ou de porte Maillot à La Défense (4 km).

Cette dernière destination a une autre petite particularité, elle peut vous coûter 2,60 euros ou 1,70 euros. C’est selon. Si vous prenez le métro, c’est 1,70 euros, si vous prenez le RER, c’est 2,60 euros. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. Je m’étais fait avoir au début de mon arrivée à Paris (et je ne suis pas le seul, je pense) et j’avais envoyé un courrier (ou un mail) à l’époque à la STIF sur ce sujet. La réponse m’expliquait qu’il ne fallait pas voir ça comme une «injustice du RER», mais comme un «avantage du métro». Le ton de cette réponse, d’ailleurs, m’avait laissé pantois, à la limite de la bordée d’injures…

Car, outre une tarification aberrante, l’autre talent de la STIF, c’est de vous prendre pour de la merde. Là où toutes sociétés privées vous brossent dans le sens du poil, la STIF n’en a rien à foutre. Si elle vous répond, c’est pour vous engueuler.

La seule autre fois où j’ai envoyé un mail à la STIF, c’était pendant un été où les travaux du RER C bloquaient la ligne pour deux mois dans Paris. J’avais demandé puisque ça rallongeait mon trajet s’il y avait une ristourne sur l’abonnement mensuel du coup. Que n’avais-je OSÉ réclamer ! La réponse a été directe et cinglante : « Monsieur, ces travaux, on les fait POUR VOUS, alors nous n’avons certainement pas à vous déduire QUOI QUE CE SOIT, petit enfoiré de merde. C’est tout de même incroyable que les usagers n’arrêtent pas de RÉCLAMER tout le temps, nous sommes les Dieux du transport en commun, vous nous devez offrandes et prières ». Je paraphrase, mais c’était dans l’esprit.

Du coup, je n’ose plus rien dire. Quand on vient me voir et qu’on n’a pas de passe Navigo, il faut débourser 0,90 euros de plus pour faire un kilomètre au-delà du périph. Et c’est comme ça et tu fermes ta gueule gros connard.