Il n’y a pas longtemps, j’étais bloqué au Maroc à cause du nuage de fumée de merguez qu’un salopard faisait cuire sur son barbecue en Islande. Je ne vais pas épiloguer encore sur le sujet, mais il se trouve que pendant ces vacances forcées, j’ai eu le loisir de lire un exemplaire de Grazia, un très chouette magazine d’une très bonne société que j’adore et à qui je fais des bisous au cas où elle veuille m’engager.
Quoi qu’il en soit, je tombe sur un article à propos de Muriel Cousin, la femme de Stéphane Guillon (et pas une meuf de La Classe, comme j’en étais persuadé) (ou alors, ce sont les mêmes et y a escroquerie quelque part), et j’apprends une foultitude de choses toutes plus palpitantes les unes que les autres.
D’abord, elle a « l’impression de vivre avec un Rolling Stones », c’est vrai qu’entre un Mick Jagger ou un Keith Richards, la ressemblance est stupéfiante. Pas le genre à se vanter, elle explique que « le petit pot à tabac pour décrire Martine Aubry, c’est [elle] ». Muriel n’a pas sa langue dans la poche et elle dénonce : « C’est fou d’entendre ce ministre de l’immigration accuser aujourd’hui Guillon de racisme » (oui, ça date de la première semaine d’avril).
Le journaliste revenant sur la polémique « Éric Besson et la comparaison avec une fouine de la part de Stéphane Guillon », voici que Muriel, toujours prête à rester dans l’ombre le corrige : « Avec Stéphane, nous avons simplement joué avec le cliché générique du traître ». Oui, c’est qu’il faudrait pas croire que Guillon a trouvé l’idée tout seul. C’est sa femme qui a tout coordonné en loucedé, pendant que Stéphane recevait les projectiles. C’est elle, la subversive, son mari n’est qu’un pantin entre ses mains habiles.
Toujours à propos du « petit pot à tabac » (dont on va finir par croire que c’est là son unique titre de gloire) elle ajoute que, quand « Guillon qualifie Martine Aubry de ‘petit pot à tabac’, il le met dans la bouche de Bertrand Delanoë ». Exactement la même chose que Didier Porte et son « j’encule Sarkozy » un mois et demi plus tard. À croire que faire parler fictivement les hommes politiques dans des chroniques, ça ne reste pas, alors que les insultes, oui.
Vient le passage-vérité de l’interview : Guillon est un saltimbanque « qui doute » et Muriel « le rassure ». D’ailleurs, le sujet, en général, c’est à deux que ça se trouve : « Stéphane dévore la presse, moi les livres ». Puis ajoute « j’ai une admiration sans bornes pour sa clairvoyance et son courage (…) et quand la séance commence, on entre dans une sorte de bulle où les règles changent : on ne se parle plus de la même manière ».
À ce moment de l’article, on imagine Muriel en transe interprétant la danse des sept voiles tandis que son mari, assis sur la table de campagne de la cuisine en bois véritable, rédige sa chronique.
Le journaliste interroge alors : « Avez-vous envie de sortir de son ombre ? ». Et là, la Muriel, elle n’en peut plus. Je ne suis pas dans l’ombre, c’est moi qui fais TOUT, semble-t-elle vouloir hurler. « Je fais du Stéphane Guillon comme d’autres font de la peinture ». En substance : Stéphane est la Mona Lisa de Cousin de Vinci. « J’ai très vite eu envie de l’emmener là où il n’osait pas aller. Par exemple, dans son dernier spectacle, je lui ai demandé d’écrire un sketch sur son enfance. C’est un de mes préférés ». Et par extension, c’est le meilleur et c’est Muriel qui lui a fait écrire.
Ah, Muriel, heureusement que tu es là. Sans toi, l’humour en France serait si différent et si triste. Encore plus que si Val avait décidé de laisser sa chronique à 7h55.
Un peu plus loin, elle continue de nous émouvoir : « Nous vivons la vie douce et banale d’une famille recomposée de sept enfants ». C’est vraiment très banal. « De son côté, Stéphane jardine, il s’occupe de ses vieilles voitures ». Tiens, il y a un autre humoriste qui s’occupe de ses vieilles voitures : Jay Leno, l’animateur du Tonight Show, le salopard qui a fait virer Conan O’Brien de NBC.
La conclusion : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ». Bah oui, ça, quand on a sa double page dans Grazia, c’est bien connu, on est pas des people.
Grazia, quand est-ce que tu m’interviewes ?