Préface de Nicolas Demorien
Chaque génération à son auteur phare qui exprime le mal-être de l’époque. J. D. Salinger, Jay McInerney, Bret Easton Ellis et aujourd’hui Julia Cork. Née en 1998 et âgée aujourd’hui de douze ans, ce jeune auteur a su comme personne jusqu’ici décrire les changements psychologiques entre l’enfance et l’adolescence. Inspirée par Françoise Dolto, sa prose légère et incisive fait mouche et reste en tête comme un poème de Rimbaud dont elle a le talent.
Après trois ans à la maternelle Henry IV, Julia Cork a pris son envol en suivant les cours de la maîtresse Martine Joubert à l’école primaire du Bon Sauveur. C’est là qu’elle a découvert la passion de l’écriture transmisse par son arrière grand-père par alliance, le célèbre auteur des Gens de Dublin. Ce besoin de raconter des histoires, Julia Cork l’a exprimé magistralement dans un texte en prose de 2005 : « ce feu brûlant qui coule en moi ». Son premier roman, « Rêve de Blédi » est le cri déchirant d’une enfant à qui on interdit de manger des compotes parce que « ce n’est plus de son âge ». Un texte court et dense sans concession qui en dit plus long sur la génération des 6-12 ans que de nombreux romans contemporains. Une artiste est née, elle s’appelle Julia Cork.
Rêve de Blédi
par Julia Cork
Chapitre Un
Il ne manque pas grand-chose finalement. La naissance, la vie, la mort. Trois étapes. Une seule peau. Rilke me parle : « Il y a une quantité de gens, mais il y a encore beaucoup plus de visages, car chacun en a plusieurs ». Je ne suis pas unique, je suis plus.
*
Midi. Cantine. Frites. Miam.
*
C’est la rentrée des classes. J’ai encore cette conne de Joubert. J’en reviens pas. Il y a huit instituteurs, deux maîtresses, et faut que je me tape la Joubert. Baptiste qui est à l’école avec moi à Monsieur Martin. Monsieur Martin, c’est un mec bien. Un jour, je l’épouserai.
*
Je ne sais pas si c’est le silence de la campagne, mais j’aime de moins en moins Meaux. Je ne sais pas pourquoi il a fallu partir de Paris. Papa a dit un jour : « Les enfants, on doit s’en aller, j’ai eu une grosse promotion ». Le lendemain, nous partions.
*
Avec Manon, on a demandé à la maîtresse si on pouvait faire la sieste parce qu’on voulait pas dessiner. Elle nous l’a interdit. On était dégoûtées.
*
Maman ne veut pas que je prenne une compote. Je suis trop vieille pour elle. Je n’ai pourtant que six ans ! J’ai encore le droit à ma compote, non ?
*
Journal secret. On a joué cet après-midi après la cantine. On s’est échangé nos Silly Bandz et je me suis trompée : j’en ai pris un à Manon et je ne le lui ai pas rendu. Alors Faustine l’a dit à Manon et maintenant Manon veut plus être ma meilleure amie. Alors qu’on est les meilleures amies du monde, je le sais. Et un jour, je l’épouserai. J’ai répété et répété que je l’avais pas fait exprès, mais Faustine, elle a continué de raconter des cracks comme quoi je l’aurais fait exprès. ALORS QUE C’EST PAS VRAI. La bitch.
Carrément.Complètement.Absolument.Génial.
Trop rigolo ! J’ai hâte de lire la suite.
(quelle bitch cette Faustine !)
<3
Un roman qui rend ses lettres de noblesse à l’auto-fiction.
rien compris. ça fait référence à quelque chose ?
Je ne crois pas non.
Est-ce qu’elle a des Zhu Zhu Pets Julia ?
A 6 ans on n’écrit pas comme ça. Quelque chose m’échappe.
« Nouveau porte-parole d’une jeunesse perdue et révoltée, Julia Cork a su par sa prose cinglante et sa plume trempée dans le vitriol dessiner un tableau pathétique de notre société d’aujourd’hui point à la ligne »