J’aime être mis au défi, je suis ce qu’on appelle un battant, un winner, un mec qui en a jusque là et même au-dessus. Alors, quand on me demande de raconter en six cents signes l’histoire de la brosse à chiottes, je m’exécute.
L’histoire de la brosse à chiottes débute en réalité avec la première chasse d’eau et le siège qui va avec. Avant cela, on avait pas vraiment besoin d’une brosse dédiée aux WC : d’abord, on était sale et, ensuite, comme les trous donnaient directement sur la chaussée ou dans des les égoûts, il n’y avait rien ou pas grand-chose à nettoyer.
Prenons, par exemple, le château de Chillon (promis : c’est pas l’envie qui m’en manque mais je ne ferai pas de jeu de mot). On y a installé deux genres de lieux d’aisance : des toilettes externes constituées d’une petite cabine en bois fixée sur le mur du château (et les excréments tombaient directement dans le lac) et des toilettes internes dans la pierre et dont le conduit est l’enceinte du château (et ça tombait aussi dans le lac, du coup, on les nettoyait rarement ; en plus, ça évitait de donner envie aux éventuels envahisseurs de passer par là).
Il est évident qu’à l’époque, la brosse à chiottes n’avait absolument aucun sens. Parfois, on invitait le ramoneur de cheminée à passer dans le conduit d’évacuation, mais il fallait alors le payer douze florins de plus et le seigneur n’était que rarement consentant.
Heureusement, on avait une autre astuce, et c’est la plus répandue jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle avant l’apparition de la chasse d’eau moderne et de la cuvette, c’était le pot de chambre. La brosse à chiottes n’existait toujours pas car on utilisait une brosse traditionnelle et un peu d’eau. Ensuite, on bazardait le tout par la fenêtre.
La brosse à chiottes telle qu’on la connaît ne fait donc son apparition qu’au début du vingtième siècle. Elle est un mélange entre le plumeau à toiles d’araignée et la brosse à récurer. Elle est constituée d’un manche relativement long qui permet de récurer assez loin dans le syphon et s’achève avec des brins synthétiques qui forment un arrondi pour permettre d’atteindre tous les recoins de la cuvette.
Avant qu’on ne découvre les fibres synthétiques, on utilisait des poils de porcs ou la crinière des chevaux. Parfois, nous indique Wikipedia, on se servait des poils du buffle, de l’écureuil (j’avoue être plus sceptique), du lion (là, je pense que c’est n’importe quoi) ou du blaireau.
Mais bon, ça marche très bien avec du synthétique.
Dans sa grande sagesse, Wikipedia précise qu’il est déconseillé de nettoyer le siège avec la brosse à chiottes.
Au Japon, peut-on lire ici, la brosse à chiottes est synonyme de chance, réussite et succès. Comme le remarque le compagnon de l’auteur de cette analyse : « faudrait penser à le dire aux dames pipi, je suis sûr qu’elles doivent dormir sur un sacré tas de pognons sans le savoir ».
Pour finir, et c’est probablement le plus intéressant, la position européenne qui consiste à s’installer confortablement sur le socle du WC est de loin la plus mauvaise pour faciliter l’évacuation des sels selles (merci Cork – je crois qu’on peut aussi écrire « fèces », faut que je vérifie, information confirmée par Ze F.). En effet, il faut se tenir accroupi pour que les intestins soient complètement décontractés. Une société américaine (Natures Platform) propose un ustensile un peu encombrant qui permet de se tenir ainsi au-dessus de la cuvette dans la position du Lotus qui chie.
Voilà, mon cher Gre, je pense qu’avec ces trois mille signes, j’ai fait le tour de la question de l’incroyable histoire de la brosse à chiottes.
Au plaisir de te rendre service.
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Puis de culture, encore une fois !!!
(par contre je crois qu’on écrit « selles »…)
Je postule pour un sur-trône, ça va trop épater mes convives.
Ton article est fort intéressant et pertinent, mais ni lui, ni la page Wikipédia associée n’expliquent pourquoi il est IMPOSSIBLE d’en trouver aux États-Unis, où ces utiles ustensiles sont supplantés par des ventouses de plombier. C’est un des mystères de ma vie.
cork > « puit » non ? 🙂
dpc > Vrai ? Il me semblait en avoir déjà vu, mais je vais pas souvent chez l’habitant. En tout cas, dans les hôtels, y’en a (enfin, dans mes souvenirs). Je vais demander à mes amis qui habitent là-bas où est-ce qu’ils les achètent… C’est une véritable question à creuser…
une fraction de seconde je suis reparti en vacances (château Chillon) puis j’ai glissé sur une merde…
oups
Après le papier toilette soufflé à l’air chaud, tu tiens là une magnifique saga de l’été.
Début Septembre, il faut que tu nous fasses un spécial chasse d’eau !!!
xo xo
C’était vraiment très intéressant.
N’oublie pas de préciser que certains s’intéressent à un problème du quotidien encore tabou : le nettoyage de la brosse à chiottes (http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20080504232654AAjjDt6)
Et sinon, on peut aussi dire fèces. Dolto adorait. Et comme dit le proverbe « De Dolto à la brosse à chiottes, il n’y a qu’un poil ».
Ze F. > Hum. Je pensais pas qu’il y avait autant à creuser. Sinon, « fèces », tu noteras que je me posais justement la question dans le texte si c’était le mot correct. Et je me suis planté en suivant Gre, j’ai écrit « chiotte » au lieu de « chiottes ». Vite, je corrige.
Steppen > Tu as raison, une compilation s’impose.
6L20 > C’est tout le « selle » de mon papier. Ouah, je suis trop drôle.
Oh oui, chic, une compilation!!!! 😀
Je ne me suis pas amusé à compter les signes, mais en tout cas, il y en a un qui frappe fort, de signe, c’est que t’as vraiment du temps à perdre.
Ensuite, je ne vais pas m’amuser à vérifier chaque point d’histoire, je laisse internet juge de tes erreurs, et la blogosphère endosser sa robe de procureur, mais il me semble que ce post est un énorme ramassis de conneries.
Ah, dernier point et pas le moins important, j’ai bien rit et rien que pour ca, je sais déjà ce que je vais t’offrir pour ta crémaillère (si si).
gre > Je vais prier pour que ce soit la brosse et pas la plateforme.
Artypop > il en existe une magnifique (brosse) dessinée pour Alessi™. Merci pour ce superbe papier (un peu cul, quand même), j’attends de concert avec Steppen le prochain épisode. Petit détail qui me chiffonne néanmoins : tu parles de bout arrondi (je confirme) pour nettoyer dans les coins. Un peu paradoxal, non?
Et pour conclure ce commentaire à chier : la position accroupie est peut-être la meilleure, mais n’est pas du tout pratique. Testé, non approuvé.
Alors, la brosse Alessi (qui répond au doux nom de Merdolino), pour l’avoir testé de nombreuses années, est certes très jolie, mais peu efficace. Point de poils mais des picots en plastique dont l’efficacité reste inférieure à la brosse classique qui, quoiqu’on en dise, reste la référence. Comment peut-on vivre sans ?
(3000 signes pour la semaine prochaine : « J’ai vécu sans brosse à chiottes pendant 7 jours »)
[…] l’instar du camarade Artypop (l’auteur de la très célèbre Histoire de la brosse à chiottes en 3000 signes), me voilà propulsé antépénultième du Top 50 des blogs tech et média de 20minutes. Bon je dis […]
Je vous adresse mes félicitation pour cet initiative louable réhabilitant un outil domestique qui témoigne d’un saut « civilisationnel » important. La finalité de cet objet empêche souvent une réflexion sérieuse – disons scientifique – sur le sujet. Je me permets de vous indiquer que je dirige un groupe de réflexion sur les objets quotidiens qui ont changé notre perception du monde domestique. Un séminaire a déjà été organisé sur ce sujet et nous aurions aimé vous compter parmi nos intervenants – je découvre à peine votre travail. Ce séminaire s’est d’ailleurs conclu par la lecture du mémoire d’un étudiant en socio de Nanterre consacré à la salle de bain dans l’histoire. A la fin de la soirée un accord global de notre groupe est intervenue quant à la nécessité de renommer l’objet ; nous avons retenu la dénomination « balais d’aisance » qui traduit à la fois, nous semble t-il, les fonctions concrètes et symboliques de l’outil. Notre prochain sujet de réflexion porte sur la cuillère à oursin (juin), dont l’apparition traduit elle aussi une modification en termes de moeurs, et donc en termes – bien qu’indirectement – politiques. Nous envisageons de faire venir de Milan le Professeur Pellazzi-Rava, auteur d’une thèse remarquée sur la symbolique industrielle (publiée en 1997 CNRS éditions). Le séminaire de juillet – si ça vous intéresse – sera consacré à la pelle à neige.
Cordialement,
John
Errata,
…félicitations… cette… intervenu…
ps : vous voudrez bien corriger, merci.