Bon, après ces conneries sur mes amis bobos qui m’ont un peu éloigné de mes considérations personnelles sur les opéras de Wagner, où en étais-je donc dans ma grande saga de « je vous raconte L’Anneau du Nibelung » ? Ah oui. J’en étais à la Walkyrie Pocket où nous avions laissé Sieglinde et Siegmund convoler, dépourvus de tout sens moral puisqu’ils venaient de découvrir qu’ils étaient frère et sœur, jumeaux de Wotan, sous le toit de l’époux de Sieglinde, Hunding, un sombre mariage forcé. Si vous en avez le courage, c’est par ici (et là pour l’Or du Rhin).
L’acte deux de l’opéra nous change radicalement de décor. Direction une « contrée montagneuse et sauvage ». On retrouve Wotan qui s’est changé (vous savez, il était venu voir Sieglinde en vieillard pour planter une épée dans un tronc d’arbre mort ? Suivez, merde, sinon ça ne va pas être possible). Frais, rasé et propre, il goûte un repos bien mérité. Enfin pas tout à fait. Entre le cognac et le cigare, il convoque Brünnhilde, sa Walkyrie préférée. *** STOP *** PARDON *** WTF *** Qui sont ces Walkyries et pourquoi Brünnhilde est sa préférée ? À ce moment du livret, on n’en sait rien. Sa C tt le pb 2 notr &pok, sa veu tt savoar tt 2 suit. Donc Brünnhilde est sa favorite et les Walkyries sont des guerrières vierges dans la mythologie nordique, et il lui demande de sauver Siegmund et Sieglinde des griffes de Hunding. Brünnhilde, ravie, crie des « Hojotho ! Hotjotoho ! Heiaha ! Heiaha ! Hojotoho ! Heiaha ! » en version originale. Non, elle ne vient pas de traverser Fukushima, elle est juste ravie. Quand, au loin, elle voit la femme de Wotan avec un rouleau à pâtissier avec lequel elle frappe la croupe de trois chevaux flamboyants qui tirent son char doré. « Pt’ain, fais chier, v’là la rombière », se dit Wotan dans son plus for intérieur.
– Qu’est-ce qui se passe encore ?
– Ferme ta bouche, Wotan. Tu sais très bien.
– Non, je ne sais pas, dépêche, j’ai pas la journée.
– Hunding m’a texté. Ta fille — SA FEMME — et ton fils couchent ensemble.
– Hunding ne m’a jamais demandé la main de Sieglinde, ça m’aurait fait mal de la lui donner.
– Peut-être, mais ils sont mariés maintenant, et j’apprécie pas trop l’adultère, rapport au fait que je suis la gardienne des liens sacrés du mariage, tsé.
Là, Wotan, qui a trempé sa bite dans tous les trous que compte la capitale, rit sous cape.
– ÇA VA, WOTAN. JE SAIS. N’EMPÊCHE.
– Bon, ok, ok, tu veux quoi ?
– Tu n’aides plus Siegmund. L’épée magique qu’il a récupérée, tu lui vires tous ses pouvoirs. Et tu files un peu droit, gros queutard de mes deux. Tu crois que j’ai pas vu, hein ? Tu crois que j’ai pas vu que l’immense fortune des Dieux a servi à payer la pension alimentaire pour les huit bâtardes, tes Walkyries, que tu as eues avec cette pute d’Erda et…
Attends, attends Fricka, là, je perds tout le monde. Déjà que c’est pas facile d’intéresser les gens à Wagner…
Je résume. En violet, ce sont les enfants, en vert, c’est « a couché avec » et quand c’est double vert, c’est « est marié(e) avec » :
Oui, on ne sait pas trop avec qui Erda a eu les sept autres Walkyries. Wotan ou un autre, on en sait rien, mais le gars paie pour tout le monde. Je n’ai pas non plus précisé les doutes incestueux qui traversent Wotan quand il s’approche de sa Brünnhilde. Mais bon, Fricka en parle au Dieu des Dieux comme « la fiancée de tes désirs ».
Ce à quoi Wotan répond : « Euh… C’est çui qui dit qui y est » et ajoute « mon esprit aspire à ce qui jamais encore ne s’est fait », façon de dire qu’il anticipait le livre des mormons avant l’heure.
Désemparé, Wotan est face à un ultimatum. Le cadeau ou les échanges ? (cette référence n’a de sens que pour les natifs d’avant 1980) Fricka lui explique qu’elle a été assez bafouée comme ça et que maintenant, ça va filer droit à la maison. Que Wotan lâche le bâtard, et qu’il n’envoie pas Brünnhilde pour le protéger à sa place. Wotan (qui passe) accepte, le cœur déchiré en deux, obligé de reconnaître que sa femme a raison : s’il veut rester un Dieu, il doit se comporter comme un Dieu. Vacherie, tiens.
Là-dessus, Brünnhilde revient toujours à sa chanson héroïque.
Au fait, vous vous demandez à quoi servent les Walkyries ? PATIENCE, jeunes chiots !
Je vous zappe la scène suivante qui n’est qu’une longue redite de l’Or du Rhin. Sauf qu’en réalité, c’est ici qu’on apprend que Brünnhilde est la fille d’Erda, qu’on a vu dans l’Or du Rhin aussi, mais j’ai préféré vous épargné cette énième épisode). On nous met également au parfum que les huit Walkyries ont UN unique but dans la vie (oui, c’est ici, ta patience n’a pas été mise à trop rude épreuve ?) : ramener des guerriers morts qui se sont illustrés au combat pour les accueillir au Walhalla — non pas pour y couler des jours heureux comme dirait Fonzie — mais pour garder la demeure des Dieux (bon, a priori, les conditions de travail n’étaient pas harassantes et il y avait pas mal de contrepartie, mais quand même).
Wotan sent la fin du règne des Dieux arrivée et s’en ouvre à Brünnhilde et au public. La raison ?
Hum. Alors c’est à peu près à cause de ça :
Alberich, le nain qui a fabriqué l’anneau avec l’or du Rhin, puis qui se l’est fait voler par Wotan qui lui-même l’a offert aux géants Fafner et Fasolt en échange de la construction du Walhalla, n’a toujours pas digéré ce larcin. Et il compte bien se venger de Wotan. Entre-temps, Fafner a tué Fasolt pour récupérer l’anneau. Alberich pense récupérer l’anneau à Fafner. Wotan, lui, ne peut pas reprendre l’anneau (on peut voler, mais pas reprendre un cadeau, c’est comme ça en Germanie). Il faut que celui qui reprend l’anneau ne soit en aucun cas lié à Wotan. C’est pour éviter qu’on raconte partout que s’il a récupéré l’anneau, c’est parce que c’est « un fils de ». Pas comme d’autres.
Je vous passe encore les considérations métaphysiques (« Comment faire cet autre qui ne serait plus moi, mais qui ferait de lui-même ce que moi seul désire ? » – la question que je me pose tous les matins avant d’aller au boulot) et je continue sans vous laisser de répit.
Brünnhilde propose Siegmund, Wotan lui file deux claques. T’AS RIEN ÉCOUTÉ GROGNASSE ?
Et là, TADAM, révélation : on apprend qu’Alberich — qui avait dû renoncer à l’amour pour récupérer l’or du Rhin — a séduit une femme (par de l’argent, hein, y a pas de miracle non plus quand tu es un gros nain ferronnier et moche). Et que celle-ci attend un mélange entre la mouche et Alien.
Ici arrive la grosse crise d’adolescence de Brünnhilde : son père, Wotan, lui demande de ne pas défendre Siegmund quand il combattra contre Hunding afin qu’il perde et qu’il meurt. Mais Brünnhilde, insolente comme elle est — ou plutôt devrais-je écrire « effrontée » ? —
refuse d’écouter son père et c’est quand Wotan pique une grosse colère qu’elle se plie finalement à sa volonté.
On retourne ensuite dans la forêt où Sieglinde et Siegmund convolent toujours. Sieglinde part ramasser des pâquerettes (ou je ne sais quoi) parce qu’elle ne se trouve pas assez pure pour coucher avec son frère (oui, moi aussi, ça m’interroge) quand Brünnhilde arrive soudain et explique à Siegmund tout le pataquès (mais beaucoup plus brièvement que moi).
– Bon, Siegmund, tu peux aller prendre ton sac et récupérer ton flambeau, avec 2 voix contre toi, tu dois quitter l’aventure.
– Pffffffff. POURQUOOOOOOOOOIIIIIIIIII ?
– Bah, c’est comme ça.
– Sieglinde ! Viens, ma chérie, on fait nos sacs.
– Ah non, non, Siegmund, tu m’as mal comprise : toi tu pars, mais Sieglinde reste, elle.
– POURQUOOOOOOOOOIIIIIIIIII ?
– Nan, mais y a plein de meufs trop bonnes là où je t’emmène, au Walhalla.
Seulement cette tête de con de Siegmund ne veut pas partir.
« Puisque c’est comme ça, je vais me tuer avec mon épée super balèze et ma femme avec », dit-il.
Alors, Brünnhilde, cette jeune sotte, fille de Wotan ne peut pas s’empêcher de jurer de changer le destin et d’assurer la victoire de Siegmund face à Hunding.
Quelques minutes après, Hunding surgit, Siegmund l’attaque et Wotan débarque pour briser l’épée de Siegmund, vu qu’il faut tout faire soi-même ici. Hunding fait de Sigmund de la pâtée pour chat. Brünnhilde fuit avec Sieglinde, Wotan se retourne et envoie un coup de poing tueur à Hunding. L’acte deux s’achève dans ce qu’il convient d’appeler un bain de sang.
La suite, la suite !
Encore mieux que de vive voix! Sinon nous aussi on a une poupée de la même couleur (c’est nous les amis?), sommes nous bobos mon bon docteur artichoke?
Et avec tout ça, j’espère que Charlotte a un bon ostéopathe.
Décidément, j’adore tes décryptages (légèrement cryptés) 🙂
I am getting confused.
Depuis le temps que je te suis sur Twitter, je découvre seulement aujourd’hui ton blog… Bhoouuuu, le 12 je sors !
La prochaine fois, choisis des prénoms moins compliqués à lire, ils m’ont chaque fois ralentis dans mon allure de lecture. J’ai une moyenne à respecter 😉
C’est quand qu’il y a Frodon qui arrive ? Quoi ?
La piscine du Library à Samui, j’y étais y a pas longtemps 🙂