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César pas classe

Les Mayas s’étaient plantés. La fin du monde, c’était le 22 février, à la 38e cérémonie des César. En tout cas, la fin du monde du cinéma français. Dans un Théâtre du Châtelet artificiellement rempli avec des SDF de la station Hotel de Ville, on a assisté et constaté la disparition inexorable des stars du paysage cinématographique français. Cette cérémonie, c’était la prise de la Bastille des « talents » de Canal+. Des talents poussifs (« Je vais vous refaire le même sketch que l’année dernière »), sans imagination (« Et si je faisais semblant de parler dans un téléphone »), rejouant inexorablement leur rôle (« J’ai des ORIGINES, moi, monsieur »), insistant une énième fois sur leur intégration incroyable (« On vient de Trappes, quand on allait à Châtelet, ce n’était pas pour aller au théâtre ») qui semble plus relever du cas d’école que de la norme, et refusant aux autres leur quart d’heure de gloire (le césarisé pour le son qui a eu le droit à des tours de trottinette pendant son speech sur les coproductions européennes ; la meilleure actrice dans un second rôle, Valérie Benguigui, qui a eu le droit au coup de fil du « président de la cérémonie » [*] ; Omar qui se moque du speech d’Isabelle Carré). C’était tellement peu drôle que sur le site de Canal+, ils ont même identifié cette dernière séquence d’un énorme « HUMOUR AUX CÉSAR » :

Humour

Mais le pire, c’est qu’il n’y avait personne. Pas une vraie star d’envergure à l’horizon. Toutes retenues ailleurs, lassées d’entendre les blagues fallacieuses d’un Antoine de Caunes mal inspiré (dont l’auteur des blagues a même reçu un césar, c’est dire comme cela renforce le sentiment inexorable de copinage qu’une telle cérémonie engendre). Non, on a eu le droit à un festival de célébrités en devenir (Manu Payet, je l’aime bien, mais de là à être présenté comme « celui qui n’a pas pris la grosse tête avec la gloire », c’est peut-être un poil trop), poussant des coudes et rayant le parquet dans un décor franchement mal fagoté. Regardez les câbles à droite et à gauche des pupitres scotchés à la va-vite que tout le monde devait enjamber (avec plus ou moins de bonheur).

Cable

Parlant de technique, le moment où Vincent Trintignant appelle son père était probablement le climax de la soirée :

Allo Papa ?

Un message enregistré auparavant n’aurait pas pu avoir meilleur effet. Bref, c’était digne des directs de la Star Ac sur NRJ12. Sauf que bon, c’est Canal+, alors c’est Louboutin qui a refilé les godasses :

Je viens de Trappes, mais j'ai des Louboutins, BITCH

Et même pas des neuves, des vieilles tout usées. Quand je vous dis que c’est une sous-cérémonie embarrassante et soporifique… Pas vrai, Kevin ?

Kevin

(*) Quand on pense qu’on s’insurge en France du décompte qu’ont les stars américaines aux Oscars pour ne pas être trop longues, c’est pourtant un peu moins humiliant que ça :

HUMOUR

Published in#oldCulture

18 Comments

  1. mayacinéma mayacinéma

    haha, merci, au moins avec vous, j’ai un peu ri! 🙂
    C’est désolant, c’est vrai, mais que faire? Le Nouveau Monde des Mayas nous attend! 😉 Quittons donc l’ancien car il s’écroule sur lui-même… JOIE

  2. Entre les techos humilié et les vrais acteurs réduits au rôle de subalterne, on a bien touché le fond cette année. Les comiques de la télé ne sont pas prêt d’avoir la classe de certains vrais acteurs. Une petite honte, en fait.

  3. Elodie Elodie

    Entièrement d’accord avec cette chronique ! La soirée était consternante de nullité et de vulgarité. J’ajouterais le laïus misogyne sur Filipetti, mais à part ça, on a relevé les mêmes choses !
    Y a-t-il une star pour sauver le cinéma français ?

      • Et alors rien, j’ai pas regardé parce que ça ne m’intéressait pas. Mais s’il te faut une explication de texte : j’ai paraphrasé le billet pour le dire. Drôle non ?

  4. Virginie Virginie

    Exact : les remettants super nuls et qu’on interrompt pas, les césarisés qui demandent 5 minutes et qu’on coupe avec vulgarité. Une honte ! Moi, j’aurais bien téléphoné quand De Caunes parlait : il était vraiment, vraiment mauvais…

  5. Cela fait longtemps qu’on a perdu la classe ! C’est lamentable, c’est du réchauffé, des paroles creuses voire niaises (au pays de Molière, c’est le comble !!), les mimiques attendues des uns ne font plus rire les autres, bref on baille et on s’ennuie !! Je m’abstiendrais de regarder les prochains.

  6. Stéphane Stéphane

    +1 !
    Autant j’avais passé un bon moment l’année dernière, autant cette année fut pénible à suivre jusqu’au bout. Antoine de Caunes très mal inspiré, Jamel Debouzze en président (il a fait quoi dans le 7ème art ???) mal-élevé, la 38ème cérémonie a été prise en otage par l’esprit Canal (ou plutôt ce qu’il en reste). Hier soir, c’était tout sauf classe. Kevin Costner a dû se demander ce qu’il faisait là ! Bref, une soirée à vite oublier !

  7. Bigard Bigard

    Nul archi nul
    Pffffff mais ou sont les acteurs. Ventura gabin defunes la seul star kosner un monde le sépare avec nos pseudo acteur

  8. rachid rachid

    C’est la face caché de Jamel, ça vrai face usée, pourri, celle qu’ont n’est pas censé voir, j’imagine même pas son slip.

  9. Franck Franck

    C’était inégal certes. Le sketch de Laurent Lafitte était aussi brillant que fut choquant le coup de la trottinette, les raccourcissements forcés des remerciements et l’endormissement de la star américaine de service. A part ça, sujet futile.
    Plus de monstres sacrés? Si cette désacralisation pouvait ouvrir la porte à la fin de cette haute caste, je ne serais pas mécontent. Et c’est sans aucun rapport avec la qualité du jeu des acteurs.

  10. fred fred

    tout a fait d’accord et aussi nul que nos deux présentateurs français de Canal + aux Oscars !

  11. TyGal TyGal

    N’ayant pas regardé la cérémonie car las des standards habituels en matière de discours creux ; et ne partageant pas les politiques éditoriales des consortiums culturels, je ne serai peut-être pas vraiment objectif : mais je suis cependant heureux de constater que je ne suis pas le seul à m’attaquer à ces tour d’ivoire trop nacrée pour être discutées au coeur de cette oligarchie. Je rejoins le point de vue de mayacinéma et termine sur un mot de Thoms Stearns Elliott :

     » Nous sommes les hommes creux
    Les hommes empaillés
    Cherchant appui ensemble
    La caboche pleine de bourre. Hélas !
    Nos voix desséchées, quand
    Nous chuchotons ensemble
    Sont sourdes, sont inanes
    Comme le souffle du vent parmi le chaume sec
    Comme le trottis des rats sur les tessons brisés
    Dans notre cave sèche.

    Silhouette sans forme, ombre décolorée,
    Geste sans mouvement, force paralysée »

    (The Hollow Men (Les Hommes creux) – 1925).

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