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Mois : juillet 2010

Muriel Cousin : l’éminence grise de Guillon

Il n’y a pas longtemps, j’étais bloqué au Maroc à cause du nuage de fumée de merguez qu’un salopard faisait cuire sur son barbecue en Islande. Je ne vais pas épiloguer encore sur le sujet, mais il se trouve que pendant ces vacances forcées, j’ai eu le loisir de lire un exemplaire de Grazia, un très chouette magazine d’une très bonne société que j’adore et à qui je fais des bisous au cas où elle veuille m’engager.

Quoi qu’il en soit, je tombe sur un article à propos de Muriel Cousin, la femme de Stéphane Guillon (et pas une meuf de La Classe, comme j’en étais persuadé) (ou alors, ce sont les mêmes et y a escroquerie quelque part), et j’apprends une foultitude de choses toutes plus palpitantes les unes que les autres.

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D’abord, elle a « l’impression de vivre avec un Rolling Stones », c’est vrai qu’entre un Mick Jagger ou un Keith Richards, la ressemblance est stupéfiante. Pas le genre à se vanter, elle explique que « le petit pot à tabac pour décrire Martine Aubry, c’est [elle] ». Muriel n’a pas sa langue dans la poche et elle dénonce : « C’est fou d’entendre ce ministre de l’immigration accuser aujourd’hui Guillon de racisme » (oui, ça date de la première semaine d’avril).

Le journaliste revenant sur la polémique « Éric Besson et la comparaison avec une fouine de la part de Stéphane Guillon », voici que Muriel, toujours prête à rester dans l’ombre le corrige : « Avec Stéphane, nous avons simplement joué avec le cliché générique du traître ». Oui, c’est qu’il faudrait pas croire que Guillon a trouvé l’idée tout seul. C’est sa femme qui a tout coordonné en loucedé, pendant que Stéphane recevait les projectiles. C’est elle, la subversive, son mari n’est qu’un pantin entre ses mains habiles.

Toujours à propos du « petit pot à tabac » (dont on va finir par croire que c’est là son unique titre de gloire) elle ajoute que, quand « Guillon qualifie Martine Aubry de ‘petit pot à tabac’, il le met dans la bouche de Bertrand Delanoë ». Exactement la même chose que Didier Porte et son « j’encule Sarkozy » un mois et demi plus tard. À croire que faire parler fictivement les hommes politiques dans des chroniques, ça ne reste pas, alors que les insultes, oui.

Vient le passage-vérité de l’interview : Guillon est un saltimbanque « qui doute » et Muriel « le rassure ». D’ailleurs, le sujet, en général, c’est à deux que ça se trouve : « Stéphane dévore la presse, moi les livres ». Puis ajoute « j’ai une admiration sans bornes pour sa clairvoyance et son courage (…) et quand la séance commence, on entre dans une sorte de bulle où les règles changent : on ne se parle plus de la même manière ».

À ce moment de l’article, on imagine Muriel en transe interprétant la danse des sept voiles tandis que son mari, assis sur la table de campagne de la cuisine en bois véritable, rédige sa chronique.

Le journaliste interroge alors : « Avez-vous envie de sortir de son ombre ? ». Et là, la Muriel, elle n’en peut plus. Je ne suis pas dans l’ombre, c’est moi qui fais TOUT, semble-t-elle vouloir hurler. « Je fais du Stéphane Guillon comme d’autres font de la peinture ». En substance : Stéphane est la Mona Lisa de Cousin de Vinci. « J’ai très vite eu envie de l’emmener là où il n’osait pas aller. Par exemple, dans son dernier spectacle, je lui ai demandé d’écrire un sketch sur son enfance. C’est un de mes préférés ». Et par extension, c’est le meilleur et c’est Muriel qui lui a fait écrire.

Ah, Muriel, heureusement que tu es là. Sans toi, l’humour en France serait si différent et si triste. Encore plus que si Val avait décidé de laisser sa chronique à 7h55.

Un peu plus loin, elle continue de nous émouvoir : « Nous vivons la vie douce et banale d’une famille recomposée de sept enfants ». C’est vraiment très banal. « De son côté, Stéphane jardine, il s’occupe de ses vieilles voitures ». Tiens, il y a un autre humoriste qui s’occupe de ses vieilles voitures : Jay Leno, l’animateur du Tonight Show, le salopard qui a fait virer Conan O’Brien de NBC.

La conclusion : « Nous ne sommes pas des people ! (…) On pense bien se marier un jour, mais avec nos proches et sans photographes ! ». Bah oui, ça, quand on a sa double page dans Grazia, c’est bien connu, on est pas des people.

Grazia, quand est-ce que tu m’interviewes ?

Mes parfaits voisins

Ah, ce merveilleux monde de la presse et du journalisme. Vous aviez remarqué qu’il ne manque qu’un « a » entre « presse » et « paresse » ? De là à dire que tous les journalistes sont des fainéants, il n’y a qu’un pas que je vais m’empresser de ne pas franchir. Ainsi (oui, je sais, il n’y a aucune justification à l’emploi d' »ainsi », mais je ne trouve aucune transition satisfaisante et puis tu m’emmerdes, c’est mon blog, à la fin). Ainsi, donc, je suis abonné à Libération depuis presque un an, je crois. Et depuis trois semaines, mon journal disparaît régulièrement de ma boîte aux lettres. Au début, j’accusais sans trop savoir ces salauds de grévistes qui veulent le beurre, l’argent du beurre, le cul de la fermière et son fouet avec. C’était déjà arrivé six mois auparavant, mais ma boîte aux lettres ne fermait pas et j’avais pensé que certains habitants de mon appartement me le fauchaient. Mais depuis un joli cadenas fermait son ouverture et donc rien n’y personne ne pouvait choper mon courrier.

Sauf que. Sauf que le gentil livreur de Libération qui passe vers les six heures trente va très vite et le journal a une tendance à dépasser. Un petit malin pouvait très bien récupérer le journal s’il passait avant moi avec deux doigts assez fins.

Au bout du troisième « oubli de livraison » ou « vol aux deux doigts », je me suis dit : « Nom de nom, ça suffit bien maintenant ». Et j’ai préparé mon plan. Première étape : envoyer un mail au service abonnements du journal et demander poliment à ce que le livreur pousse un tout petit peu le Libé dans la boîte. Seconde étape : recherche d’empreinte. J’ai fait venir NCIS et CSI, mais ils n’ont pas été foutus de retrouver d’autres empreintes que les miennes. « Toutefois », note le rapport, « on décèle des traces d’ADN animal en cours d’identification ». Mais moi, j’ai autre chose à foutre que d’attendre qu’un laboratoire fasse des tests. J’ai donc décidé d’agir et de vérifier a. mes allégations et b. y a pas de b.

J’ai installé une mini caméra en face de ma boîte aux lettres et j’ai découvert ce qui se passait : tous les matins, vers 7h30, un voisin d’un bâtiment concurrent, le A, (il y a trois bâtiments dans l’immeuble où j’habite et une guerre latente entre chaque) arrive dans la cage d’escalier avec sur les épaules un chimpanzé dressé. L’homme se penche à droite et à gauche des casiers pour vérifier que personne ne le surveille et alors son chimpanzé prend le relais.

« Ouistiti », on l’entend dire, « prend le Libération dans la boîte aux lettres du beatnik et tu auras une banane ». Et Ouistiti se dirige vers mon casier, en extirpe le Libération et le donne à son propriétaire qui s’en saisit et se casse avec.

L’enfoiré, je me suis dit. Et j’ai élaboré ma revanche. J’ai attendu six heures trente, j’ai vu le livreur, j’ai pris le journal et j’ai glissé à l’intérieur une tapette à souris. Ensuite, j’ai remis très délicatement le Libé dans la boîte aux lettres, le laissant ostensiblement dépassé. Je me suis caché dans le local à poubelle pour prendre mon voleur sur le fait. Quand 7h30 est arrivée, j’étais excité comme une puce. Je scrutais par la porte-fenêtre et d’un coup, j’ai vu le chimpanzé arriver. L’homme était derrière, un chapeau et un long imperméable. L’homme a demandé à Ouistiti de lui prendre le journal, le singe s’est approché de la boîte aux lettres, il a reniflé le journal, il avait l’air méfiant, il a touché le journal, une alarme a retenti, j’ai sauté hors de ma cachette en pointant un doigt accusateur vers le voisin-voleur quand mes pieds ont d’un seul coup décollé du sol, je me suis envolé à trois mètres de hauteur, attrapé dans un filet. J’ai alors vu tous les habitants du bâtiment A sortir. Ils ont fait basculer le filet et m’ont attaché les mains avec une grosse corde d’alpiniste.

Puis l’un d’eux, le leader ?, a saisi un mégaphone : « Hey ! Vous autres du bâtiment C, on a chopé l’un de vos résidents ! Si vous voulez le revoir, il faudra cracher ! »

– C’est qui que vous avez chopé ?, a répondu une voix de l’autre côté de la cour.
– Le mec du rez-de-chaussée.
– Celui de droite ou de gauche ?
– De gauche.

La voix s’est tue et on a entendu les bouteilles de champagne se déboucher. Le leader s’est penché vers moi : « eh bien dis donc, toi, tu sais te faire apprécier ». Et j’ai senti mon sang couler.